TVA sur la maladie

Et si l’affaire des franchises leur revenait comme un boomerang ?

2 octobre 2007

Sept Français sur dix, selon le dernier sondage sur le sujet, s’affirment contre les franchises. Premier et cinglant échec pour l’hôte de l’Élysée et son équipe, qui n’ont pas ménagé leurs efforts de pédagogie pour faire passer la pilule. Tous les arguments ont été tentés. Combler le « trou » de la Sécu, bien sûr. Comme si tous les remèdes du même tonneau utilisés depuis une vingtaine d’années, à un rythme accéléré depuis 2002, forfaits en tous genres, déremboursements de médicaments et autres techniques d’économies pour alourdir le « reste à charge » des assurés, avaient empêché le déficit de se creuser.
« Responsabiliser » les patients, ramenés au rang de vulgaires, et a priori déraisonnables, consommateurs de soins. Une tirade moralisatrice perçue comme une provocation par les associations de malades chroniques qui ne se reconnaissent, eux, qu’une responsabilité, celle de se soigner, et implorent le gouvernement de cesser de transformer leur parcours de soins en parcours du combattant. Car le grand débat qui s’engage sur le système de soins et d’assurance maladie commence à faire ressortir la gravité, souvent insoupçonnée, des difficultés d’accès aux soins. Les franchises, sorte de TVA sur la maladie, en rajouteraient, tout en innovant, pour le pire. Dans leur principe même, c’est là le fond du dossier, elles engagent la protection maladie sur la voie de l’assurance privée.

La santé traitée comme une bagnole

Sarkozy ne s’en cache d’ailleurs pas, même si les pires réformes en ce sens sont reportées à l’après-Municipales : comme il l’a dit lors de son discours de « stratégie sociale » la semaine dernière, il souhaite transférer le maximum de ce qui relève aujourd’hui de la « solidarité nationale » sur la « responsabilité individuelle ». D’ores et déjà, le risque dépendance est, officiellement, promis aux assureurs. Et ceux-ci sont prêts à aller beaucoup plus loin : couvrir, dès le premier euro, l’ensemble de ce qu’ils appellent les « petits risques », soit la moitié environ des dépenses de santé.

À leurs prix, à leurs conditions...

Un spectre plane sur toutes ces manœuvres : celui du modèle américain d’assurance maladie dont le cinéaste américain Michael Moore vient, dans “Sicko”, de décrire les ravages. C’est dire l’enjeu du bras de fer qui s’engage.
En difficulté pour faire accepter son projet, la Ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, voudrait maintenant nous faire croire que le produit des franchises irait à la recherche contre la maladie d’Alzheimer et le cancer. Il n’y aurait, en somme, plus d’autre solution que de faire les poches des malades pour espérer faire reculer ces fléaux. Ultime tentative de culpabilisation, non moins éhontée. La France ne manque pas de ressources pour préserver et développer son système de santé. La Cour des Comptes en a donné dernièrement un exemple : la seule taxation, à même hauteur que les cotisations versées par les salariés, des stock-options, ce privilège financier réservé à une poignée d’individus, rapporterait 3 milliards d’euros. Quatre fois plus que le rendement attendu des franchises. La moitié du déficit de l’assurance maladie.

Yves Housson


PÉTITION

“Touche pas à notre sécurité sociale publique et solidaire”

Pour signer la pétition en ligne :
Allez sur http://aid97400.lautre.net/spip.php?article86
Il faut descendre à la fin de l’article et remplir dans les cases prévues : Nom, Prénom, adresse e-mail avec éventuellement quelques mots, puis cliquer sur "VALIDER". Ensuite, ouvrir sa boîte e-mail et cliquer sur le lien dans le message pour validation. Le nom du signataire apparaît alors en tête de la liste finale de l’article sur le site aid.
Vous trouverez également sur le même article à télécharger : le texte complet de la pétition et un tract.


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