Manifestation contre la réforme des retraites à Saint-Denis

« Étudiants, lycéens, salariés même combat »

29 octobre 2010, par Edith Poulbassia

Cette énième manifestation contre la réforme des retraites était incontestablement celle de la jeunesse hier à Saint-Denis. Sous les apparences festives, l’inquiétude quant à son avenir.

Malgré l’adoption définitive de la réforme des retraites par le Parlement mercredi 27 octobre, les manifestants ont une nouvelle fois battu le pavé hier matin à Saint-Denis. Entre 4.000 et 5.000 personnes selon l’intersyndicale ont répondu à l’appel, avec pour la première fois une forte présence des jeunes. Contrairement à la métropole, les cours ont en effet repris cette semaine pour les lycéens.
Pour Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, nul doute que cette mobilisation marque « l’irruption des jeunes dans la bataille sociale ». Le leader syndical estime que 3 à 4 manifestants sur 5 étaient hier un lycéen ou un étudiant, prenant ainsi le relai des salariés grévistes financièrement affaiblis depuis le 24 juin, date du début de la mobilisation contre la réforme.
Est-ce pour autant un « avertissement » au gouvernement ? L’intersyndicale veut bien y croire. « Peut-être que la journée d’aujourd’hui est l’expression forte d’une situation sociale qui s’aggrave », analyse Ivan Hoareau, en appelant aussi les jeunes au chômage à se rallier au mouvement.
Le spectre de mars 2009 (COSPAR) n’est jamais très loin dans la tête des syndicats, comme aux Antilles où le mouvement social semble renaître. « La Réunion va mal, le mouvement social est loin d’être fini », prédit Ivan Hoareau. Même la Ligue des droits de l’Homme, par la voix de Jacques Pénitot, a pris la parole devant la Préfecture pour soutenir les « lycéens, étudiants, travailleurs et victimes de cette politique injuste ».
Du côté des jeunes, qui pour certains participaient à leur première manifestation, l’ambiance était au rendez-vous. Suffisamment pour redonner de l’entrain à une mobilisation qui s’essoufflait.

La population ne doit pas avoir peur

L’UNL et l’UNEF Réunion ont fait preuve de responsabilité en organisant leur propre service de sécurité, rappelant les étudiants et surtout les lycéens à l’ordre au moindre risque de débordement. Au final, c’est un défilé bien tenu qui a rejoint les jardins de la Préfecture, avant que les jeunes regagnent leurs bus vers 13 heures à l’entrée de la route du littoral.
Parmi les manifestants aguerris, la présence des jeunes n’a pas laissé indifférent. Satisfaction pour certains, comme pour ce couple de retraités qui auraient même voulu voir plus de jeunes à leur côté. Crainte pour d’autres, comme ce manifestant qui redoutait d’assister à des affrontements entre lycéens.
Pour Camille Maillot, présidente de l’UNEF Réunion, la population ne doit pas avoir peur de la jeunesse. « La population doit comprendre que cette réforme nous concerne parce que nous sommes les travailleurs de demain, elle concerne aussi nos parents, donc notre mouvement est responsable », affirme-t-elle. Malgré quelques « échauffourées » en début de semaine, l’UNEF Réunion estime avoir réussi à canaliser la jeunesse.
Pour Matthieu, qui s’est exprimé au nom de l’UNL, les lycéens veulent « se battre contre un gouvernement qui mène une politique de casse sociale et défendre leur futur sur le marché de l’emploi ». « Étudiants, lycéens, salariés même combat », ose affirmer Camille Maillot. L’UNEF Réunion et l’UNL promettent ainsi de continuer à mobiliser les jeunes, grâce aux tracts et aux assemblées générales.
Pour les opposants à la réforme des retraites, le bras de fer avec le gouvernement n’est pas terminé, tant que le président de la République n’aura pas promulgué la loi à la mi-novembre.

Edith Poulbassia

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus