
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Pouvoir d’achat
23 septembre 2008, par
Impensable il y a quelques années. Faire crédit pour payer ses courses chaque mois ne choque plus grand monde aujourd’hui, malgré des taux d’intérêt très élevés. Encore un signe de précarité de la société. La grande distribution et les maisons de crédit n’en perdent pourtant pas une miette. Situation normale, inévitable, insensée ? Témoignages de consommateurs qui se débattent avec leurs maigres revenus.
La baisse du pouvoir d’achat ne fait pas que des malheureux. La grande distribution n’a en effet pas intérêt à baisser les prix. Que les Réunionnais n’arrivent pas à payer cash, ce n’est pas un problème pour elle. Bien au contraire. Les grandes surfaces se sont en quelque sorte adaptées à la situation, on pourrait même dire qu’elles arrivent à en tirer plus de profit. Grâce à ses cartes de fidélité et de paiement, la grande distribution, avec la complicité des établissements de crédit, réussit non seulement à vendre ses produits en moyenne déjà 50% plus chers qu’en métropole, mais elle engrange encore plus de bénéfice. Les taux d’intérêt dépassent les 15%, atteignent 20%.
« J’ai pas le choix pour nourrir ma famille »
Les Réunionnais en arrivent à faire crédit pour se nourrir, acte révélateur de la précarité et peut-être aussi d’une banalisation du recours au crédit. Certes, faire crédit pour de l’alimentaire, ce n’est pas nouveau. Les "boutiques chinois" le faisaient déjà, mais il n’était alors pas question de profiter de la précarité financière en imposant des taux d’intérêt excessifs.
Pour Georges, 58 ans, la carte de crédit est une obligation. Il est, depuis quelques années, dans l’impossibilité de travailler. Avec une maigre pension d’invalidité, il doit continuer à faire vivre sa famille, il lui reste 3 grands enfants à la maison. Loyer, électricité, eau, téléphone, crédit de voiture, assurance, etc... Une fois toutes les charges payées, difficile de tenir jusqu’à la fin du mois. Il a donc fini par céder aux offres de crédit. « Ma première demande de carte de paiement a été refusée, mais un autre établissement de crédit a accepté », confie-t-il. « Quand les temps sont durs, j’utilise le crédit pour faire les courses car il faut manger. Mais j’évite d’y avoir recours, les remboursements sont trop pénibles. Faire crédit pour de l’alimentaire ? Jamais je n’aurais pensé en arriver là. Mais je n’ai pas d’autres moyens ». Comme Georges, de nombreux consommateurs sont tentés par cette solution tant la vie est chère.
« Il suffit d’une fois, et on vous harcèle »
D’autres comme Elise n’ont pas cédé, mais comprennent les familles qui ont recours au crédit pour se nourrir. A 27 ans, Elise, sans enfant, se pose d’ailleurs beaucoup de questions quant à son avenir. « Je travaille depuis deux ans », raconte la jeune femme. « Je touche à peine plus que le SMIC, à Bac +5. Mon salaire n’a jamais augmenté. Je vis avec mon ami, qui lui aussi à un emploi, mais à nous deux, nos revenus ne sont pas très élevés. Nous n’avons jamais fait de crédit pour payer les courses. Mais le jour où nous aurons des enfants, je me demande bien comment nous allons faire ». Elise se contente de vivre au jour le jour, profitant ainsi de son indépendance, sans perdre de vue de faire des économies. « J’ai des amis qui travaillent, mais qui vivent encore chez leurs parents. Avec un crédit voiture élevé à payer, ils n’ont pas les moyens de prendre un appartement », explique-t-elle.
Mais Elise a déjà cédé au crédit à la consommation. « J’en ai fait une fois dans une grande surface, pour un ordinateur. J’en avais vraiment besoin. Tout le monde le fait, alors je me suis dit pourquoi pas moi ? J’étais surprise de recevoir quelques jours plus tard un courrier pour m’informer que je disposais d’une réserve d’argent, alors que je n’avais rien demandé. Et en plus, j’ai reçu la carte de paiement chez moi. Depuis, je reçois régulièrement des lettres de relance : vers le Jour de l’An, avant les vacances, à la rentrée... J’appelle ça du harcèlement. C’est pousser les gens à consommer tout et n’importe quoi. Je me mets à la place d’une personne vulnérable. Il est facile de tomber dans le panneau. Ces établissements vous font croire qu’ils vous offrent la liberté », conclut-elle.
Le crédit, jamais de la vie
Plus rare à trouver, certainement en voie de disparition : les consommateurs du genre d’Etienne. « Krédi ? Parle pa moin sa. Mi koné pa sa », réplique le gramoune de 80 ans. Jamais il n’a eu recours au crédit à la consommation, tel qu’on le connaît aujourd’hui. « Kan nou té ti, momom té i fé krédi la boutik sinoi. Moin si, kan moin lavé mon ménaz, kan marmay té ti. Ester mi fé pi. Mèm la kaz ma travay bonpé pou ashèt ali ». Encore solide comme un roc, Etienne, agriculteur à la retraite, se lève chaque matin pour s’occuper de ses plantations : citrouilles, oignons, tomates, ails, grains, brèdes, choux, maïs, piments, carottes, manioc, selon l’année, il plante de tout. « Sé pou moin mèm mi plant tou sa. Marmay i porte in pé pou zot osi kan zot i vien ». Au fond de la cour d’Etienne, quelques poules et canards. Il n’achète finalement que ce qu’il ne peut produire lui-même : l’huile, le riz, le lait, le café (encore qu’il lui arrive de faire griller les grains de son propre jardin), le sucre... Mais faire crédit pour ça... « Zamé de la vi ! », lance le gramoune. En voilà un qui aura au moins échappé à la spirale infernale de la société de consommation.
Edith Poulbassia
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