Les associations, acteurs essentiels du secteur social et médico-social

Faire face à de nouvelles contraintes pour une meilleure prise en charge des personnes

3 juin 2009, par Sophie Périabe

Le secteur social et médico-social connaît depuis une trentaine d’années des changements qui modifient la prise en charge des personnes âgées et des personnes handicapées. Ce secteur à La Réunion regroupe des associations et des fondations, soit environ 482 établissements qui emploient plus de 5.000 salariés. Face aux enjeux que pose ce secteur, la Commission Epanouissement humain du CESR (Conseil Economique et Social Régional) tente, dans un rapport, d’expliquer les difficultés rencontrées par les associations et d’y remédier.

Ce rapport n’a pas l’ambition de traiter l’ensemble des problèmes, enjeux et perspectives de ce secteur de notre île, mais au travers des seules associations, de proposer des pistes pouvant contribuer à son meilleur fonctionnement, précise le rapport dès l’introduction. Les auditions réalisées ont surtout laissé apparaître des difficultés de gouvernance. En effet, en interne, les Conseils d’administration n’assurent pas toujours leur rôle de contrôle, et cela pour des raisons diverses, notamment un manque de compétences des dirigeants élus, etc… Cela pose la question des exigences et des limites du bénévolat. D’autre part, la Direction des établissements est aussi visée, il y a une insuffisance de directeurs diplômés, et la fonction de directeur implique certains savoirs, en gestion comptable et financière, ressources humaines, etc… nécessitant des formations spécifiques. En matière de difficultés internes, le financement est aussi un facteur à prendre en considération. D’après les auditions, un réel malaise existe dans les relations entre les associations et le financeur public. Les associations doivent faire appel à du personnel de plus en plus qualifié, or, les moyens octroyés sont insuffisants pour maintenir l’existant. D’autre part, les surcoûts domiens ne sont pas pris en considération dans les enveloppes allouées. Un problème de financement qui fait craindre le risque d’une politisation des associations et, par conséquent, son instrumentalisation.

L’introduction de la performance dans le secteur social et médico-social

Les associations du secteur médico-social évoluent dans un environnement en mutation. Entre 2002 et 2007, pas moins de trois lois sont venues les transformer profondément. En instaurant la tarification, la planification, le projet d’établissement, l’évaluation interne et externe, la contractualisation, le contrôle, le législateur a créé une nouvelle régulation qui permet d’introduire l’analyse de la performance dans le secteur social et médico-social. En particulier, la mise en place de nouveaux dispositifs de contrôle et d’encadrement exige davantage de transparence sur les pratiques professionnelles. Quelle que soit la démarche adoptée, les acteurs, professionnels ou encadrants doivent s’inscrire dans la logique du « rendre compte ». D’autre part, le secteur doit aussi faire face à un environnement cloisonné. Les secteurs sanitaire, social et médico-social souffrent d’un manque de coordination qui induit des inadéquations dans la prise en charge. Cette pratique cloisonnée ne permet pas une politique de prise en charge globale : l’hôpital, les cliniques et les structures médico-sociales ne sont pas assez complémentaires. De plus, on assiste à l’émergence du secteur privé lucratif, en particulier dans la prise en charge des personnes âgées. A l’heure actuelle, une Maison de retraite à Saint-Benoît est gérée par une S.A.R.L. Une forte implication du secteur lucratif dans le domaine pourrait être source de déséquilibre social, en captant une clientèle à plus fort pouvoir économique.

4.000 emplois supplémentaires dans le secteur d’ici 2020

Au 31 décembre 2006, une étude prospective sur les métiers du social à La Réunion, réalisée par la DRASS, révèle que, d’ici 2020, les départs à la retraite ainsi que le vieillissement de la population amèneront la création de plus de 4.000 emplois supplémentaires dans le secteur, soit un accroissement de 75% par rapport à l’effectif actuel, dont la moitié plus particulièrement dans des métiers d’aide à la personne. Néanmoins, si ces perspectives mettent en évidence les besoins importants d’encadrement dans les domaines sociaux qui se feront sentir dans les années à venir, elles sont aujourd’hui limitées par des difficultés. Ces dernières sont liées principalement à une professionnalisation encore insuffisante. Selon la DRASS, 23% des personnes qui exercent dans le domaine social et de l’aide à la personne ne sont pas formées. Par exemple, 20% des animateurs sociaux et 25% seulement des éducateurs jeunes enfants ont un diplôme. Le recours aux personnels « faisant fonction » et le recours aux contrats aidés témoignent de la sous-qualification d’une partie du personnel. Ce constat est particulièrement vrai en ce qui concerne les Maisons de retraite ou le secteur de l’aide à domicile. On assiste également à une pénurie récurrente face à un besoin croissant pour les postes d’ergothérapeutes et de psychomotriciens notamment, dont les formations ne sont pas assurées dans le département. Les professionnels de la filière éducative font aussi défaut : il s’agit principalement des postes d’éducateurs spécialisés, de moniteurs éducateurs, d’éducateurs techniques spécialisés et des aides médico-psychologiques. Les difficultés internes et externes sont donc nombreuses pour ces associations du secteur social et médico-social, mais des solutions existent. Le CESR a d’ailleurs émis des préconisations pouvant contribuer à un meilleur fonctionnement.

A suivre… Sophie Périabe (Avec le rapport du CESR “Les associations, acteurs essentiels du secteur social et médico-social : des contraintes, un défi” adopté lors de son assemblée plénière du 19 novembre 2008)


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