Des cadres difficiles à recruter : regards croisés de la FRBTP et de la CGTR-BTP

Former et changer les mentalités

29 mars 2007

Les cadres du BTP sont un des métiers où les entreprises disent qu’elles ont le plus de difficulté à recruter.
(Photo PD)

D’après le résultat de l’enquête de l’ASSEDIC sur les besoins en main d’œuvre pour 2007, un des métiers qui connaissent le plus de difficulté de recrutement est celui de cadre dans le BTP. Selon l’enquête, près de 80% des embauches sont difficiles. Autrement dit, le secteur du BTP connaît une pénurie de cadres disponibles. Comment expliquer une telle situation ?
Pour Bernard Tillon, Secrétaire général de la Fédération réunionnaise du BTP, l’enquête de l’ASSEDIC sur les besoins en main d’œuvre confirme les tensions sur l’emploi et les besoins en encadrement. « Dans le BTP, nous connaissons un sous-encadrement structurel », explique-t-il. « Il est essentiel de former des cadres pouvant répondre aux attentes, mais un cadre expérimenté en chantier ne se fait pas en 1 jour ».
Bernard Tillon prend pour exemple les grands chantiers qui ont commencé à se succéder à La Réunion. Pour mener à bien les missions qui leur seront confiées, les futurs cadres devront avoir des compétences pour travailler sur des ouvrages d’art exceptionnels, note Bernard Tillon. Des compétences qui, pour le moment, nécessitent l’acquisition d’une expérience sur d’autres chantiers qui sortent de l’ordinaire, souligne-t-il. Et de conclure en rappelant que dans la filière, une réflexion est en cours pour la création d’une école d’ingénieurs.
Pour Jacky Balmine, Secrétaire général de la CGTR-BTP, si la question du manque d’un outil de formation reste posée, elle n’est pas la seule raison qui explique les difficultés de recruter un cadre dans le BTP. Pour le syndicaliste, il faut aussi changer les mentalités pour que des Réunionnais qui ont su acquérir de l’expérience et des qualifications puissent accéder aux plus hauts postes. « Pour les multinationales qui travaillent ici, il est difficile de mettre un Réunionnais à de hautes responsabilités. C’est une lutte que nous menons depuis plusieurs années ». Un combat qui se poursuit pour que les compétences réunionnaises soient reconnues à leur juste valeur.

M.M.


An plis ke sa

Les objectifs de l’enquête
Pourquoi l’ASSEDIC de La Réunion interroge-t-elle chaque année depuis six ans les entreprises pour connaître leurs intentions d’embauche ?
À cette question trois réponses. Tout d’abord « recenser les besoins en main d’œuvre » vise à « financer, aux demandeurs d’emploi, des formations adaptées aux profits recherchés par les employeurs ».
Ensuite, l’enquête a pour objet « d’aider les demandeurs d’emploi par une meilleure connaissance du marché ». Enfin, l’ASSEDIC note que « ce recensement fournit des données indispensables à tous les partenaires du retour à l’emploi » : ANPE, AFPAR, Maisons de l’emploi, Missions locales, Région, Conseil général et communes.

Plus de 12.000 embauches prévues
L’enquête de l’ASSEDIC chiffre à 12.440 le nombre de recrutements annoncé par les entreprises interrogées. En tête des intentions, les ouvriers du BTP (3.129), suivis par le personnel du secteur vente, tourisme et service.
Et d’après l’enquête, plus d’un recrutement sur trois s’annonce difficile.


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