Annonces du président de la République sur l’emploi

François Hollande conforte le rapport Lebreton

22 août 2014, par Céline Tabou

La visite de François Hollande, chef de l’Etat, a démarré à Saint-Joseph, sur le thème de la régionalisation de l’emploi. Durant 25 minutes, le Président a repris les grandes lignes du rapport oublié par Patrick Lebreton, député-maire de Saint-Joseph, en décembre dernier.

Débat à l’auditorium de Saint-Joseph. (Photo Pool/Julien Azam-Journal de l’île)

Patrick Lebreton, député auteur d’un rapport sur l’emploi, a ouvert la séquence : « prendre des mesures spécifiques est une obligation », car la régionalisation de l’emploi « c’est permettre aux originaires d’accéder aux emplois, réservés à des personnes de l’extérieur, attirés par l’appât du gain ». Une volonté rapidement affirmée par François Hollande qui a assuré que « ce n’est pas l’emploi aux Réunionnais, mais les Réunionnais dans l’emploi à La Réunion », proposant alors plusieurs points pour pouvoir « mettre les Réunionnais dans l’emploi ».

Tout sur les emplois d’avenir

« Je ne veux pas qu’il y ait de mesures qui ne soit que spécifique à l’Outremer, je veux qu’il y ait des mesures générales pour le pays avec une spécificité Outremer », a-t-il indiqué. Dans son allocution le chef de l’Etat a principalement expliqué qu’il fallait « faire en sorte que l’emploi où les Réunionnais ont des qualifications, ont reçu des formations et ont les compétences, pour que ces emplois puissent leur être proposés ou pour qu’ils puissent accéder à ces emplois, alors nous pouvons atteindre l’objectif dans le respect des lois de la République ». Raison pour laquelle, ce dernier a indiqué qu’il y a « une véritable exigence pour les pouvoirs publics de mettre en place des politiques à la fois nationale et spécifiques ».
Pour François Hollande, il s’agit donc de faciliter l’utilisation des emplois d’avenir, en réduisant à 10% la part du salaire rémunérée par les collectivités ou associations. Ainsi, un emploi d’avenir coûtera 90% à l’Etat et 10% aux organisations, contre 25% actuellement. Le Président souhaite ainsi lever les « obstacles financiers » qui freinent selon lui l’utilisation de ces emplois d’avenir. A l’heure actuelle, La Réunion possède 4.124 emplois d’avenir contractualisés, 2.000 restent à être réalisé d’ici la fin 2014.

Alléger les cotisations pour les entreprises

Concernant le pacte de responsabilité et de solidarité, retoqué sur plusieurs points par le Conseil Constitutionnel, il reste la solution pour le chef de l’Etat. « Le CICE, ça vaut pour tout le monde, les entreprises peuvent y accéder de la même manière, avec les mêmes règles, c’est à dire pour le CICE, c’est la masse salariale si les entreprises ont embauché, il est légitime qu’elles puissent avoir un retour par attribution de crédit d’impôt ». Une attribution dénoncée par les principaux syndicats, qui pointent du doigt, l’absence de contrepartie concrète obligeant les entreprises à créer des emplois.
François Hollande a assuré « nous pouvons faire davantage d’allègement de cotisations, d’impôts pour l’Outremer en dehors même de ce que nous faisons par la défiscalisation ». Une mesure dans le sens de l’entretien paru le 19 août dans le quotidien Le Monde, l’objectif est d’accélérer les réformes et de maintenir le cap après la publication des récents chiffres de la croissance. Raison pour laquelle, le chef de l’Etat met l’accent sur le Pacte de responsabilité et de solidarité, dont le CICE, qui « doit être plus efficace encore, avec un taux plus élevé à La Réunion, comme en Outremer, pour avoir l’effet le plus fort, le plus puissant en terme de création d’emploi », a-t-il assuré.

La solution : l’information

« Depuis, j’ai voulu qu’il y ait une priorité à l’éducation et à l’information, nous avons mit plus de moyens à La Réunion et dans les Outremers, parce qu’il y a une démographique différente », donc pour le Président « il est concevable et légitime que l’on mette plus de crédits, d’enseignants dans les Outremers ».
« Malgré les améliorations que je viens d’apporter, nous sommes devant une difficulté », il faudrait que « les emplois qui sont disponibles ici puissent être proposés aux réunionnais, dès lors qu’ils ont les compétences. Ce ne serait pas rendre service à La Réunion que d’avoir des systèmes dérogatoires, où ce ne serait pas les meilleurs qui seraient dans les postes, dans le privé et dans le public (et ndlr) qui doivent servir au redressement de l’économie réunionnais ».
Raison pour lesquelles, François Hollande propose plusieurs points. Parmi la première décisions prises, « faisant suite au rapport de Patrick Lebreton, c’est l’information. Paradoxalement, l’information ne circule pas. Les réunionnais ne sont pas toujours les mieux informés des emplois qui leur sont proposés ». Pour ce dernier, « nous devons tout faire pour qu’il puisse ya voir la dessus, une révolution. C’est à dire que la circulation de l’information des embauches prévisibles puisse se faire ». Une mesure qui s’accorde avec le travail réalisé actuellement par le Pôle Emploi, dont son directeur M. Minatchy, a évoqué les grandes lignes avant l’intervention du chef de l’Etat.

Accès sur les Prépas de concours

Seconde décision, « il y a tout ce qui est préparation des concours, parce que les jeunes réunionnais doivent préparer les concours de catégorie B et C et préparer les meilleurs concours de la fonction publique ». Le but est d’éviter le « plafonnement » des agents, comme l’a évoqué le rapport de l’ancien, préfet Jean-Marc Bédier, faisant état d’inégalité dans l’emploi dans la fonction publique. Les emplois subalternes sont généralement occupés par les réunionnais, et les emplois de cadre (A et B) par des non originaires.
L’enjeu pour le Président est de « permettre à plus de réunionnais de suivre une filière de préparation de concours pour atteindre les niveaux les plus élevés de toute les administrations ». Revenant sur les dispositifs mit en place par Science Po avec deux nouveaux lycées à La Réunion, et passer à l’université de La Réunion un master à Science Po. « Il y a cette création que nous avons décidé, d’une classe préparatoire au concours administratif, c’est une originalité. Ce sera une expérience, c’est une source d’économie pour les étudiants et pour l’administration ».

Les mutations, centre de cette visite

Concernant la fonction publique territoriale, dont « beaucoup des emplois ne relèvent pas de l’Etat », les collectivités en ont la charge, c’est pourquoi « nous avons une grande exigence pour les emplois dans les collectivités. Ces concours et formation doivent être dispensés pour que plus en plus de Réunionnais puissent occuper ces fonctions majeures ». Sur la question de la mutation, qui est un thème sur lequel François Hollande est attendu, ce dernier a expliqué que « ce serait une erreur d’imaginer une carrière de policier qui se ferait toute la vie durant sur le même territoire ». Ajoutant que « ce qui n’est pas possible c’est d’imaginer qu’un fonctionnaire réunionnais, tant affecté en métropole, puisse passer toute sa carrière en métropole et ne reviendrait pas à La Réunion, qu’à un âge où il n’est pas nécessairement sur les taches les plus exigeantes du métier ».
Suite aux revendications du collectif GPX Outremer, dont Curil Hubert s’est fait le porte-parole lors de cette séquence présidentielle, François Hollande les a qualifié de « justifiées », remettant en cause la circulaire élaborée par Nicolas Sarkozy, en 2002, sous le mandat de Jacques Chirac. Cette circulaire est « un facteur de blocage », car elle a retiré l’ancienneté de la demande au profit de l’ancienneté administrative. Condition que les fonctionnaires ultramarins dénoncent aujourd’hui et à laquelle le préfet Jean-Luc Marx a expliqué que « l’ancienneté de la demande allait être mise en place dès 2015 ».
Le chef de l’Etat a lui annoncé que sous l’égide du rapport Lebreton, il fallait « modifier la circulaire et à trouver d’autres critères ». Des critères qui « seront appliqués à toute la fonction publique », prenant pour exemple ceux fixés dans l’Education nationale. « Ce critère parait le plus pertinent, c’est celui des Centre d’Intérêt matériel et moraux » qui « évite tout mal entendu, toute généalogie, toute recherche des origines, tout simplement là où on a le centre de ces intérêts familiaux, personnels, ou économique ». Les CIMM entreront donc en ligne de compte dans les mutations, a assuré François Hollande.

Une charte prévue dans le privé

Dans le secteur privé, le Président a expliqué que « l’action est limitée, nous sommes là dans la persuasion, dans la conviction ». Reconnaissant le dynamisme de l’économie réunionnaise, et les nombreuse filières engagées dans l’environnement, l’agronomie, la technologie, etc., François Hollande a indiqué qu’il y a « une mutation considérable des emplois à La Réunion, ce qui exige des formations adaptées ».
François Hollande soutien « complètement au nom de l’Etat la mise en place d’une structure spécialisée dans l’accompagnement des jeunes diplômés et des cadres. Et je demande à Pôle Emploi de poursuivre son action en ce sens et d’avoir même les moyens d’assurer ce suivi ». Ce dernier s’est dit « favorable à une charte de l’emploi local pour que le même reflexe et procédure, engagement puisent être prit par les entreprises privées ».
Rappelant les conditions imposées par le gouvernement aux entreprises, via le Pacte de responsabilité et de solidarité, François Hollande a assuré qu’une contrepartie - demandée par les syndicats ayant signé le pacte - soit établie en matière d’embauche des jeunes, des séniors. Ce dernier a expliqué qu’à La Réunion, « on aura un CICE amélioré, la contrepartie qui pourrait être également demandé aux entreprises réunionnaises, c’est que dans les emplois qui vont être créé, il y en aura nécessairement, qu’il y ait une part de ces emplois doit aller vers les jeunes réunionnais ». François Hollande a conclu son propos en assurant que des clauses devaient être insérées dans les dispositifs d’aide à l’emploi. Pour finir, le chef de l’Etat a salué la jeunesse réunionnaise « de très grande qualité », et des richesses territoriales importantes, car il faut « réduire les handicaps et valoriser les atouts de l’île », ce qui passe selon lui par « une ambition commune » de l’ensemble des Réunionnais.

Céline Tabou

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