Fraude aux prestations sociales d’un député UMP

Gérard Gaudron : l’arroseur arrosé

21 février 2008, par Manuel Marchal

En novembre 2007, le Député-maire UMP d’Aulnay-sous-Bois co-signait une proposition de résolution visant à créer une commission d’enquête sur les fraudes aux prestations sociales. Trois mois plus tard, il reconnaît publiquement percevoir tous les mois 1.500 euros d’allocation chômage qui s’ajoutent aux 11.000 euros d’indemnité qu’il touche en tant que maire et député.

Alors que le gouvernement veut encore davantage culpabiliser les travailleurs condamnés aux minima sociaux, un article du "Canard Enchaîné" révèle qu’en plus de ces 11.000 euros d’indemnités d’élu, le Député-maire UMP d’Aulnay-sous-Bois continue à percevoir tous les mois 1.500 euros d’allocation chômage.

Élu député en juin 2007, Gérard Gaudron est Maire d’Aulnay-sous-Bois. Depuis 2005, il est officiellement demandeur d’emploi. Il perçoit donc une indemnité de la part des ASSEDIC.

Depuis son élection à l’Assemblée nationale, il cumule 11.000 euros d’indemnités, affirme le "Canard Enchaîné", 7.500 euros, selon son entourage. Cela ne l’empêche pourtant pas de recevoir tous les mois 1.500 euros des ASSEDIC. Détail croustillant : pour ne pas s’être déplacé à une convocation des ASSEDIC, Gérard Gaudron a vu ses allocations chômage supprimées en août 2007. Il les a perçues de nouveau en octobre 2007.

Interrogé hier par l’AFP, le parlementaire indique qu’il a demandé plusieurs fois aux ASSEDIC de mettre fin au versement de son allocation chômage. Mais cette demande n’a semble-t-il pas été prise en compte. Il affirme même qu’il va rembourser l’ASSEDIC.

Or, depuis la mise en œuvre du Plan Borloo, les conditions de radiation sont facilitées. Ce qui a contribué à faire diminuer le chiffre officiel du chômage. Dans ce cas, il est paradoxal de constater que la demande d’une personne touchant indûment des allocations ne soit pas entendue. Pendant que Gérard Gaudron entreprenait des démarches pour rembourser le trop-perçu - il dit avoir écrit deux fois aux services concernés : le 12 septembre 2007 et le 26 novembre 2007 -, combien de travailleurs ont été injustement privés de leur allocation de retour à l’emploi pendant cette période ? Sans doute des milliers.

Cet événement intervient au moment où le gouvernement veut encore durcir les conditions d’attribution des prestations sociales. En témoigne le décret visant à évaluer le train de vie des prestataires, qui peut déboucher sur la suppression du RMI ou d’autres allocations pour une personne qui est devenue propriétaire par le biais d’une opération d’insertion par le logement par exemple.

Cette méthode vise à désengager l’État de ses responsabilités dans la lutte contre le chômage en stigmatisant ceux qui sont exclus du droit au travail, et en les culpabilisant. Ce choix idéologique se traduit également dans la diminution de l’effort de l’État dans le traitement social du chômage, alors que le manque d’emploi ne diminue pas.

Ce décret n’est pas la seule initiative de la majorité parlementaire dans ce sens. En novembre dernier, plusieurs parlementaires UMP signaient une proposition de résolution visant à créer une commission d’enquête sur les fraudes aux prestations sociales. Parmi les auteurs de cette initiative, le député-maire d’Aulnay-sous-Bois qui cumulait depuis déjà 6 mois 11.000 euros d’indemnités d’élu et 1.500 euros d’ASSEDIC.

M. M.


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  • Aulnay : l’Assedic dédouane Gaudron
    Le député-maire UMP d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) Gérard Gaudron "n’est pas suspect de fraude aux yeux de l’assurance-chômage", a indiqué aujourd’hui l’Assedic d’Aulnay-sous-Bois, dans un communiqué transmis par l’Unedic.

    "Aux yeux de l’Assurance chômage, M. Gaudron n’est pas suspect de fraude et son cas a fait l’objet de l’établissement d’un "trop perçu" qui donnera lieu à un remboursement des sommes concernées comme l’allocataire s’y est de lui-même engagé", a indiqué l’Assedic.

    Elle rappelle que "le maire d’une commune de moins de 100.000 habitants (comme Aulnay-sous-Bois) peut cumuler son indemnité d’élu municipal avec une allocation chômage", ce qui est "en revanche interdit" pour un parlementaire.

    M. Gaudron a été "élu en juin 2007 et celui-ci a signalé sa situation en septembre 2007", par un courrier à la direction départementale du travail, puis, à la demande de celle-ci, par un courrier à l’Assedic.

    Selon l’Assedic, "il a renouvelé sa démarche auprès de l’Assedic dès novembre pour demander que son indemnisation cesse et pour rembourser les sommes perçues depuis son élection. Ce courrier n’a pas été immédiatement traité mais une demande de remboursement allait être adressée à M. Gaudron au moment où les faits ont été diffusés publiquement", indique l’Assedic.

    Source : AFP

    Si on ajoute à cela qu’un député-maire, soumis à l’écrêtement, ne peut d’aucune manière toucher les sommes évoqués, c’est l’ensemble des propos de l’article de M. M. qui (à trois semaines des élections !) ne fait que relayer ce que l’on peut qualifier de manipulation politique des plus basses. Comme tous les faits ont été rectifiés dès le 20 février et que le post de M.M. date du 21 février, ce pourrait même être sciemment !!!
    Vous voilà, M.M., dans le rôle de l’arroseur et j’espère pour la morale que l’arrosé sera réélu...


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