La vérité commence à éclater

Gilets jaunes : Annick Girardin constate l’infiltration du mouvement et le radicalisme de certains

30 novembre 2018, par Manuel Marchal

Au cours de son intervention devant la presse, Annick Girardin a estimé que le mouvement social est infiltré, et a condamné l’attitude radicale de certains au sein des gilets jaunes. Ce constat rejoint une prise de conscience de plus en plus grande de la population d’une politisation de moins en moins discrète. Ceci a conduit à l’isolement d’un groupe qui s’était auto-attribué la représentativité des gilets jaunes et se sentait suffisamment soutenu pour vouloir imposer son tempo au programme de la visite d’Annick Girardin. La seconde journée de la ministre a en effet notamment eu deux conséquences : la décision de collectifs de gilets jaunes du Sud de relâcher la pression et un communiqué de Jean-Jacques Morel, proche de Didier Robert, appelant à la levée des barrages. La récréation est-elle finie ?

L’ex-coordination des gilets jaunes responsables s’est faite remarquer par son refus de discuter avec le préfet puis avec la ministre.

Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, quelques personnes bénéficiant de puissants relais dans des médias et connues pour leur activité politique se sont faites remarquer par une attitude radicale : refus de discuter avec le préfet, appel au blocage des supermarchés, puis refus de rencontrer la ministre. Autoproclamé « Coordination des gilets jaunes responsables » et affirmant qu’il représentait tous les gilets jaunes, la direction de ce groupe avait trahi le glissement politique le 25 novembre en changeant le nom de la structure : « Tous unis pour La Réunion ». Ce groupe se concentre notamment au barrage de la Cocoteraie à Saint-André où, mercredi matin, ceux qui avaient la possibilité de s’exprimer devant la presse se vantaient de ne pas avoir été à la préfecture pour présenter des revendications à la ministre. Rappelons que la veille de la venue de la représentante du gouvernement, c’est dans ce barrage qu’un journaliste de Réunion Première avait remarqué que des sacs remplis de galets avaient été apportés en vue d’une confrontation avec les gendarmes.

« Mascarade »

Cette attitude de jusqu’au-boutiste s’est confirmée hier. La direction du « Le collectif « Tous unis pour La Réunion-collectif des gilets jaunes » - ex-collectif des gilets jaunes responsables - dénonçait hier (jeudi – NDLR) dans un communiqué « une mascarade organisée par l’État » après la première journée de visite de la ministre de l’Outre-mer. Et de demander aux gilets jaunes de ne pas répondre à l’invitation des membres de la préfecture et du cabinet ministériel à la recherche de “référents”. », écrivait le « JIR » de ce jeudi. Revendiquant la représentativité de 38 (lesquels ?) des 44 barrages (lesquels ?), ces personnes affirment aussi que « après un travail de fédération des barrages, c’est par Internet et via un grand rassemblement au Port que plus de « 20 000 revendications » ont été collectées selon ses membres » et d’indiquer qu’il compte réunir un maximum de votes d’ici samedi 8 heures.
« Au final, le collectif souhaite remettre le 2 décembre à la ministre les revendications ainsi sélectionnées. Un appel est lancé dans ce sens à Annick Girardin », poursuit le « JIR ». Sachant que d’autres confrères soulignent que les décisions de cette direction se prennent à l’abri des regards, il y a fort à parier qu’une ultime mascarade est en préparation.

Pas de ministre à la Cocoteraie

Hier, un grain de sable a enrayé cette mécanique qui voulait faire croire que ce groupe était capable de fixer l’agenda de la ministre. Une rencontre avec des gilets jaunes a eu lieu à Saint-Benoît, où fidèle à leur logique, les dirigeants de « Tous unis pour La Réunion » étaient absents. Ils pensaient qu’Annick Girardin allait faire une étape au barrage de la Cocoteraie. Constatant qu’elle ne venait pas, ils ont sollicité des médias pour la supplier de venir, ce qui contraste sérieusement avec leur appel au boycott des rencontres avec la ministre. Pourquoi s’autoriser ce que l’on interdit aux autres si ce n’est pour apparaître que comme le seul interlocuteur du gouvernement ? Cet appel est resté sans réponse.

De plus, Annick Girardin a annoncé hier soir qu’elle fera une dernière annonce publique aujourd’hui. Ce sera en fin d’après-midi. Difficile de croire que la ministre restera jusqu’à dimanche, d’autant plus qu’elle doit être lundi au Sénat pour le débat sur le budget de son ministère.

L’isolement des dirigeants de « Tous unis pour La Réunion » s’est accentué avec la décision de collectifs de gilets jaunes du Sud qu’ils allaient relâcher la pression, considérant que les annonces de la ministre méritent un geste d’apaisement.

La coûteuse récréation est-elle finie ?

Par ailleurs, Annick Girardin a indiqué que tant qu’elle sera à La Réunion, ce sera la volonté de dialogue qui prévaudra avec les personnes qui ont dressé des barrages. Ce qui laisse donc entendre qu’après son départ, la manière forte pourrait être utilisée contre les récalcitrants. Ceci doit faire réfléchir ceux qui ont misé sur un pourrissement de la situation pour discréditer un mouvement social porteur de revendications, visant en particulier à remettre en cause l’injustice du système en place.

Peu avant la déclaration de la ministre hier soir, Jean-Jacques Morel a publié un communiqué appelant à lever les barrages. Jusqu’à présent, ce proche de Didier Robert ne s’était pas exprimé publiquement à ce sujet.

Cela signifierait-il que le message anonyme circulant dans les réseaux sociaux et appelant à un énième durcissement du mouvement est un ultime baroud d’honneur ?

M.M.

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Messages

  • Je ne sais pas si ce qui est écrit correspond à l’exacte vérité mais en tout cas, l’analyse tient la route, en plus, les faits vérifiés. Je comprends dès lors les revirements soudains de certaines coordinations, peut-être informées à tant ou alors en raisonnant par elles-mêmes.
    Dès lors, une question m’interpelle : quand et comment donc le peuple pourra t-il faire entendre sa voix si des gens de mauvaise foi s’emparent de ces légitimes revendications à des fins inavouables ?
    Partisan de longue date de l’assemblée unique, je souscrits plus à cette option, trop peur qu’un régime dictatorial émerge.
    Je dis aussi : rejetons une bonne fois pour toutes la pensée de couper le cordon ombilical avec la France tout en continuant à nous battre pour nos droits. La République, au moins, ne risquera pas de nous dresser les uns contre les autres et de nous faire crever de faim

  • Polynésie, Nouvelle Calédonie, Martinique, Mayotte, Guyane, Saint-Barthélémy, Saint-Pierre et Miquelon : sur ces territoires, une seule assemblée et aucune dictature, et ces pays font partie de la République.

  • Bonsoir a toutes et a tous ceci viens confirmé mes dires je discutait avait ma copine je lui disait que sur le barrage la cocoterai il y as un souci je suis sûre qu’un mouvement autres que les gilet jaune mène ces gens en sous marin et vue ce qui est dit dans votre article je ne me suis pas trompé ça deviens dangereux de voter pour n’importe qui !

  • St André na virapoullé, pas facile échappe un dinosaure... mais l’essentiel, c’est l’ouverture des consciences collectives...
    Un des leader st André, su la foto,(...) si n’a point la politique la y manipule la dssus.
    Pou vise la région, pou coul la réunion ? Pas pou nou en tout cas.
    La prêfet est capable de faire livrer de l’essence le soir, pourquoi pas le gaz aussi, personne n’a attaqué les camions de livraisons.
    Les grandes surfaces ont été livrés aussi le soir et tôt le matin avant le couvre feu.. personne ne les attaquer, pourquoi pas le gaz..
    Si l’essence i peu circulé, si livraison gde surface y passe, pourquoi pas camion l’urcopa, bande poule la té peu pas gagne le grain à moin bana té i fé la greve aussi.
    Hier té circule bien, quasiment pas de barrage, tout ça lé flic la y peu pas fait chemin pou liv le nécessaire...
    Ban container la, bana i peu pas déblok la route... d’ailleurs, le port toujours bloqué ?
    Le recteur, agent de l’état, i envoy marmaille l’école, prof l’école alors néna encore barrage... pou koué ? pou fé crie le réunionnais su le réunionnais..
    La ministre i donne l’argent la région et les associations doit jete un oeil attentif dessus, kissa i finance ban association la...
    Faut tout la Réunion i ouv le yeux, veille bien tout ça la, cet la gain l’argent, faut fait paye a li après, faut pas larg le bout


Témoignages - 80e année


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