Après la visioconférence avec Annick Girardin, appel à bloquer le siège de la Région Réunion

Gilets jaunes : vers de nouvelles formes d’action à La Réunion

3 décembre 2018, par Manuel Marchal

Le nombre des propositions recueillies par l’État depuis le déclenchement du mouvement s’est enrichi d’une contribution supplémentaire. « Tous unis pour La Réunion » a remis hier un document au préfet, au cours d’une visioconférence avec la ministre des Outre-mer. Lors du meeting qui a suivi, une nouvelle forme d’action a émergé. Plutôt que des barrages qui pénalisent la population, un appel à bloquer le siège de la Région Réunion jusqu’à la démission de Didier Robert a été lancé. Rendez-vous est donné ce matin à 8 heures devant le Conseil régional.

Depuis le déclenchement du mouvement social par les gilets jaunes le 17 novembre, La Réunion a connu un foisonnement de propositions. Dès le 19 novembre, plusieurs collectifs de gilets jaunes ont remis des contributions à la préfecture. Le 23 novembre, des revendications ont été données au préfet Amaury de Saint-Quentin. Cette dynamique s’est poursuivie depuis. À l’occasion de la venue à La Réunion de la ministre des Outre-mer, plusieurs collectifs et organisations ont eu la possibilité de remettre leurs documents en mains propres à Annick Girardin au cours de la rencontre organisée à la préfecture de Saint-Denis le 28 novembre.

D’autres collectifs de gilets jaunes ont pris plus de temps pour rédiger leurs propositions. Ainsi, une délégation de « Tous unis pour La Réunion » avait rencontré vendredi 30 novembre dernier la ministre dans la cour de la préfecture. Le principe d’une remise des revendications au préfet à l’occasion d’une visioconférence avec la ministre en présence de la presse a été acté pour le dimanche 2 décembre à 17 heures.

L’exigence du direct à la TV

À l’heure dite, Annick Girardin était présente à son bureau, mais les interlocuteurs se faisaient attendre. Quelques centaines de personnes étaient devant la préfecture, où un écran géant avait été installé pour que ces spectateurs puissent suivre la visioconférence. C’était des gilets jaunes mais pas seulement, tandis qu’une partie du public est arrivé transporté par quatre bus venant de l’Est et comprenant également des passagers issus de Saint-Denis.

En arrivant devant l’entrée de la préfecture, la délégation du collectif a formulé une exigence supplémentaire : que les chaînes de télévision retransmettent en direct. Le temps d’obtenir l’accord des télévisions, et que la délégation s’accorde sur sa composition, le temps a filé. Ce n’est qu’une fois après avoir obtenu la preuve qu’au moins une télévision, Réunion Première, diffusait que la délégation du collectif est entrée en préfecture avec une heure de retard.

« Je n’ai qu’une parole »

L’échange a ensuite duré 35 minutes. Après un exposé de la ministre, des représentants du collectif ont successivement pris la parole, la plupart lisant un texte. Puis les revendications, issues selon le collectif d’un vote de plus de 30000 personnes sur internet, ont été remises au préfet. Il doit contenir normalement les 24 propositions qui étaient mises au vote. C’est alors que la première intervenante du collectif a de nouveau pris la parole pour fixer un ultimatum à la ministre : une heure pour satisfaire une revendication immédiate de son choix.

Annick Girardin a alors rappelé à son interlocutrice qu’elle n’est pas habituée à « changer les règles du jeu toutes les 3 secondes », et qu’elle est fidèle à un principe, « je n’ai qu’une parole ». L’initiative de l’auteure de l’ultimatum contrevenait donc au principe de la parole donnée. C’était le dernier acte d’une visioconférence qui a été marquée par une intervention demandant la démission immédiate de Didier Robert. Le président de Région est accusé depuis samedi par « Tous unis pour La Réunion » de lui avoir copié ses idées pour les intégrer vendredi dans son discours à la préfecture. Ceci a marqué un changement radical dans l’orientation du collectif qui visait exclusivement l’État, et qui cible désormais Didier Robert comme adversaire principal, demandant sa démission, ainsi que celle des autres élus de La Réunion.

Appel au blocus de la Région Réunion

Le recueil des propositions n’est pas encore terminé. Le préfet Amaury de Saint-Quentin a rappelé que toute nouvelle contribution au débat sera examinée par l’État. Elles peuvent venir d’autres collectifs de gilets jaunes, mais aussi d’organisations déjà structurées. Plusieurs d’entre elles ont déjà déposés leurs propositions, notamment dans le secteur de l’économie.

Une prise de parole ouverte à qui souhaitait s’exprimer au micro a ensuite été organisée sous un chapiteau installé devant la préfecture. Les élus, et particulièrement Didier Robert, étaient la cible de discours demandant leur démission. D’où l’idée d’un nouveau mode d’action : camper devant la Région Réunion jusqu’à la démission de Didier Robert. Rendez-vous est donné ce matin à 8 heures devant le siège de la collectivité.

L’affaire est prise au sérieux du côté de Didier Robert, car la Région a annoncé hier soir sur son site web qu’elle restera fermée aujourd’hui.

M.M.

Lutter contre la vie chèreLuttes pour l’emploiA la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • C’est une évidence que le Président de Région doit démissionner ! comment va t il avoir de la crédibilité maintenant ? comment va t il faire passer des mesures même légitimes ? tous les débats au sein de l’assemblée régionale vont être naturellement troublés, tout va être sujet à suspicion, controverse et c’est pas bon pour la direction de la Région et on a pas besoin de çà. Qu’il ne s’appuie pas sur une quelconque légitimité que ce soit pour les GJ ou la population sa "vacance" du pouvoir et la pauvreté de ses rares interventions sur les médias lui ont fait perdre toute crédibilité.
    Mais qu’il démissionne.......quand on a goûté au "pouvoir" .........

  • Quand les prochaines élections pour les régionales auront-elles lieu ? Pourquoi ne pas fusionner Région et Département ? Des économies substancielles en découleraient car avoir deux collectivités sur une île comme la Réunion, idem en Martinque, Guyane, Guadeloupe. N’oublions pas les énergies renouvelables, la géothermie, et le retour du train pour les transports ont été complètement ignorés des débats ! ? A quand une prise de conscience pour faire changer le cap au plus vite. Nous n’avons plus que 2 ans pour changer, avant la cata, c’est prévisible, il faut écouter les scientifiques, Nicolas Hulot aussi, Arthur qui roule en vélo, et tousse en suivant des gros véhicules 4X4 et autres SUV qui fument crachent leurs microparticules cancérigènes ! ....


Témoignages - 80e année


+ Lus