Mobilisation contre un plan d’austérité

Grève générale au Portugal

24 mars 2012, par Céline Tabou

La Confédération générale des travailleurs du Portugal (CGTP), principal syndicat portugais, a appelé à la mobilisation jeudi 22 mars pour dénoncer le projet de réforme du marché du travail public et privé, qui prévoit de faciliter les licenciements, de réduire les indemnisations et la protection de l’emploi.

Le Portugal est le troisième pays de la zone euro à avoir obtenu une aide financière après la Grèce et l’Irlande. Le pays a reçu en mai 2011 de l’Union européenne et du Fonds monétaire international un prêt de 78 milliards d’euros en échange d’un plan de réformes, marqué par des mesures de rigueur sans précédent.
La grève a principalement touché les tribunaux, administrations, postes, bibliothèques, musées, ramassage des ordures ménagères qui ont tourné au ralenti. « Nous avons fait une grande grève générale » avec une participation « très semblable » aux deux dernières grèves, de novembre 2010 et novembre 2011, a déclaré Arménio Carlos, secrétaire général de la CGTP, à l’“Agence France Presse”.

« Les travailleurs vont travailler gratuitement »

La CGTP, proche des communistes, a été le seul syndicat du pays à se lancer dans la grève générale. Le deuxième syndicat portugais, l’UGT, réputé proche de l’opposition socialiste, a signé l’accord sur la réforme du marché du travail conclu en janvier avec le gouvernement et les organisations patronales. Cette réforme prévoit de faciliter les licenciements, de réduire les indemnisations et la protection de l’emploi, et « se substituerait également aux conventions collectives des conventions d’entreprise ».
« Cette proposition vise la dérégulation des relations entre employeurs et employés en facilitant les licenciements, réduisant les indemnités et déréglementant les horaires de travail », a expliqué aux “Échos” Arménio Carlos. La réforme, qui doit encore être adoptée par le Parlement portugais, envisage notamment la suppression de 4 jours fériés et de 3 jours de congé. « Ça veut dire que les travailleurs vont travailler gratuitement sept jours de plus, dénonce Arménio Carlos. C’est un retour à l’âge féodal ! ».

Coupe dans les budgets publics

Parmi les autres points de désaccord, le syndicat s’indigne des réductions des budgets de l’éducation, de la santé et de la sécurité sociale, et tous les services publics et les fonctions sociales de l’État. Le 22 mars a également été placé sous le signe du combat contre la pauvreté qui touche désormais 25% de la population.
Arménio Carlos a toutefois indiqué que derrière les revendications mises en avant, les manifestants veulent « présenter des propositions alternatives de progrès et de développement social au programme d’agression de la Troïka » (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Ce dernier dénonce « le prétendu soutien de 78 milliards d’euros accordé a principalement pour contrepartie 35 milliards de taux d’intérêt. Cela s’appelle de la spéculation ».

Céline Tabou


Des mesures contre les ménages

Le pays va connaitre une récession de 3,3% du PIB et un chômage de 14,5% cette année. Le gouvernement a décidé de nouvelles mesures qui devront de nouveau peser sur le pouvoir d’achat des ménages, dont une grande partie refuse de perdre une journée de travail. Les hausses d’impôt, baisses de salaire des fonctionnaires et autres mesures visent à ramener le déficit à 4,5% du PIB en 2012. Outre les mesures, le gouvernement portugais a remis en cause de nombreux projets de développement au détriment de la croissance, notamment la construction d’une ligne TGV qui pourrait relier Lisbonne (au Portugal) à Madrid (Espagne) en moins de 3 heures. Cet investissement devrait être définitivement suspendu, a annoncé le Ministère de l’Économie portugais, cité par l’“Agence France Presse” (AFP). Les autorités arguent que l’objectif est de réduire l’endettement public et qu’il ne peut investir dans cette ligne ferroviaire.


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