La vie chère amplifie la crise à La Réunion

Hausse des prix : 6,3% d’inflation dans l’alimentation

21 février 2008, par Manuel Marchal

La dernière publication de l’indice des prix de l’INSEE fait état d’une relance globale de la hausse des prix en janvier 2008. En glissement annuel, l’inflation est de 2%, avec une pointe à 6,3% pour l’alimentation. Loyer et transport sont deux autres postes de dépenses où l’inflation est supérieure à la moyenne, respectivement 3% et 3,4%. Il est à noter que les dernières hausses du SMIC et du RMI sont inférieures à ces valeurs. Conséquence : la vie est encore plus chère. C’est un fait qui doit interpeller tous les candidats aux élections du 9 mars.

À La Réunion, pour un même revenu, les familles sont confrontées à une vie plus chère qu’en France. Ce phénomène est reconnu par l’État, puisque ses salariés titulaires ont droit à une prime de vie chère.

Mais pour les travailleurs du secteur privé et les allocataires des prestations sociales, la situation est plus difficile. En plus de la vie chère, ces Réunionnais doivent faire face à une hausse des prix nettement supérieure à leur revenu sur des postes de dépenses essentiels : l’alimentation, le logement et les transports.

En effet, un travailleur doit forcément se nourrir et se loger. Pour se rendre à son emploi ou pour rechercher un travail, il doit également se déplacer.

Au cours des derniers mois, les prix de l’alimentation ont augmenté de 6,3%, ceux des loyers de 3% et ceux des transports de 3,4%. Ces données sont à comparer aux dernières hausses décidées par le gouvernement. L’augmentation du SMIC en juillet dernier était de 2%. Celle du RMI de 1,6% au 1er janvier dernier, soit 0,2 point de moins que la revalorisation du 1er janvier 2007.

Phénomènes structurels

Autrement dit, le décalage entre la hausse des prix et l’augmentation des revenus de la majorité de la population signifie une perte de pouvoir d’achat : la vie est plus chère.

Or, la hausse des prix dans ces secteurs stratégiques est avant tout structurelle dans l’alimentation, les loyers et les transports.

Pour l’alimentation, l’inflation ne peut que s’amplifier avec la hausse des prix des produits agricoles. Un communiqué de la FAO daté du 13 février dernier indique en effet que « les prévisions indiquent la possibilité d’une hausse significative de la production céréalière mondiale en 2008, mais les prix internationaux de la plupart des céréales vont rester à des niveaux élevés records, et certains, continuer de progresser » (voir encadré).

Concernant les loyers, l’INSEE indique que l’indice du coût de la construction, à partir duquel est calculée la hausse du prix du loyer, était en glissement annuel de 1,36% en décembre dernier. Or, à La Réunion, les loyers ont augmenté de 3% entre janvier 2007 et janvier 2008. Et la crise du logement est une constante depuis des décennies. Avec l’augmentation de la population, il est nécessaire de rattraper non seulement le retard accumulé, mais également d’anticiper sur la croissance démographique.

Ce qui veut dire, construire suffisamment de logements pour tous les mal-logés ainsi que pour les 200.000 Réunionnais qui vont peupler l’île au cours des 20 prochaines années. Sans cela, la tension ne pourra qu’augmenter, et donc favoriser une hausse continue des prix des loyers. Ce qui ne pourra que rendre la vie plus chère à La Réunion.

Quelle est la position des candidats ?

Enfin, pour les transports, La Réunion est pour le moment prisonnière de choix irréfléchis qui ont conduit à privilégier le tout-automobile pour la mobilité intérieure. Cela rend l’île vulnérable à la variation des cours d’une matière première sur laquelle elle ne peut pas influer. Et dans le contexte qui se dessine, les prix du pétrole ne pourront qu’augmenter. La raréfaction des ressources, la hausse de la demande mondiale et l’instabilité durable du Moyen-Orient sont en effet des facteurs structurels.

Pour le désenclavement de La Réunion, les hydrocarbures sont également la seule source d’énergie pour les avions et les navires. Toute hausse du prix du baril de pétrole se répercute dans le coût des produits importés, dans le prix du fret pour l’exportation et dans le prix des billets d’avion.

Cette hausse des prix des transports a, par conséquent, un impact sur les prix de l’alimentation et sur ceux de la construction, avec au final une répercussion sur le prix des loyers.

Ce sont donc autant de facteurs structurels qui contribuent à la hausse des prix à La Réunion. Cette hausse alimente une crise structurelle à laquelle toute la population est confrontée. Et le phénomène de l’aggravation de la vie chère est une illustration concrète de cette crise.

Tenter de trouver des réponses concrètes à cette situation est sans doute un des enjeux essentiels de ce début de 21ème siècle. C’est en tout cas une question qui se pose à tous ceux qui ambitionnent d’exercer ou de conserver une responsabilité politique en mars prochain : quelle est la position des candidats aux élections sur la vie chère ?

Manuel Marchal


Hausse du minimum vieillesse : loin du compte

Pour une grande partie des retraités réunionnais, le minimum vieillesse est le revenu qu’ils perçoivent au terme d’une vie de travail. Concernant les pensions de retraite, elles avaient augmenté de 1,1% le 1er janvier dernier, soit un montant mensuel de 627 euros pour une personne seule.

A un mois des élections municipales, le président de la République a annoncé le versement d’une prime de 200 euros. Dans ses promesses de candidats, il avait annoncé une revalorisation de 25% de cette allocation au cours de son mandat. S’il réalise cette promesse, cela signifie une augmentation de 5% cette année. Mais force est de constater que cette hausse ne couvre pas à La Réunion l’inflation dans l’alimentation. Et avec les tendances mondiales sur les prix des céréales par exemple, cette hausse des prix dans les produits de première nécessité va s’amplifier.

Cela met le doigt sur un fait.
En France, Nicolas Sarkozy reconnaît que le minimum vieillesse est un revenu insuffisant, puisqu’il décide de l’augmenter de 25% en 5 ans. Mais cela est encore plus vrai à La Réunion où l’État reconnaît lui-même que les prix sont 50% trop chers. Même si, dans notre île, les prix n’augmentaient pas plus vite qu’en France au cours des 5 prochaines années, cette hausse de 25% ferait que le retraité réunionnais au minimum vieillesse aurait un pouvoir d’achat inférieur à celui qui vit en France avec le même revenu minimum.

Ce qui veut dire que le montant du minimum vieillesse restera à La Réunion nettement insuffisant, d’autant plus que face à la persistance du chômage structurel, la proportion de travailleurs condamnés à cette allocation au terme d’une dure vie de labeur est très nettement supérieure à La Réunion.


83% d’augmentation pour le prix du blé

Dans un communiqué daté du 13 février, la FAO signale qu’en un an, le prix du blé a augmenté de 83%. Ce phénomène touche d’autres produits, et va se poursuivre, malgré une croissance importante de la production.

« Les prévisions indiquent la possibilité d’une hausse significative de la production céréalière mondiale en 2008, mais les prix internationaux de la plupart des céréales vont rester à des niveaux élevés records, et certains, continuer de progresser, a indiqué la FAO.

La hausse prévue de la production résulte de l’expansion des cultures d’hiver et d’une météo favorable pour les principaux producteurs en Europe et aux États-Unis, couplées avec des perspectives généralement satisfaisantes dans le reste du monde, selon le dernier rapport de la FAO "Perspectives de récoltes et situation alimentaire".

Avec des stocks en baisse, la demande qui demeure élevée pour les céréales maintient la pression à la hausse sur les prix internationaux, en dépit d’une récolte mondiale record la saison passée, a indiqué le rapport. Les prix internationaux du blé en janvier 2008 étaient en hausse de 83% par rapport à ceux de janvier 2007.

Bien que les prix soient élevés, le commerce mondial total de céréales devrait atteindre un sommet en 2007/08, tiré en grande partie par une forte augmentation de la demande de céréales secondaires, particulièrement pour le fourrage dans l’Union Européenne » (...), selon le rapport.

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Messages

  • moi j travail dans un intermarché et j sais comment ca se passe mon patron suprime les sous marque top budget de plus en plus et mais en valeur tt les produit intermarché il refait les rayons et mais les produits de marques moins en valeurs dc une baisse de chiffre importante pour les produits de marque dc il y a des concequence il remonte leurs prix car ils st en baisse mais pas pour mon patron son propre magasin


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