Conséquence de la crise économique dans le monde

Hausse sans précédent du chômage chez les jeunes

19 juillet 2010

Un nouveau rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) publié mercredi montre que la crise économique mondiale a entraîné une hausse alarmante du chômage des jeunes dans le monde. Depuis le troisième trimestre 2008, le taux de chômage des 14-25 ans a ainsi augmenté de plus de 7%, la hausse la plus brutale jamais enregistrée sur une période aussi courte.

« Cette tendance a exacerbé les défis latents et il y a fort à craindre que, si l’on ne fait rien, la situation des jeunes va devenir intenable, menaçant la cohésion sociale », s’inquiète le directeur de l’Institut international d’études sociales, Raymond Torrès, qui a codirigé la rédaction du rapport avec Steven Tobin, économiste au Bureau international du travail.
Les jeunes, c’est-à-dire les personnes âgées de 15 à 24 ans, ont été frappés de manière disproportionnée par la crise. Le taux de chômage moyen de cette catégorie dépasse les 21%. Au total, les jeunes représentent plus de 22% de la hausse du nombre de chômeurs depuis le début de 2007, et leur nombre atteint maintenant près de trois fois le niveau moyen observé chez les adultes de 25 ans et plus.
« Avec des conditions qui continuent de se dégrader sur le marché du travail, le chômage de longue durée des jeunes a déjà commencé à augmenter dans presque tous les pays, surtout en Espagne et aux États-Unis. L’impact du chômage de longue durée sur la jeunesse peut être dévastateur et durable », déplore Raymond Torrès.
« Les jeunes, qui manquent d’éducation générale ou professionnelle et d’expérience, sont tout particulièrement vulnérables à la crise. Nombre d’entre eux qui ont du travail sont “surqualifiés” pour le poste qu’ils occupent. Un sentiment de découragement et de précarité se répand à toute vitesse », a-t-il ajouté.

Le danger des plans de rigueur

Plus les jeunes sont coupés longtemps du marché du travail, plus il est difficile et coûteux pour eux de retourner ensuite vers des emplois productifs. Le chômage des jeunes augmente également les risques de « comportements anti-sociaux comme la délinquance juvénile », souligne le rapport.

Avant la crise, le chômage des jeunes était déjà plus élevé que celui des adultes et les perspectives d’emploi se détérioraient. « De nombreux jeunes ne voient pas vraiment l’intérêt de poursuivre leurs études ou leur formation, ce qui pourrait avoir des conséquences socio-économiques extrêmement négatives à moyen terme », s’inquiète Raymond Torrès.
Le poids des déficits budgétaires publics des pays amenuise encore davantage l’impact des politiques publiques qui sont aussi revues à la baisse. « Cette logique purement financière contribue sans doute à améliorer l’équilibre budgétaire à court terme, mais elle risque d’entretenir les maigres perspectives d’emplois pour les jeunes à long terme. L’assainissement budgétaire doit donc être conduit avec prudence, tant dans le rythme que dans le contenu des mesures », plaide Raymond Torrès.
Selon lui, les politiques publiques mises en place afin de favoriser l’emploi des jeunes « ne fonctionneront que s’il y a, d’une part, assez d’emplois créés en général et, d’autre part, si les emplois sont de qualité suffisante ».

Le rôle des partenaires sociaux

Pour l’OIT, il s’avère nécessaire de combiner des politiques macroéconomiques de soutien, des transitions renforcées du système éducatif vers la vie professionnelle, et une prise en charge bien conçue des chômeurs ou de ceux qui sont menacés d’exclusion est nécessaire. Des pays comme l’Allemagne ou le Brésil y sont parvenus, note les auteurs du rapport.
« La crise doit être considérée comme une occasion de résoudre les problèmes chroniques de l’emploi des jeunes et de développer des stratégies qui prennent en compte toutes les dimensions du travail décent et pas seulement l’emploi des jeunes en termes quantitatifs », a encore souligné Raymond Torrès.
« Les partenaires sociaux ont un rôle clé à jouer pour relever les défis que rencontrent les jeunes et pour créer un environnement durable où les jeunes peuvent mettre leur potentiel de développement au service de leur bien-être individuel et de l’intérêt général », a-t-il conclu.

Luttes pour l’emploi

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