Projet de réforme des retraites à l’Assemblée nationale

Huguette Bello : des conséquences désastreuses à La Réunion

9 septembre 2010

Seule parlementaire de l’Outre-mer inscrite dans la discussion générale consacrée au débat sur les retraites, Huguette Bello est intervenue le mardi 7 septembre à la tribune de l’Assemblée nationale. Elle a attiré l’attention du gouvernement sur les effets désastreux des mesures prévues par cette réforme. Elle a insisté sur les conséquences particulièrement redoutables de ce projet de loi pour La Réunion. Extraits de son discours.

(…) Lourdes et sévères pour la grande majorité des citoyens, les conséquences de cette réforme seront encore plus redoutables lorsque les mesures qu’elle propose seront appliquées dans des territoires qui cumulent chômage, précarité et difficultés de toutes sortes. Ainsi des Outre-mer. Aux effets intrinsèquement négatifs de ces mesures s’en ajouteront d’autres, conséquence de leur totale inadaptation au réel. (...)
À La Réunion, où le chômage de longue durée atteint des records, les taux d’activité sont plus faibles et le temps partiel largement répandu : il est facile de prévoir qu’il va devenir de plus en plus difficile à beaucoup de Réunionnais de percevoir une retraite à taux plein. 30% des retraités sont déjà au minimum vieillesse, soit six fois plus qu’au niveau national. Et cette proportion a toutes les chances de s’aggraver puisque l’alignement du montant du SMIC ne remonte qu’à une vingtaine d’années.
Pour les jeunes, dont plus de la moitié est au chômage et qui doivent, lorsqu’ils travaillent, se contenter d’emplois précaires, le scénario est simplement catastrophique. Comme ils le disent eux-mêmes, les jeunes craignent de « subir la triple peine ». Sous-payés même quand ils ont un diplôme, pénalisés à leur entrée sur le marché du travail notamment par le maintien au travail tardif des seniors, et, à la sortie, empêchés de disposer d’une retraite à taux plein. Une société démocratique pourrait éventuellement imaginer, ne pensez-vous pas, de proposer d’autres perspectives à sa jeunesse ? Même la validation des années d’études supérieures et de stage, qui existe pourtant dans d’autres pays européens et, depuis longtemps, pour les Grandes écoles françaises, leur est petitement chipotée.
Et comment ne pas parler des femmes auxquelles cette réforme va imposer une lourde et injuste contribution ? Loin d’atténuer les inégalités existantes, elle les aggrave. Les petits salaires, le temps partiel (le plus souvent subi) et les interruptions de l’activité sont surtout le lot des femmes, et se répercutent sur leurs retraites. Elles seront encore plus nombreuses à devoir travailler jusqu’à 67 ans.
À La Réunion, où bon nombre de femmes ne peuvent travailler en moyenne que 600 heures par an, il faudrait à ces femmes travailler une centaine d’années pour valider le nombre d’annuités requis par la règle dite des « 200 heures SMIC ». J’ose espérer que les solutions que la présidente de notre délégation des droits aux femmes proposera pour la prise en compte de ces temps très partiels seront suivies. Tous les salariés qui ne sont pas à plein temps, notamment les travailleurs saisonniers, attendent d’ailleurs des améliorations dans ce domaine. (…)
La crise vient de nous en fournir une preuve éclatante : le financement du système de retraite repose en bonne partie sur le marché du travail. Des emplois créés, des emplois détruits : voici des cotisations vieillesse en plus ou en moins. (…)

A la Une de l’actuHuguette Bello

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Messages

  • Merci Mme Huguette Bello, pour votre intervention à l’Assemblée Nationale ce 7 septembre. Serait-il possible d’avoir une vidéo dans l’hémicycle de notre député(e) dans Nout Zournal OnZeWéb , ce qui permettrait à un grand nombre de voir et d’entendre celle qui se bat pour les autres.

    Cette possibilité, quand elle sera offerte corroborera le titre même de Nout Zournal OnZeWéb : "Témoignages".

    Quitte à ne donner l’accès qu’aux abonnés, cette éventualité ferait le bonheur de bien des réunionnais de par le monde, qui, eux aussi, veulent que :
    "La Réunion lé en l’air".


Témoignages - 80e année


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