Huguette Bello : Investir dans l’éducation et la formation plutôt que supprimer

6 mai 2008

Alain Witz a récemment évoqué, dans la rubrique ’Question du Jour’, l’intervention d’Huguette Bello à l’Assemblée nationale. Voici - in extenso - la question qu’elle a posée au Ministre de l’Education nationale.

Semaine après semaine, lycéens et enseignants manifestent pour protester contre la suppression de milliers de postes dans le service public de l’éducation. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les justifications du gouvernement qui consistent surtout à opposer le quantitatif au qualitatif ont du mal à convaincre. Et pour cause !

Diviser le nombre d’élèves par le nombre d’enseignants est sans doute commode pour communiquer, mais laisse de côté trop de données. Ce ratio ne dit rien des disciplines enseignées : la France n’est-elle pas, par exemple, le seul pays qui propose à tous ses élèves de terminale un enseignement de la philosophie ?

De même, ce ratio ignore totalement les disparités entre territoires. L’Académie de La Réunion, qui connaît les taux d’encadrement les plus faibles de la République et où les effectifs scolaires continuent d’augmenter, va subir la suppression d’au moins 73 postes à la rentrée prochaine. Une telle décision intervient alors même que, de leur côté, les collectivités locales doivent, chaque année, construire un lycée et deux collèges pour combler les retards et améliorer l’accueil et les conditions d’étude des milliers d’élèves. Les collégiens et les lycéens de La Réunion peuvent-ils vraiment subir, sans préjudice, la suppression de 25 postes en lettres et de 15 en sport où, d’ores et déjà, le recours aux contractuels est démesuré ?

La jeunesse refuse la querelle des chiffres, car elle refuse une vision utilitariste de l’enseignement et de l’éducation. Elle dit oui à une formation qui débouche sur un emploi. Mais elle aspire aussi à un enseignement qui lui permette de penser et de comprendre le monde.

Réforme du Bac Professionnel, licenciement massif des personnels précaires, diminution des heures en Primaire et réduction des postes d’enseignants, l’Éducation nationale n’est pas épargnée par ce que vous appelez la réforme. Mais ces réformes-là ont un point commun : elles visent toutes à réduire les moyens. Personne ne prétend que leur augmentation est à elle seule la clé du succès de l’Éducation nationale, mais nous savons tous que la diminution systématique des moyens, notamment des personnels, conduit inévitablement, à plus ou moins long terme, à l’échec.

C’est d’ailleurs tout le sens de la stratégie de Lisbonne dont le pilier social invite (je le rappelle) « les Etats-membres à investir dans l’éducation et la formation ».

Aussi, Monsieur le Ministre, pendant qu’il en est encore temps, nous vous demandons de suspendre vos décisions et d’agir selon un seul critère, le seul qui compte, l’avenir de chaque jeune et, partant, celui de la société tout entière.

Huguette Bello

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