Chantal

« Il n’y a pas de place à La Réunion pour les gens qui sont racistes »

8 décembre 2010, par Jean Fabrice Nativel

Chantal milite et s’associe à de nombreuses causes. À elle, des personnes viennent confier les difficultés rencontrées dans leur vie personnelle et professionnelle. Rencontre avec cette dame de cœur… et de combat.

Chantal, votre soutien, vous l’apportez à de nombreuses causes, exposez-nous certaines d’entre elles.

- Envers les femmes, les hommes et les enfants, je note de nombreuses injustices.
(Primo) Encore trop de femmes, de nos jours, dépendent de leurs compagnons. Pour moi, ce qui est primordial dans la vie de ménage, c’est avant tout que l’on fasse preuve d’entraide et de respect l’un envers l’autre. L’idéal serait que le couple travaille.
(Deusio) Quand entre le père et la mère, cela ne va pas, il est important de savoir que cela a des répercussions sur la vie de l’enfant. Qu’il soit à l’école ou en famille, il éprouve un malaise du fait du comportement de ses parents.
(Tertio) Beaucoup de personnes sont victimes de harcèlements sur le lieu de travail ou dans leur vie de couple, etc., et de racisme notamment dans leur emploi ou scolarité.

Ces actes de harcèlements et de racisme, on vous les confie, mais bien qu’on commence à en parler, les victimes pourtant les subissent, pourquoi, selon vous ?

- Ces personnes n’osent pas porter plainte, elles ont cette peur d’aller devant la justice bien qu’elles ne soient pas coupables de ce qui leur arrive. Une des raisons est la pression exercée sur elles dans le cas d’un harcèlement sur leur lieu de travail. On leur dit que si elles agissent en conséquence, elles perdront leur emploi. Elles préfèrent alors supporter leur situation. Avec la crise, si elles ne travaillent pas, comment feront-elles pour subvenir aux besoins de leur famille ? De mon côté, bénévolement, je leur apporte mon soutien.

Que savez-vous du racisme ?

- Un matin, je demande à un ami que je rencontre si aujourd’hui il ne se rend pas à son travail. Il me répond que « non » et me confie qu’« une personne l’a traité de bougnoul, de gros cafre, etc. ». Face à ces insultes, il s’est défendu. Ceci pour vous dire que, de nos jours, le racisme existe bien à La Réunion.

Lutter contre les injustices, c’est ce à quoi vous vous consacrez avec vos collègues de l’association Non au racisme, respèkt a nou ?

- J’ai rejoint cette association pour dénoncer “l’affaire Copy”. C’est inadmissible que dans notre île métisse à l’Histoire riche, l’on soit raciste ! Il n’y a pas de place à La Réunion pour les gens qui sont racistes.

D’une autre cause vous souhaitez nous faire part ?

- Depuis des années, avec l’association Entraide, j’apporte mon concours aux personnes sans domicile fixe. Pour cela, on a réalisé la Caravane de la solidarité, distribué des jouets et vêtements. Avec une autre structure, on les a emmenés visiter des villes où celles-ci ont mis à notre disposition des guides et offert le repas. Une fois pour la Fête des Mères, on a habillé et maquillé des femmes SDF. Sans oublier la lutte que je conduis contre les abus sexuels.

De 2010, que retenez-vous ?

- Cette année a été très, très dure pour la population réunionnaise. Le coût de la vie a cru, les PME et PMI ont rencontré des difficultés, les entreprises pour certaines ont été mises en redressement ou liquidation judiciaire, et pour d’autres ont été fermées.

De 2011, qu’attendez-vous ?


- Il est urgent que l’on débloque des fonds pour les entreprises et plus de subventions pour les associations. Du coup, elles retrouveraient de l’activité et créeraient des emplois. J’allais oublier, gageons que les employés de l’ARAST soient enfin payés.

Et pour vous ?


- Je suis âgée de 50 ans et mon vœu est de retravailler jusqu’à l’âge annoncé dans la réforme des retraites.

Chantal apporte sa pierre pour lutter contre les injustices. Ce combat est mené par bon nombre d’entre nous. C’est pourquoi « je remercie et salue toutes les associations, tous les donateurs et particuliers pour leur contribution au bien-être de ces personnes en difficultés ».

Texte et photo Jean-Fabrice Nativel


« Des personnes, dont des handicapées, viennent récupérer de la nourriture dans les poubelles »

Chantal nous alerte sur une situation qui l’a consternée, et qui est préoccupante. Non loin de chez elle, « 3 fois par semaine », précise-t-elle, « des personnes, dont des handicapées, viennent récupérer de la nourriture dans les poubelles d’une grande surface ». Pour elle, « cela est inadmissible ». « Elles n’ont pas honte, elles gagnent peu d’argent et ont besoin de manger », explique-t-elle.


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