Alliance des réunionnais contre la pauvreté

« Il ne suffit pas de dire qu’on va respecter des engagements, il faut un calendrier »

21 janvier 2010, par Edith Poulbassia

La réaction de l’Alliance des réunionnais contre la pauvreté ne s’est pas faîte attendre au lendemain des vœux du président de la République à l’Outre-mer. L’ARCP retient que 52% de la population ont été oubliés de la visite, comme si « un mur avait été monté devant le président pour ne pas voir la pauvreté ».

Que retenir de la visite du président de la République ? L’Alliance des réunionnais contre la pauvreté (ARCP) n’a pas attendu pour livrer ses impressions sur ce déplacement présidentiel.
Hier, l’ARCP n’a pas caché sa déception. « Il n’a pas eu un mot pour le social, 52% de la population ont été oubliés de son discours », lance d’emblée Roland Lambert avant d’ajouter que la pauvreté n’a cessé d’augmenter depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence : « Le fossé continue de se creuser entre les classes sociales. Il oublie les demandeurs d’emploi, les demandeurs de logement... », Jean-Hugues Ratenon situe cette visite dans son contexte, c’est-à-dire après le mouvement du COSPAR, les États généraux de l’Outre-mer et la formulation de 137 mesures suite au Conseil interministériel il y a deux mois. L’ARCP s’attendait donc logiquement à l’annonce d’une mise en œuvre. « Il ne suffit pas de dire qu’on va respecter des engagements, il faut un calendrier », estime Jean-Hugues Ratenon.

L’ARCP remarque l’incapacité du président à répondre aux personnes en détresse sociale, comme les ex-salariés de l’ARAST ou encore les personnes âgées pour le paiement anticipé du minimum vieillesse, « alors même qu’il suffirait d’un décret ».

Sur le problème de la vie chère, l’un des quatre principaux objectifs annoncés le soir des vœux à l’Outre-mer, l’ARCP constate la contradiction entre les discours et les actes. L’Observatoire des prix et des revenus n’est toujours pas indépendant. « Le préfet est encore président et il décide seul de l’augmentation des prix des carburants, sans tenir compte des annonces du président et des rapports des commissions », constate Jean-Hugues Ratenon.

Pas de développement durable sans cohésion sociale

L’ARCP regrette aussi la confusion entre l’assistanat et la solidarité : « Le peuple ne demande pas l’assistanat, mais la solidarité pour sortir de la crise ». De même, le problème pour les jeunes, ce n’est pas vraiment la formation, mais l’emploi. 6.000 à 7.000 jeunes diplômés sont sans emploi, souligne Jean-Hugues Ratenon. « La formation ne crée pas l’emploi, mais les conditions pour y accéder ». Il rappelle d’ailleurs que l’État a mis au chômage des centaines de jeunes assistants d’éducation formés et que sur 1.000 emplois créés chaque année dans la fonction publique dans l’île, une centaine seulement sont attribués à des Réunionnais.

L’ARCP s’étonne que le président de la République puisse parler de développement durable en occultant la pauvreté. « Comment peut-on parler de GERRI quand la population recule, quand il y a un problème de cohésion sociale. On ne peut pas continuer comme ça. Faire croire le contraire, c’est tromper les Réunionnais », affirme Jean-Hugues Ratenon.

L’ARCP n’a pas pu transmettre au président ses 30 propositions pour sortir de la pauvreté. Elle continuera cependant à rencontrer les Chambres consulaires et les collectivités locales pour exposer les bases d’une politique sociale au service du développement économique. L’ARCP se prononce pour une nouvelle gouvernance sociale, pour sortir la population du RMI et redonner la dignité volée à travers le travail.
En tout cas, la mobilisation de l’ARCP reste intacte. Elle passera par les élections régionales mais aussi par des actions des militants.

E.P.

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