160 soudeurs thaïlandais à la centrale thermique du Gol

“Il y a anguille sous roche...”

4 mai 2005

Jean-Hugues Ratenon et Maryse Dache rencontraient hier le Préfet Dominique Vian, ainsi que le directeur du travail, Serge Leroy, pour s’entretenir de l’avancée du dossier de la centrale thermique du Gol, un dossier qu’ils veulent tirer au clair.

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Petit rappel des faits. Dans le courant du mois d’avril, le monde syndical, associatif et politique s’indignait de l’annonce de la centrale thermique du Gol et de l’entreprise Ansaldo, qui projetait d’engager 160 soudeurs thaïlandais, pour les travaux d’extension. Le collectif Agir pou nout tout écrivait à l’occasion un poème revendicatif, appelant par ailleurs à constater les effets de l’ouverture des marchés mondiaux, "un marché, où la concurrence est libre et non faussée". "Si la Constitution européenne lé voté, voilà sat i sar arivé oté".
La porte est ouverte aux porteurs de gros capitaux, qui souhaitent s’engraisser sur la misère du monde. Serge Leroy, directeur du de la Direction du travail, s’en défend. Il est hors de question de brader le travailleur. "Tout salarié qui travaille en France doit avoir le minima en vigueur", déclare-t-il, mais pour ce qui concerne l’affaire des 160 soudeurs thaïlandais, "c’est le préfet qui prend toutes les décisions en la matière".
Après l’indignation générale des Réunionnais, l’action menée par Agir pou nout tout et l’intervention du préfet Dominique Vian, l’entreprise Ansaldo est obligée de revenir sur sa décision, bien que cette société campe sur sa position : hors de question d’embaucher des Réunionnais. Peut-être des Italiens ?

80 soudeurs réunionnais qualifiés

Selon Jean-Hugues Ratenon, président d’Agir pou nout tout, "les Réunionnais sont jugés incapables d’accomplir ses tâches". Par ailleurs, "l’entreprise veut des employés habitués à travailler ensemble". Voilà donc les deux motifs exposés par Ansaldo, par la voix de son gérant Marco Polo. Manque de qualification, difficulté d’adaptation au travail. Ce sont là des préjugés insoutenables sur la société réunionnaise, qu’il importe de dénoncer. Jean-Hugues Ratenon note que le directeur de l’ANPE certifie qu’au moins 80 soudeurs réunionnais sont hautement qualifiés pour effectuer les travaux d’installation des chaudières. M.Turcotti, le directeur de l’ANPE, indique également que les Réunionnais sont capables de se former et qu’il existe des centres compétents à La Réunion pour organiser la formation. Ansaldo devrait dès lors constater l’impertinence de son argumentation. Les services de l’État se replient sur les règles en vigueur en matière de libre circulation. Directive Bolkestein oblige ou inéluctable assujettissement au diktat de l’OMC ?
Hier, Dominique Vian faisait presque campagne pour le “oui” au Traité constitutionnel, sans prendre compte de la situation exceptionnelle de l’emploi dans notre pays. Avec un taux de chômage trois fois supérieur à la moyenne nationale, il ne trouve pas mieux à dire que "tout roule à La Réunion. La politique de l’emploi se déroule à merveille". Voilà qui nous rassure de l’attention de La France pour tous les travailleurs réunionnais privés d’emploi. L’ANPE estime que le dossier Ansaldo ne bouge pas. D’ailleurs, pour le préfet, le dossier est clos. L’ANPE n’ayant plus le monopole de l’embauche, elle n’a quant à elle pas été consultée. Ça sent l’anguille sous roche. Mais, au cas où le représentant de l’État s’intéresse à la pêche, il faut qu’il sache qu’il n’y a pas meilleur pécheur d’anguille qu’un Réunionnais, à qui on tente de lui prendre du “riz” de sa bouche.

Bbj


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