Solidaires crée une Section des Retraités de La Réunion

Il y a une vie après la retraite

10 octobre 2007

L’Union Syndicale Solidaires a annoncé hier la création d’une Section des Retraités de La Réunion qui sera affiliée à l’Union Nationale Interprofessionnelle des Retraités de Solidaires. Son objectif : fédérer les retraités pour leur permettre de défendre, d’une même voix, leurs droits, en proie à de multiples attaques.

Partant du constat qu’il n’existe pas, au sein des organisations syndicales, de structure spécifique visant à assurer exclusivement la défense des droits des retraités et considérant que la politique gouvernementale actuelle, plutôt que de prendre en compte leurs difficultés, les accroît, Solidaires propose de rassembler les retraités au sein d’une section représentative, comme initié par le syndicat en Métropole.

« Arriver à une organisation inter-professionnelle... »

« L’objectif de cette section est de créer une entité capable de défendre les intérêts des retraités qui, aujourd’hui, subissent de plus en plus d’attaques », explique Jocelyn Cavillot, porte-parole de Solidaires. Car, après une vie de labeur, la retraite n’a rien d’un long fleuve tranquille. Les travailleurs du BTP finissent complètement cassés, à l’heure où ils aspirent à un repos bien mérité. Idem pour les salariés des usines, les professionnels qui exercent un métier de bureau et qui souffrent de maladies invalidantes telles que les troubles musculo-squelletiques. Plus généralement, la sacro-sainte prérogative de flexibilité instaurée depuis 20 ans dans le monde du travail use physiquement et moralement bon nombre de travailleurs qui, une fois leur temps réglementaire accompli (40 ans, 41 ans souhaite le MEDEF, pour arriver bientôt à 42, 43...), sont loin de la sérénité qui auréole, à tort, l’image du retraité.
Alors que son pouvoir d’achat, au même titre que celui du salarié, régresse, ses besoins en termes de soins sont plus importants. Mais avec l’instauration de la franchise médicale de 50 centimes d’euro sur chaque boite de médicament, qui fait suite au déremboursement massif de plus de 220 médicaments, l’obligation de faire appel à une assurance complémentaire dont les tarifs n’ont de cesse d’augmenter, le déficit de structure pouvant accueillir des personnes âgées... le droit à la santé se fractionne pour n’être bientôt plus effectif que pour ceux qui peuvent en payer le prix. Si Solidaires ne rassemble, pour l’heure, dans sa section que les fonctionnaires d’Etat, ceux qui adhérent déjà dans les secteurs des Finances, de la Santé, des PTT, de l’Education, de la Météo, elle aspire à une plus large ouverture. « Notre objectif est d’arriver à une organisation inter-professionnelle qui intègre tous les retraités du public comme du privé », signale encore Jocelyn Cavillot, qui souligne parler de section en attendant d’avoir les moyens de constituer une vraie structure.

Baisse du pouvoir d’achat des retraités

Une section qui compte déjà défendre la remise en cause de l’Indemnité Temporaire de Retraite (ITR), à savoir la majoration de 35% pour les salariés de la Fonction publique d’Etat, que le gouvernement envisagerait de supprimer pour les retraités. « Si l’on considère que la vie est chère pour un actif, elle le demeure pour un retraité, comme elle l’est d’ailleurs pour tous les autres salariés, qu’ils soient du public ou du privé », souligne Jocelyn Cavillot. Pour soi-disant augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs, le gouvernement Sarkozy préconise frauduleusement de travailler plus pour gagner plus, mais ne prévoit rien pour les inactifs, jeunes ou seniors en recherche d’emploi, retraités dont le salaire évolue en fonction de l’indice des prix de l’Insee, par essence contestable et contesté. C’est donc une lutte pour défendre leurs acquis mais aussi faire entendre leurs voix, de plus en plus nombreuses, dans un contexte de basculement démographique, qui s’impose aux retraités.
« On se rend compte par exemple que les retraités ont de plus en plus de difficultés à payer leurs impôts fonciers, du fait justement de leur baisse de revenu et de l’augmentation des taxes »,
argumente encore le porte-parole de Solidaires. Au sein de cette nouvelle section, ils pourront par exemple plaider en faveur du développement des structures d’accueil pour les personnes âgées, exiger une politique prospective de la part de l’Etat, qui se désengage en la matière, laissant ainsi le privé occuper le terrain de l’aide à la personne, moyennant finances. Cette section pourra organiser des manifestations si nécessaire, s’exprimer avec plus de poids sur la question des régimes spéciaux de retraites, mettre en lumière le quotidien de la vie après le travail. Rappeler entre autres que les retraités épaulent financièrement beaucoup la jeune génération qui a du mal à trouver sa part dans le gâteau partagé du travail, ou souffre de ne pouvoir en vivre décemment tous les jours.
Dans une société qui se nourrit inconsciemment de division, cette section, si elle parvient à l’ouverture à laquelle elle aspire, ne peut être que la bienvenue. Pour Jean-Claude Bénard, délégué général de Solidaires Réunion, alors que le gouvernement n’a de cesse de s’attaquer aux plus faibles, « elle est indispensable. Quand on n’est plus actif, c’est difficile de se faire entendre, alors si l’on ne part pas dans ce sens, on est foutu ! ». EDF, SNCF, RATP : l’accès a été mis par le président de la République sur les régimes spéciaux de retraites, mais en mai 2008, c’est la loi Fillon qui sera remise sur la table. À chacun, son tour viendra comme l’actif deviendra un jour retraité, si la retraite existe encore !

Stéphanie Longeras


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