Débrayage au Lycée Stella : soutien aux contrats précaires

Il y a « urgence vitale »

17 novembre 2007

Mercredi matin, 70% du personnel enseignant et 100% des agents administratifs et d’entretien du Lycée Stella ont débrayé pour marquer leur opposition à la non reconduction des contrats des Agents Techniciens Ouvriers de Service qui expirent au 31 janvier 2008. Au total, 300 familles sont concernées par cette paupérisation fonctionnelle et qualitative des établissements scolaires de l’île.

Quatre postes sont concernés par cette première échéance dans le Lycée Stella. Mais sachant que sur les 16 postes administratifs en exercice, 8 sont employés en contrat précaire, l’établissement doit s’attendre à une préjudiciable diminution de son personnel d’encadrement.

« L’établissement va se retrouver en difficulté »

Préjudiciable, car la précarité de leur contrat n’enlève rien à l’utilité de leur mission. Il s’agit d’agents qui assurent le secrétariat, la gestion administrative courante de l’établissement, son entretien, ses services de cantine. « Certains traitent les dossiers de bourses ou encore ont un rôle de médiateurs à l’entrée de l’établissement, précise Laurent Pignard, enseignant au sein du lycée et délégué FO Lycées-Collèges. Ce sont eux qui discutent avec certains jeunes qui ont dans l’idée de pénétrer dans l’établissement pour y mettre le désordre ; eux qui sont là pour calmer la situation ».
Malheureusement, cette frange de l’opinion publique qui se désintéresse de ces familles promises aux minima sociaux, estimant qu’elles étaient au courant au moment de la signature de leur contrat, qu’il aurait une fin, oublie un peu trop vite l’utilité de ces postes pour le bon fonctionnement des établissements, où sont peut-être scolarisés leurs enfants. Ce n’est pas quand il se fera agressé dans la cour par un intrus, qu’il refusera d’aller dans des toilettes souillées qu’il faudra que les parents d’élèves se réveillent. Ce sera trop tard.
Pour l’instant, seule une partie des syndicats, le SGPEN-CGTR en tête, sonne l’alerte. « La solidarité est importante, car on sait que sans ce personnel, l’établissement va se retrouver en difficulté », soutient également Laurent Pignard.
En dépit de cette évidence, Préfecture et Rectorat jouent la carte méprisante de l’autisme. « C’est compliqué de rassembler tout le monde autour d’une table-ronde », concède le syndicaliste. Avant la décentralisation, le Rectorat était le seul interlocuteur concerné. Aujourd’hui, il profite du transfert de compétences pour renvoyer la balle du désengagement de l’Etat aux collectivités, censées recruter le personnel ATOS, sans péréquation des moyens en fonction des besoins largement sous-estimés par l’Etat. La population n’est pas ici celle de la Métropole.
Certains contrats précaires qui travaillent depuis plus de 10 ans dans l’Education nationale (sans bonification de salaire bien sûr) entretenaient l’espoir d’être recrutés en juin. Mais, certains toujours, se sont faits voler la place par de nouveaux arrivants sur la marché non juteux de l’Education. « Certains ont été recrutés sans même jamais avoir travaillé dans un établissement scolaire », déplore Laurent Pignard, confronté au « profond désarroi » de ce personnel. « On parle de salariés, de familles qui ont des enfants, des charges à assumer, une vie sociale à préserver. Il s’agit pour eux d’une urgence vitale ».
Après consultation de l’ensemble des établissements pour dresser un bilan des fins de contrats immédiates et des répercussions en termes de fonctionnement, l’Intersyndicale sollicitera des audiences auprès du Rectorat afin de trouver des solutions. En cas de refus, on peut assurément s’attendre à de nouvelles mobilisations qui iront crescendo en fréquence et intensité.

Stéphanie Longeras


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