Forum social réunionnais

Ils veulent un vrai service public d’information

28 février 2005

Plusieurs participants au FSR veulent créer un comité d’usagers de RFO. Plus exigeants envers les chaînes publiques que les organes privés, ils souhaitent que soit mieux représentée la vie des Réunionnais. Par exemple, une émission sur les conditions de travail des femmes dans les grandes surfaces...

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Pour les 150 participants au Forum social réunionnais, l’expression “service public” a un sens. Une signification tellement forte que plusieurs d’entre eux ont exprimé de vives critiques sur le service public de l’information, incarné chez nous par RFO.
L’idée est venue de l’un des ateliers qui se tenaient hier dans le parc municipal de Saint-Leu. En effectuant la synthèse des différents débats, lors de la réunion plénière, Marc Vandewinkele, de l’ADELS (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale), a transmis la proposition de "création d’un comité d’usagers du service public de RFO".
"C’est prévu par la loi", insistait-il. "Il est inadmissible que l’information soit hiérarchisée par une rédaction qui méprise la vie publique", a-t-il lancé. Les journalistes et les responsables de RFO apprécieront...

"Les partisans du “non” n’ont pas droit à la parole"

Au milieu de la grande variété des thèmes évoqués sous le chapiteau (lire notre encadré) , l’exigence d’un autre service public a été répétée plusieurs fois.
"Un comité d’usagers de RFO, c’est quelque chose qu’il faut mettre en pratique dès aujourd’hui", ajoutait l’une des premières intervenantes du débat. "Regardez ce qui se passe avec la campagne pour le “oui” au référendum sur la Constitution européenne : les partisans du “non” n’ont pas droit à la parole. Il faut faire respecter une information pluraliste".
Les différentes interventions n’ont pas fait dans le détail, ne précisant jamais si on parlait de radio ou de télévision. Effet de ras-le-bol ? Même si Marc Vandewinkele a égratigné la presse d’une manière générale, il ressortait des différentes interventions un refus de voir le service public s’abaisser à une pratique strictement commerciale de l’audiovisuel. En quelque sorte, les citoyens du FSR se montrent plus exigeants pour RFO que pour les autres médias.
Une autre intervenante complétait : "RFO n’est pas le reflet de ce qui se passe aujourd’hui. La population réunionnaise ne se retrouve pas dans ses émissions".
Plus entreprenante, elle questionnait même : "Comment mettre en place une campagne sur les programmes de RFO ? Quand parleront-ils des conditions de travail des femmes dans les grandes surfaces ? Quand parleront-ils des réunions de parents d’élèves, de toutes ces choses importantes pour le tissu social de La Réunion ?"

On aurait dû soutenir les lycéens...

En termes plus techniques, on dirait “information trop institutionnelle”. Et l’intervenante ne s’est pas arrêtée là : "Il faut qu’on y réfléchisse, qu’on fasse peut-être une pétition. Et au prochain forum, on aura peut-être débouché là-dessus ! RFO, ce n’est pas rien : il y a des enjeux financiers, c’est un rapport de forces".
En fin de débat, alors que la pluie faiblissait sur le chapiteau et les grands flamboyants, un intervenant a évoqué les manifestations des lycéens : "La semaine dernière, les lycéens ne nous parlaient pas seulement du Bac et de la réforme. Ils nous disaient qu’ils ne veulent pas se retrouver dans notre monde tel qu’il est". Applaudissements.
"Nous sommes interpellés en tant qu’associations et syndicats", poursuivait l’intervenant, qui aurait bien aimé voir des adultes aider et soutenir ces jeunes. "Et nous avons laissé une pauvre gamine seule à RFO, répondre face à un journaliste, au recteur..."
Dans ce cas précis, le service public d’information a informé. Mais c’est aux citoyens adultes que la critique s’adresse, en leur demandant d’agir plus concrètement. "On ne fait pas plier un système en faisant (seulement) un forum", a conclu l’intervenant. Tonnerre d’applaudissements.

Nastassia


Zot la di

Ida Latchimy, présidente de “Rasine Kaf”, est intervenue hier au Forum social réunionnais. "Les femmes esclaves n’ont pas toutes été des femmes soumises ; elles ont travaillé dur, et leurs descendantes ont aussi travaillé dur". Ida Latchimy a rappelé le placement des fillettes kafrines comme “nénènes” dans les familles, parfois à l’instigation des institutrices. Et même si le sort des jeunes descendants d’esclaves s’est amélioré, ils ont toujours du mal à trouver du travail.

Corinne Ramoune, de la CGTR-commerce, a dénoncé "les bas salaires, la gestion par le stress, le travail les dimanches, jours fériés (dont le 20 décembre)". Selon elle, une question est systématiquement posée aux candidates à un emploi dans les grandes surfaces : "Avez-vous une intention de grossesse ?" Corinne Ramoune a conclu par un appel à la vigilance et au syndicalisme : "Aujourd’hui plus qu’hier, les salariés du commerce doivent se renforcer".


Quatre clubs “Cigales” en création

Quatre clubs de “Cigales” sont en création actuellement dans l’île. Deux à Saint-Denis, un dans l’Ouest et un dans le Sud. Ces “Clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire” sont représentés à La Réunion par quelques familles, qui se sont déjà fait connaître par le “Collège coopératif”.
Jacques Lowinsky (à gauche) monte un projet sur les déchets électriques ; Bertrand Bareigts s’occupe de voyages solidaires. Contact : [email protected]


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