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Richemont Saffre
19 janvier 2011, par
Richemont Saffre aime se retrouver sous ce kiosque du Chaudron à proximité de la cité du même nom à kasé le kui aux dalons réunis autour d’une partie de dominos. Ce jeune retraité de la SNCF de 60 ans — il ne les fait pas —, 4ème d’une famille de 10 enfants, est tout plein d’attention pour sa mère qui a travaillé dur pour faire grandir ses frères et ses sœurs.
Dîtes-nous quelques mots sur votre famille et vous.
- Ma famille se compose de 10 enfants dont 5 filles, moi-même je suis né à Saint-André. Ma mère y travaille dans les champs de cannes puis comme cantinière dans une école. Mon père y exerce le métier de maçon à l’usine sucrière de la Ravine Creuse. Dans les années 60, ils se séparent, ma mère et les marmailles déménagent pour Saint-Denis — l’emploi manque à Saint-André — où elle est bonne (femme de ménage) à tout faire.
De bidonville en bidonville
À Saint-Denis, où vivez-vous ?
- Nous vivons dans un bidonville à la Source (Saint-Denis), c’est une réalité pour de nombreuses familles à cette époque. Pour arriver à la maison, nous empruntons un raidillon, c’est-à-dire un sentier de terre [1] avec un dénivelé de 50%. Cette voie est bordée d’un côté par in karo zanbrovat et de l’autre par in karo chanpan [2]. Quand il pleut, le sentier devient infernal, nous nous tenons aux branches pour remonter.
Décrivez-nous ce bidonville.
- Il se compose de deux pièces en bois sous tôles, dans l’une maman et les filles dorment, et dans l’autre les garçons. Chacune est pourvue d’un lit piké réalisé en bois de goyave et d’un matelas en guenilles rempli avec de la paille de maïs. Le parquet est en béton ankostik. Dans la cour qui nous sert de salon se trouve une cuisine. Pour y entrer, nous nous courbons.
C’est dans ce bidonville qu’en 1962, la famille vit le passage du cyclone Jenny. J’ai 11 ans. La case tremble, le vent est violent. Nous avons peur de voir déraciner le pyé d’banoir sur laquelle elle est construite. Mais plus de peur que de mal.
Comment se passe la vie au quotidien ?
- Notre scolarité s’effectue à l’école des Camélias (rue Ruisseau des Noirs) où le directeur est M. Mondon. Matin et soir, avant et après les cours, nous sommes de corvée d’eau à la fontaine publique baptisée la « fontaine moulin café ». L’occasion de se retrouver et de se faire des amis. Quelques fois, nous nous bagarrons, nous analysons notre force, kisa lé plu for, kisa lé plu fèble ? La kaz navé in lamp pétrol a bobèch, nou té rogard Sin Dni, lété iluminé. Ant frè é sèr, nou té di a nou : « in jour, nout kaz i sora iluminé kom Sin-Dni ». Nous quittons le bidonville de la Source pour aller aux Camélias/Château Morange. Il est plus sociable.
« Toi, ce n’est pas la peine d’apprendre à lire, apprends à compter… »
Une nouvelle vie commence ?
- Nous habitons toujours un deux pièces avec les mêmes meubles, situé sur le terrain de M. Rivière. En face un autre terrain de bidonvilles, celui de M. Viadère. Sur les bancs de l’école Candide Azéma — il assiste à sa construction —, nous nous retrouvons. Un jour, un maître d’école me dit, alors que je suis en fin d’études : « toi, ce n’est pas la peine d’apprendre à lire, apprends à compter, comme ça, lorsque tu vendras des cacahuètes au stade de la Redoute à l’occasion de matchs de football, les gens ne te voleront pas ».
Quelles étaient vos distractions ?
- Nous jouons non loin de Château Morange. S’y trouvent les premiers logements SIDR avec un jardin d’enfants. On joue à la balançoire, au toboggan, au tourniquet, dans le bac à sable — c’était comme la plage pour nous — destinés aux en enfants de ses locataires. Quand nous sommes trop nombreux, té fé kour a nou, nou té rovyin a pré.
Et votre mère, que faisait-elle ?
- Elle est toujours bonne à tout faire. Sa journée commence à 7h du matin et se termine à 6 heures du soir — notre plus grande sœur s’occupe de nous. Elle effectue la garde des enfants, le ménage, le lavage du linge, la cuisine, le repassage. Arrivée chez nous, elle se consacre aux mêmes tâches. C’est une femme courage. Il fallait le faire.
Que se passe-t-il ensuite ?
- J’assiste à la destruction de ces deux terrains de bidonvilles. Ceux d’entre nous qui ont un peu plus d’argent se retrouvent dans des appartements SIDR avec un peu plus de standing à Saint-Denis. Les autres comme nous sommes entassés ensemble au Chaudron à Sainte-Clotilde. Certains l’appellent la cité Michel Debré, moin mi apèl a li la cité Chaudron. Dans cet appartement de 5 pièces, nou la retrouvé la limyèr Sin Dni ke nou té voi la Sours.
Richemont Saffre se souvient des évènements de sa vie comme si cela s’était passé hier. Avec humour et réserve, il les décrit. Dans une prochaine édition, nous aborderons avec ce marcheur et amateur de course pédestre le temps du service militaire « ke mi té èm pa », du Bureau pour le développement des migrations dans les Départements d’Outre-mer (BUMIDON) ou son départ de La Réunion, et le retour dans l’île de ce militant de la Section communiste de Saint-Denis.
Texte et photo Jean-Fabrice Nativel
(à suivre)
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