Jean-Pierre Técher, responsable d’Agir contre le Chomage (AC)

« Inacceptable »

29 janvier 2008

« On dit non ! », s’insurge Jean-Pierre Técher qui, au titre d’AC, est venu hier matin devant le Rectorat pour apporter son soutien à ces familles « qui vont venir demain augmenter la masse déjà trop importante de chômeurs à La Réunion ».

Jean-Pierre Técher : « On ne peut pas dire que l’on fait la chasse aux chômeurs et en même temps être pourvoyeur de chômage ! » (photo SL)

L’État : « pourvoyeur de chômage »

Si ce dernier qualifie ce dossier d’« inacceptable, inadmissible sur le plan humain », il pointe également du doigt les positions paradoxales et incohérentes de ce gouvernement, « cette politique qui consiste à dire tout et son contraire tout à la fois ». « Il y a une contradiction entre l’affichage officiel, cette volonté de diminuer le chômage et en même temps l’Etat qui ne veut pas trouver de solutions pour ces personnes et préfère refiler le bébé aux collectivités, sans les moyens financiers adaptés ».
Selon Jean-Pierre Técher, attendu que les emplois ATOS ont été créés avant le transfert de compétences, il appartenait à l’Etat de trouver pour eux les solutions d’insertion pérennes. « On ne peut pas dire que l’on fait la chasse aux chômeurs et en même temps être pourvoyeur de chômage !, défend-il. On nous dit qu’on se complait dans un système d’assistance, mais ces personnes ont un travail, exercent des fonctions très utiles, et ce sont les premiers renvoyés au chômage ! ». Pour le responsable d’AC, des solutions peuvent être trouvées si l’Etat accepte de se mettre autour d’une table avec les autres acteurs de ce dossier. « C’est un impératif, une obligation sur le plan humain et social. Il y a des solutions, on peut trouver des moyens, et l’Etat doit être ici irréprochable ».

« On livre les chômeurs aux patrons »

Autre incohérence : le fait que l’on dise qu’il y a des emplois non pourvus à La Réunion en raison d’un manque de qualification et que, dans le même temps, l’Etat n’ait pas assumé ses responsabilités sur ce point avec ces personnels, d’une part, et qu’il propose maintenant un nouveau contrat précaire, le CUI (Contrat Unique d’Insertion), dépourvu de cette obligation. « Contrat emploi consolidé, Contrat emploi jeune, Contrat d’avenir... on s’est toujours battu pour que les emplois précaires bénéficient d’une formation, mais là, avec ce nouveau CUI, on dit qu’on simplifie l’emploi précaire sur 1 an, mais sans formation. Avant, les contrats aidés étaient réservés aux associations, aux collectivités, là, ils sont ouverts au secteur marchand. On consolide le CDD, on livre les chômeurs aux patrons. Il n’y a plus de sécurité de l’emploi, on le brade et livre les plus faibles, les plus fragiles aux plus nantis. Je suis indigné, révolté. On a l’impression qu’on nous pousse dans nos dernières extrémités, au désespoir, mais tout le monde ne se suicide pas en sautant d’un pont, il y a en qui veulent mourrir debout ». Le gouvernement tue le système social français, et l’on passe, pour Jean-Pierre Técher, « de l’Etat Providence à l’Etat Pénitence » !

Propos recueillis par SL


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