Gilets jaunes à La Réunion : 10e jour de mobilisation

Jardins de la prefecture : le mouvement citoyen mobilise

26 novembre 2018, par Manuel Marchal

Après la vague de gilets jaunes ayant déferlé depuis le lancement du mouvement au niveau national, les jardins de la Préfecture continuent d’être le théâtre de rassemblements divers et variés. En effet maintenant, des femmes et des hommes se réclamant du mouvement citoyen ont fait irruption sur la scène médiatique en mettant en avant eux aussi leurs propres revendications qu’ils comptent verser au grand débat sur l’urgence de la mise en place d’une véritable politique globale axée sur la justice sociale, économique et sociale. Le point :

« Arèt plim a nous » ! : Tel est le cri du cœur que lancent, derrière ce sigle, des hommes et des femmes indiquant « mener un combat contre la vie chère, à bout de souffle par les impôts, les taxes », entraînant la liquidation de nombreuses entités artisanales et commerciales.

Ces manifestants tiennent également et, en particulier, à crier haut et fort leur rejet du RSI, assimilé « à une coquille vide » . « Ce n’est pas un régime, ce n’est que du bidon, le flou total. C’est juste une boite privée qui récupère l’argent des indépendants et qui part dans des paradis fiscaux » affirme un entrepreneur, la rage au ventre, révolté de « voir le dur labeur des travailleurs qui se saignent engraisser des profiteurs sans scrupule, sans foi ni loi, sinon que celle de l’enrichissement à outrance. Nous demandons, aussi, un remboursement rétroactif de l’octroi de mer sur une période de dix ans. Nous exigeons le remboursement de tout cet argent des travailleurs détourné par des délinquants en col blanc agissant en bandes organisée (…) (…) (…) ».

Les gilets jaunes sont prêts à tenir jusqu’à au moins mercredi.

Et notre interlocuteur qui refuse de se faire photographier, par crainte de représailles dit-il, de poursuivre en ces termes : « Ceci dit, nous sommes des personnes responsables. Nous sommes pour le dialogue mais sur de vraies bases, il ne faut pas qu’il soit biaisé, faussé et il faut qu’il soit élargi à l’ensemble des couches de la population. Il ne faut pas que l’État fasse un simulacre de dialogue alors que les dés ont déjà été jetés. Nous ne voulons pas du pipeau ; il faut que les dominants commencent déjà par remettre en cause leurs privilèges, alors et simplement, sous cette condition, le dialogue pourra s’ouvrir », avertit l’homme. Une position qui montre à quel point le chemin vers l’apaisement semble de plus en plus incertain, dangereusement loin et long.

« Nous soutenons le mouvement des gilets jaunes. Tout le monde, en fait, défend quelque chose dans ce mouvement. Si on arrivait aussi à bloquer nos charges, cela nous permettrait de ne pas mourir ; car, actuellement, nous sommes des morts vivants. Nous croulons sous les charges. Nous n’en pouvons plus. Par ailleurs, la paralysie de l’activité économique a aggravé la situation de crise que nous subissons. Tous les marchés de Noël ont été annulés tout comme l’édition 2018 de la manifestation « Fait Main » », explique Sandrine Bertrand du Collectif des artisans en détresse. « Charles Nagou, le président de notre Collectif est actuellement reçu par le Préfet à qui il doit déposer une motion au terme de laquelle nous demandons, notamment, une aide économique, le gel des taxes et des charges. Car, si nous n’enregistrons pas de rentrée d’argent au plus vite, la situation deviendra ingérable », conclut cette représentante du Collectif. Ingérable et humainement inacceptable, bref, une réalité qui prend aux tripes et dont il convient de redessiner au plus vite les contours pour un plus juste partage des richesses… produites par le travail laborieux de tous ceux qui constituent le poumon économique de l’île en créant de l’emploi, et/ou de la valeur ajoutée.

M.M.

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