Emplois aidés, logements sociaux, chikungunya...

Jean-Yves Langenier tire la sonnette d’alarme

19 décembre 2005

Tout au long de la semaine dernière, le maire et conseiller général du Port a informé la population sur la gravité des menaces qui pèsent sur la vie quotidienne des plus fragiles en raison de la politique gouvernementale. Il a appelé les citoyens à se rassembler afin de lutter pour faire respecter le droit des Réunionnais au logement, au travail, à la santé.

Samedi soir, quelque 500 travailleurs de l’enceinte portuaire ont répondu à l’invitation de la Mairie à participer au traditionnel repas de fin d’année. Une tradition créée par Paul Vergès en 1971, l’année où sa liste a été élue à la Direction de la municipalité portoise, après une grève très importante des dockers, qui avaient reçu le soutien de la commune.
Avant-hier, Michel Séraphine a rappelé ces événements, avec quelques autres qui ont marqué l’histoire des luttes des travailleurs du port de La Pointe des Galets depuis son ouverture en 1886. Le secrétaire de la fédération CGTR Ports et Docks est également revenu sur les grandes luttes de cette année pour défendre les intérêts des dockers et, à travers eux, ceux de toute La Réunion.

Solidarité

Il s’est notamment félicité de la grande solidarité qui a uni les dockers et les autres salariés de l’enceinte portuaire mais aussi la solidarité entre les ouvriers et les agriculteurs, lors du soutien apporté par la CGPER aux travailleurs de la SERMAT pour la défense de leur emploi. Michel Séraphine s’est également félicité du soutien croissant dont bénéficie la CGTR de la part des salariés du port.
Ce soutien et cette solidarité seront nécessaires pour résister l’an prochain aux nouvelles offensives du patronat contre les droits des travailleurs portuaires. Dès à présent, un rendez-vous est à noter : les 17 et 18 janvier prochains, le Parlement européen doit débattre de la directive Loyola de Palacio, qui a pour but de développer la concurrence dans et entre les ports.

27.000 familles en attente de logement

Comme on le voit, l’ambiance festive et chaleureuse qui a régné tout au long de cette soirée n’a pas empêché d’évoquer les problèmes de fond. C’est ainsi qu’après Michel Séraphine, le maire du Port est intervenu pour pour attirer l’attention des participants sur les graves problèmes auxquels la population va être confrontée dans les mois à venir. Et d’abord celui du logement. Certes, rappelait Jean-Yves Langenier, la Ville du Port continue - comme depuis plus de trente ans - à faire le maximum pour éradiquer l’habitat insalubre ; d’où, entre autres, les quatre opérations de RHI (résorption de l’habitat insalubre) actuellement en chantier. Mais il soulignait qu’en raison des carences de l’État, "le nombre de logements sociaux ne correspond pas à ce qui est demandé".
Cette année, par exemple, on n’en a construits que 3.000 dans toute l’île, alors qu’il en faudrait 7.200. Les retards s’accumulent. Résultat : le nombre de familles en attente d’un logement ne cesse d’augmenter. Il est passé de 25.000 l’an dernier à 27.000 cette année.

Ne pas rester les bras croisés

Pour l’emploi, c’est pareil. "Beaucoup de personnes se retrouvent dans le caniveau", a déclaré Jean-Yves Langenier. Et de rappeler que cela va devenir un catastrophe car les contrats d’emplois aidés qui se terminent à la fin de l’année ne seront pas remplacés par des emplois équivalents. "La présidente du Conseil général avait annoncé la création de 15.000 contrats d’avenir (CA) par an durant trois ans. Puis elle a ramené ce chiffre à 10.000. Or pour cette année, selon le préfet, il n’y a eu que quelques centaines de CA. Ce sont des contrats sans avenir. Quant au contrat d’accompagnement à l’emploi (CAE), qui va être mis en place l’an prochain, il va coûter beaucoup plus cher aux communes et il y en aura moins que les CES".
Tout au long de la semaine, lors des repas de fin d’année pour le personnel communal, les personnes âgées, les associations etc..., le maire du Port a alerté la population sur "la situation préoccupante de l’an prochain". Il a invité les Portoises et les Portois à s’inspirer des luttes du passé : "par la lutte on peut faire avancer nos revendications".
Jean-Yves Langenier a conclu son intervention en appelant la population à "prendre toutes les précautions pour freiner l’extension de l’épidémie de chikungunya". Et de conclure : "l’État aurait dû faire le nécessaire, mais en ce qui nous concerne, nous ne pouvons pas rester les bras croisés".

L. B.


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