Martin Hirsch conclut le Grenelle de l’Insertion à La Réunion

Jeunes, Mobilité, TOS : des questions sans réponses

12 février 2008, par Manuel Marchal

L’étape réunionnaise du Grenelle de l’Insertion avec Martin Hirsch s’est conclue hier sur plusieurs questions essentielles sans réponses : quand les jeunes pourront-ils bénéficier du Contrat Unique d’Insertion (CUI) ? Pourquoi le gouvernement diminue-t-il sa contribution à la formation et au PIJ-Mobilité ? Quel est l’avenir des plus de 600 TOS licenciés par leur employeur, l’Etat ? La seule réponse concrète du Haut Commissaire aux Solidarités actives contre l’exclusion est la signature d’un partenariat de l’Etat et du Conseil général pour la mise en œuvre à La Réunion du Contrat Unique d’Insertion.

Réunissant responsables associatifs, syndicalistes, représentants patronaux et élus, le Grenelle de l’Insertion s’est conclu hier sur les annonces de Martin Hirsch, Haut Commissaire du gouvernement aux Solidarités actives contre la pauvreté. Les déclarations du représentant du gouvernement n’apportent aucune réponse concrète sur 3 questions essentielles pour la population : la date à partir de laquelle les jeunes pourront avoir droit au Contrat unique d’insertion (CUI), le retour à un niveau équivalent qu’en 2007 de la participation de l’Etat à la Mobilité initiative et formation, et l’avenir des plus de 600 travailleurs réunionnais de l’Education nationale licenciés par l’Etat.

Pour le CUI, Martin Hirsch met en avant la souplesse du dispositif, ainsi que la nécessité d’avancer prudemment. En réponse à la nécessité d’élargir le public bénéficiaire de ce contrat qui remplacera tous les contrats aidés mise en avant par l’atelier consacré au CUI, le Haut commissaire affirme : « si vous posez les premiers jalons, nous élargirons le public ». Il note également que le CUI est « un outil qui transcende » du fait que les partenaires sont le secteur marchand et l’économie solidaire. En témoigne d’ailleurs la participation au dispositif, aux côtés du Conseil général, du MEDEF, de la CGPME et d’organismes collecteurs de la formation continue.

Et les jeunes ?

Sur la question de l’insertion par l’activité, Martin Hirsch cite en exemple le chantier du viaduc de Saint-Paul sur la route des Tamarins. « 460 personnes étaient au chômage ou au RMI. La formation est venue après l’embauche, et cela débouche sur l’insertion, c’est très sain ». « L’insertion ne doit pas déboucher sur des sous-statut », poursuit Martin Hirsch, qui est en accord avec une autre proposition de l’atelier : adapter la durée du contrat à la durée de la formation. Par ailleurs, il envisage de sanctionner les employeurs qui n’ont pas donné aux travailleurs sous contrat aidé le droit à une formation en ne leur versant pas la totalité de la subvention de l’Etat.

Martin Hirsch et Nassimah Dindar, présidente du Conseil général de l’île de La Réunion.

Toujours en relation avec le soutien au retour à l’emploi des plus exclus, Martin Hirsch a évoqué la réforme des minima sociaux, avec la mise en place du RSA. Il dit prendre en compte ce qui existe déjà Outre-mer, et notamment l’ARA (Allocation de Retour à l’Activité). Et d’émettre l’interrogation d’un « RSA expérimental dans les DOM ». Martin Hirsch a en tout cas chargé le préfet d’étudier l’impact de l’ARA.

Mais de tout cela ressort une certitude : à l’heure où sont signés les premiers Contrats unique d’insertion à La Réunion, il est certain que la plupart des jeunes de moins de 25 ans en sont exclus, et aucune date d’extension du dispositif n’a été donnée.

Le second atelier du Grenelle de l’Insertion avait pour thème la Mobilité. Son rapporteur, Michel Boyer, Président de l’ANT, avait commencé son intervention par un préalable mis en avant par les participants de l’atelier : que l’Etat accorde pour 2008 à la Mobilité un financement au moins équivalent à celui de 2007. Pour rappel, la contribution de l’Etat au PIJ et à la formation mobilité est passée de 11 à 3 millions d’euros, soit une baisse de plus de 70%.

Attention au « couperet »

En réponse, Martin Hirsch fait état d’une conversation qu’il a eue avec Christian Estrosi, Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, et fait lecture de la déclaration de ce dernier. La « dotation » de l’Etat au titre de la Mobilité pourra être revue à la hausse, à condition que se tienne une réunion entre les différents partenaires. Des fonds supplémentaires pourraient être débloqués avant la fin du mois. Mais sur le fond, force est de constater que la position de l’Etat reste la même : le gouvernement ne s’engage pas à reconduire sa participation au niveau de l’année précédente, une simple réévaluation de la ligne de crédit actuelle est évoquée, sans chiffres concrets. Martin Hirsch a même enjoint les partenaires réunionnais de la Mobilité à éviter d’avoir à faire face au « couperet » chaque année.

Dernier point sensible : les TOS licenciés par l’Etat. Martin Hirsch annonce en préalable que le contrat des travailleurs âgés de plus de 50 ans seront reconduits. Pour celles et ceux qui ont un niveau Bac et plus, la porte d’un poste d’assistant d’éducation est citée, sans plus de précisions. Par ailleurs, une centaine de CAE seront mobilisés « au cas par cas » par la cellule de reclassement du Rectorat. Enfin, il sera possible de recourir au CUI « dans une perspective de transition ». Autrement dit, les travailleurs licenciés pourraient bénéficier d’une priorité d’embauche sur les prochains contrats.

Pour les plus de 600 familles menacées par le chômage, ces annonces sont loin d’être une réponse concrète à leur situation.

Le Grenelle de l’Insertion a donc débouché sur des propositions réunionnaises dans la lutte contre l’exclusion, la Mobilité et les relations entre les demandeurs d’emploi et les partenaires de l’insertion, et sur des annonces gouvernementales qui ne répondent pas aux préoccupations immédiates de la population.

Manuel Marchal

Contrat unique d’insertion : convention Etat-Conseil général
Martin Hirsch et Nassimah Dindar, Présidente du Conseil général, ont signé hier une convention relative au Contrat unique d’insertion. Leur démarche a été suivie par la signature de deux organisations patronales, le MEDEF et la CGPME, et d’un organisme de la formation professionnelle.
(photo MM)

Restitution des ateliers

Propositions réunionnaises du Grenelle de l’Insertion

Rapporteur de l’atelier sur le CUI, Georges-Marie Lépinay, Vice-président du CESR, indique que « le CUI, c’est jouable », mais à plusieurs conditions. Tout d’abord, il faut mettre des moyens suffisants pour l’emploi et l’insertion. Il faut également construire un vrai parcours d’insertion et élargir le public bénéficiaire. La mise en place d’un guichet unique pour gérer le dispositif ainsi qu’un état des lieux de l’outil de la formation sont également des gages de réussite. Par ailleurs, il est important de rendre cohérentes la durée du contrat et la durée de la formation, et dans bien des cas, « 6 mois, c’est trop court ».

Concernant la Mobilité, Michel Boyer, Président de l’ANT, a souligné l’importance de mobiliser le réseau des ANPE en France et d’aller vers un partenariat actif “réussite”. Parmi les conditions de ce partenariat, l’implication durable de chacun des partenaires dans la Mobilité. La baisse des crédits décidée par l’Etat rappelle combien il est difficile d’arriver à un tel partenariat, a dit en substance le rapporteur de l’atelier.

Communiquer davantage sur les réussites de la Mobilité, et réfléchir à de nouveaux outils type RSA, sont d’autres pistes pour rendre plus efficace ce moyen de lutte contre le chômage. Enfin, Jean-Luc Minatchy, Directeur régional de l’ANPE, a évoqué l’importance d’aller vers un dossier unique du demandeur d’emploi, une nouvelle étape après la fusion de l’ANPE et de l’ASSEDIC.

Luttes pour l’emploi

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