Mobilisation contre les suppressions d’emploi

« Jeuness’ lév a zot ! »

26 février 2011, par Céline Tabou

Suivant le slogan de l’Union nationale française étudiante (UNEF) de La Réunion, plus d’un millier de manifestants se sont réunis tout au long du Boulevard Sud à Saint-Denis pour dénoncer la suppression des postes dans la fonction publique et particulièrement dans l’Éducation nationale.

Parmi les manifestants des responsables politiques ont tenu à exprimer leur soutien à « cette jeunesse qui lutte contre la politique de casse sociale de Nicolas Sarkozy, et surtout dans l’enseignement ».

• Béatrice Leperlier, conseillère régionale de l’Alliance
- « Ce mouvement concerne tout le monde et pas seulement les professeurs, les étudiants, les lycéens et les parents d’élève. On peut voir des hommes et des femmes politiques et des syndicalistes présents sur place parce que ces mesures nous concernent tous, car il s’agit de remettre en cause la jeunesse. L’important aujourd’hui est de rester mobiliser et de continuer la lutte, car le gouvernement joue sur la démobilisation, il est donc primordial de maintenir le cap pour faire avancer la situation. C’est l’avenir de La Réunion et des jeunes en particulier dont il est question ».

• Pierre Vergès, candidat PCR au Port
- « Je tiens à soutenir ce mouvement parce que lorsqu’on voit les enseignants, les étudiants, les lycées se retrouver à nouveau pour protester contre les mesures prises par le gouvernement, personne ne peut rester insensible, surtout quand on sait que la situation actuelle est marquée par un niveau de chômage jamais atteint. Voter permet de ponctuer le changement, mais manifester permet de poser les jalons pour mieux comprendre pourquoi changer ».

• Jean-Pierre Marchau, syndicat FEP-CFDT
- « Nous avons appelé à la grève aujourd’hui parce que l’enseignement privé est également touché par les mesures prises dans l’Éducation nationale. Le service de l’enseignement privé sous contrat avec l’État a également une mission de service public, les enseignants du privé sont aussi les victimes des mesures gouvernementales. Il manque 16 postes dans le privé à La Réunion, et aujourd’hui on se bat pour qu’il n’y ait pas de suppressions d’emploi. Le plus alarmant se fera sentir en 2012, parce que le renvoi d’un professeur titulaire de l’agrégation entraînera pour lui une perte de son statut et du traitement auquel il avait droit. Les professeurs du privé qui perdront leur emploi sortiront subitement du système. La prise de conscience se fait au fur et à mesure, des élèves du lycée Catholique Levavasseur, dans lequel j’enseigne sont également présent. Preuve d’une prise de conscience générale des mesures de Nicolas Sarkozy ».

• Raymond Mollard, syndicaliste et ex-vice-président à l’Éducation au Conseil régional
- « Je soutiens totalement les jeunes qui se mobilisent contre cette suppression de postes. Nous sommes à la croisée des chemins, l’Académie de La Réunion a été créée il y a trente et un ans, elle est en plein développement, supprimer 162 postes à La Réunion, c’est freiner son envol. D’autant plus l’accroissement de la population, il est nécessaire de créer des écoles et des postes pour pouvoir pousser la jeunesse en avant, et leur offrir un avenir. Nous devons tous nous mobiliser et riposter, face à l’ampleur de la manifestation, cela est le point de départ de quelque chose de plus grand ».

• Huguette Bello, députée-maire PCR de Saint-Paul
- « Il est inadmissible que face aux enquêtes et rapports réalisés sur l’illettrisme à La Réunion, plus d’une centaine de postes soient supprimés. Cette suppression va entraîner un moins bon accueil pour les enfants handicapés. Je suis également scandalisée par la casse de l’Éducation nationale depuis 2007, plus de 100.000 postes ont été supprimés. Cette année, il s’agit de 16.000 postes dont 1% à La Réunion. Dans le primaire et en maternelle, l’accueil des enfants de 2 ans à Saint-Paul est normalement de 300, mais seuls 37 enfants sont accueillis. Alors que les textes légaux demandent à ce que les enfants de cet âge soient accueillis. Il faut s’insurger contre ce gouvernement qui veut traiter l’école comme une entreprise. Mais l’Éducation nationale n’est pas une entreprise. La présence des jeunes dans les rues est une bonne démarche parce que les jeunes sont l’avenir d’un pays, d’une nation. Quand on voit comment les jeunes sont traités, c’est inadmissible. Il ne faut pas supprimer des postes, mais mettre en place un plan de rattrapage, comme le plan pluriannuel sous Lionel Jospin. Aujourd’hui, la bataille doit être pour un encadrement plus important pour l’avenir des jeunes ».

• Gilles Leperlier, président de l’AJFER
- « Il s’agit d’une ultime protestation contre la suppression de postes dans l’Éducation nationale, et particulièrement à La Réunion. Où 162 postes vont être supprimés, alors que les besoins sont différents de ceux de la métropole, notamment avec la surcharge des classes, l’illettrisme... Il est nécessaire de créer plus de postes pour garantir un enseignement de qualité pour tous, un meilleur encadrement tout au long du parcours scolaire et universitaire des jeunes. Cette belle manifestation démontre que les jeunes sont motivés plus que jamais. Ils n’ont pas hésité à braver le soleil de plomb pour montrer leur détermination contre la suppression des postes dans l’enseignement. Le gouvernement doit faire marche arrière, afin de garantir un avenir aux jeunes ».

• Jean-Hugues Savigny, membre du Parti de gauche
- « Nous soutenons cette mobilisation parce qu’il y en a assez de ces suppressions de postes, des classes surchargées, de l’éducation au rabais pour des raisons comptables. On espère que cette manifestation va aboutir à quelque chose de plus général, afin que tout le monde comprenne ce qui se passe ».

• Maya Césari, conseillère régionale de l’Alliance
- « La manifestation est enthousiasmante parce que les personnes présentes sont investies dans un combat auquel ils croient contre la casse du service public, et particulièrement l’Éducation nationale à La Réunion. Ce mouvement va se poursuivre, parce que les problèmes ne concernent pas seulement l’Éducation nationale, mais la justice, la santé, les collectivités. Aujourd’hui, c’est l’Éducation nationale. Alors que le discours officiel est de lutter contre l’illettrisme, afin de ramener la moyenne réunionnaise à celle de la métropole, certains acceptent la suppression des postes dans l’Éducation nationale qui touche surtout les lycées professionnels et les enfants handicapés. De plus, le gouvernement revendique l’égalité des chances de l’autre, il détruit l’enseignement, sans prendre en compte les difficultés. Les conséquences à La Réunion vont être dramatiques. On espère que cette manifestation va provoquer une prise de conscience dans tous les services publics ».

• Camille Maillot, présidente de l’UNEF-Réunion
- « Les lycéens sont parvenus à mobiliser leurs troupes, le message est bien passé. Il s’agit d’une victoire pour les jeunes. La suppression de 16.000 postes au national, dont 162 à La Réunion va porter atteinte à l’Éducation nationale. Les jeunes auront moins de chance de faire des formations qu’ils désirent, et à terme, on aura une jeunesse en souffrance qui ne sera pas qu’elle est son avenir. Les coupes budgétaires dans l’enseignement supérieur réunionnais entraînent déjà des difficultés et des marges de manœuvre moindre. Par exemple, la diminution du budget du CNOUS, qui se charge du logement pour les étudiants, et qui accompagne les étudiants tout au long de leur parcours universitaire, va se faire ressentir et réduire les services du CNOUS. De même, le gouvernement pousse les universités à fonctionner selon ce qu’elles pourraient proposer aux étudiants et non selon les besoins des étudiants. Un autre exemple de l’incohérence des décisions gouvernementales, la diminution des agents non titulaires (ANT) qui se chargent de l’accueil, de la comptabilité, de l’entretien. Tous ces postes supprimés vont entraîner des dysfonctionnements majeurs dans les universités ».

Propos recueillis par Céline Tabou

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