Saint-Pierre

L’action continue pour les personnels précaires de l’Éducation Nationale

5 février 2008, par Sophie Périabe

Hier, une délégation des personnels précaires de l’Éducation Nationale menée par le SGPEN-CGTR a décidé d’envahir les locaux de la sous-préfecture de Saint-Pierre. Mais les forces de l’ordre étaient postées à l’entrée de l’administration, filtrant toutes les allées et venues des usagers. Sans se laisser décourager, les TOS prennent alors possession de l’agence ANPE située rue Désiré-Barquisseau, contraignant le responsable à baisser les grilles de l’établissement.

Une trentaine de personnes dont le contrat précaire s’est ou va s’achever, ont décidé d’envahir, hier, les locaux de la sous-préfecture.
(Photos SP)

C’est dans une ambiance conviviale qu’une trentaine de personnes, toutes dont le contrat précaire s’est ou va s’achever, avaient décidé d’envahir, hier, les locaux de la sous-préfecture de Saint-Pierre afin de faire entendre leur mécontentement et demander au représentant de l’État de prendre ses responsabilités.
Une patrouille de policiers était postée devant les grilles de l’administration filtrant toutes les entrées.
Le groupe de manifestants, mené par Patrick Corré du SGPEN-CGTR, décide donc d’occuper les locaux de l’ANPE de St Pierre, agence située en centre-ville. À 13h15, une trentaine de personnes envahissent donc l’agence sans aucune violence, ni brutalité.
Le représentant du SGPEN-CGTR dénonce alors la situation des 777 personnels précaires de l’Education Nationale dont le contrat n’a pas été renouvelé après des années de bons et loyaux services.
Il dénonce également l’ANPE, qui « n’a pas accompli sa mission, c’est-à-dire effectuer un entretien individuel pour tous les fins de contrat pour assurer un suivi du parcours professionnel ». L’ensemble des personnels accuse l’Etat ainsi que le conseil général pour la mise en place d’un énième contrat précaire : le CUI, Contrat Unique d’Insertion.

Le droit à la formation bafoué

Dans un courrier du rectorat adressé à l’ensemble des personnels précaires au chômage, le recteur charge le GIP académique-FCIP (Groupement d’Intérêt Public - formation continue et insertion professionnelle) de mettre en place un plan de formation et d’accompagnement vers l’emploi pour tous les personnels CAE et CAV de la filière administrative et vie scolaire.
« Il n’y avait aucune formation lorsqu’on était encore en contrat » souligne une manifestante. « Ils nous prennent pour des c..., pour des moins que rien ».
Le 18 février, lors du rendez-vous avec leur avocat, la délégation de personnels précaires mettra en avant l’absence de formation et de suivi. Or, avant chaque renouvellement de contrat, un bilan de formation et de suivi doit être obligatoirement effectué par l’ANPE.
Le responsable d’agence de l’ANPE de Saint-Pierre, Jean Jacques Cartaye, rétorque que « la formation des contrats aidés incombe à l’employeur sans vouloir rejeter la balle à qui que se soit. Il y a un certain nombre de choses qui aurait dû être mis en place ».
Pascal Hoareau, secrétaire général CGTR à l’ANPE vient à la rencontre des manifestants pour exprimer son soutien aux TOS.
À 14h00, personne ne peut plus accéder à l’ANPE. Le responsable de l’agence prend donc la décision de faire évacuer les lieux. Il est alors 14h30, l’ensemble des personnels de l’ANPE, ainsi que les usagers sont renvoyés. Il ne reste, à l’intérieur de l’ANPE, que le responsable, les manifestants, et quelques policiers.
À 15h15, les manifestants quittent les locaux de l’ANPE, et se préparent pour d’autres opérations dans les jours à venir.

Sophie Périabe


Témoignages

• Nathalie Clain

Nathalie Clain (Photos SP)

« Trop de monde aux Assedic »

« J’ai été pendant deux ans en contrat d’avenir, sans avenir. Aujourd’hui, à cause du nombre important de non-renouvellement, il y a trop de monde qui est au chômage et qui se pointent aux Assedic, notamment celle de St Pierre, où je suis allée ce matin.
Impossible de voir un conseiller et pendant ce temps, on reste sans argent. Le 39 49 est saturé.
Comment peut-on faire ? »

• Jean Denis Berfeuil

Jean Denis Berfeuil (Photos SP)

« Arrête l’exploitation, respecte à nou »

Depuis 1998, Jean Denis a enchaîné 12 contrats successifs en tant que agent d’entretien et agent de service restauration. 16,5 mois en CES, 5 ans en CEC et 2 ans en CAE. « Aujourd’hui, y balance à nou dehors. Nou na poin le choix que de mener des actions comme sa, y fo fé respecte à nou. Déjà, normalement, après 5 ans de CEC, y renouvelle pu de contrat. Nou noré du être au chômage depuis 2 ans mais la redonne à nou un CAE, 2 ans. Bana y exploite à nou au maximum ».

• OJP

« Où sont nos élus ? »

Il a été mis au chômage le 31 janvier dernier après 1 ans de CES, 5 ans de CEC et 2 ans de CAE. Agent d’accueil et d’entretien, surveillant, agent polyvalent, OJP a accumulé les contrats précaires sans aucune perspective de carrière et d’évolution. Aujourd’hui, il dénonce le comportement de nos élus.
« Les élus y bougent pas assez, y soutient pas nou. Néna que Huguette Bello la aide à nou, elle la nu avec nou devant le rectorat pou demande une table ronde avec le recteur mais lu la refusé ». Jeudi, OJP a un rendez-vous aux Assedic pour faire les démarches administratives pour lui permettre de recevoir un revenu de misère. « Heureusement, madame néna un ti travail... ».

• Rosane Adras

• Rosane Adras (Photos SP)

« Je travaille sans contrat »

Elle a travaillé pendant un an au collège du Ruisseau, à la Rivière St Louis, lorsque le lycée de Plateau Caillou (gérant des contrats CAE) lui annonce que son contrat prend fin le 31 décembre. N’ayant effectué qu’un an de CAE, Rosane a normalement droit à 12 mois supplémentaire. L’établissement dans lequel elle travaille lui annonce qu’elle reprendra le travail au 1er janvier pour une durée de 6 mois. Sans avoir signé de contrat, Rosane travaille donc le mois de janvier et est payée, normalement. Aujourd’hui, elle reçoit un courrier lui stipulant qu’elle fait partie des personnes dont le contrat s’achève le 31 janvier.
« Mon supérieur me dit : normalement c’est bon, c’est juste une histoire de paperasse, l’administration est toujours un peu lente.
En temps normal, je ne me serais pas inquiétée puisque j’ai toujours signé mon contrat avec du retard, mais aujourd’hui, avec tous ces licenciements, je ne sais plus quoi penser »
.
Rosane est aujourd’hui dans l’incertitude, mais reste confiante.
C’est donc une habitude pour les précaires de commencer travailler sans avoir signer de contrat...

Propos recueillis par Sophie Périabe

Luttes pour l’emploi

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages


Témoignages - 80e année


+ Lus