Grève éclair à la SMT

L’activité de moellonnage en danger ?

3 mai 2006

Onze salariés de l’entreprise SMT ont démarré hier matin, avec le soutien de la CFDT, une grève qu’ils ont suspendue le jour même après un long entretien avec les gérants de la société saint-leusienne. Tout n’est pas réglé, loin de là, mais les licenciements annoncés sont - peut-être - eux aussi suspendus.

Les 11 ouvriers qui se sont mis en grève hier matin sur un chantier de l’OANC 7, route des Tamarins, constituent l’équipe de moellonneurs d’une PME sous-traitante pour des travaux de terrassement allotis au groupement Demathieu&Bard et GTOI. La SMT est une entreprise qui emploie 32 salariés - dont une vingtaine de chauffeurs d’engins sur la route et 11 maçons moellonneurs avec lesquels la société avait commencé son activité en 1999. Ce n’est qu’en 2001 que la société, en changeant de nom, a intégré le terrassement.
Il n’apparaissait pas hier que les difficultés économiques invoquées par les gérants de la SMT aient eu un rapport avec l’activité liée au chantier de la route, sur lequel la grève n’a pas eu d’incidence.
La grève a été déclenchée parce que les 11 maçons moellonneurs ont été "menacés de licenciement après leur syndicalisation, il y a 1 mois", estime pour sa part Johnny Lagarrigue, délégué syndical de la CFTD-BTP. Les salariés ont tous entre 2 ans et 5-6 ans d’ancienneté, formés “sur le tas” et spécialisés de chantier en chantier dans la préparation des moellons - ces grosses pierres utilisées dans les murs de soutènement, entre autres - le tirage du béton (pour les surfaces) ou encore la pose de pierres artificielles pour clôtures.
Leur contact avec un syndicat les a instruits sur certains décalages - par rapport à la convention collective - dans le paiement des indemnités (transport, repas), ainsi que dans l’indice de référence. Selon la CFDT, ils sont payés "comme des manœuvres", alors qu’ils "devraient être à l’indice 137".

"Li pouss o bout"

Selon les ouvriers, la menace de licenciement serait intervenue récemment, de façon imprévisible, le gérant évoquant devant eux un motif économique : il n’y aurait plus de travail.
Les ouvriers pensent que leur employeur refuse leur syndicalisation. "Banna la zamé pasé vizit médikal", ajoute Johnny Lagarrigue, qui trouve aussi que certaines règles d’hygiène et de sécurité laissent à désirer. Le dialogue dans l’entreprise serait inexistant et les ouvriers évoquent la "pression permanente", jusqu’au "harcèlement", du chef de chantier. "Li pouss o bout", disent-ils.
Les gérants, M. Mouny et sa compagne, sont venus de Sainte-Suzanne hier matin pour rencontrer les grévistes, au siège de l’entreprise, chemin des Cassiopées, dans le quartier de Stella (Saint-Leu). Ils évoquent quant à eux des "difficultés économiques", causées par une "très forte concurrence avec des gens qui ne sont pas déclarés". "Dans le moellonnage, il n’y a pas de marché pour nous, ou alors à des prix cassés, beaucoup trop bas", expose M. Mouny.
Après une discussion prolongée jusque dans l’après-midi, les grévistes ont décidé de suspendre la grève jusqu’aux conclusions d’un nouvel entretien que les gérants doivent avoir avec leur avocat.

P. David


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