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Fabien Lanave, secrétaire adjoint de l’Union départementale CGT en 1968
17 mai 2008
Fabien Lanave a été secrétaire adjoint de l’Union départementale (UD) des syndicats CGT, puis à partir de juin 1968 secrétaire général de la CGTR, jusqu’à l’élection, en 1970, de Bruny Payet à la tête de la Centrale, dont Fabien Lanave a été l’adjoint, avant de créer, en 1973, la Fédération des Retraités. Dans son rappel des événements, deux facteurs expliquent le succès de la grève de mai 68 : la forte répression syndicale avait contraint les dirigeants à mener leur activité militante dans une quasi-clandestinité, qui explique aussi “l’effet de surprise” provoqué.
Quelle était la situation des syndicats en 1968 ?
- Il faut remonter au début des années soixante pour comprendre ce qu’était la situation à La Réunion en 1968. L’ordonnance du 15 octobre 1960 a décapité les syndicats, en exilant leurs cadres (Rossolin, Letoullec...). Le Préfet Perreau-Pradier avait mis en place le “mouchardage” dans les entreprises.
Les salariés sont restés désemparés ; beaucoup ont eu peur de s’engager dans l’action syndicale. Cela a porté un coup très dur au mouvement syndical. Pour maintenir leur obédience, les syndicats ont vécu dans la clandestinité : ceux des brasseries, des préparations de ciment, des usines sucrières, du CPR (dockers), de la Setcor, la Soboriz, Soreg, Shell...
La plupart des dirigeants de ces syndicats ont été “liquidés” par les licenciements, comme Grondin, à Beaufonds, et tant d’autres... Quand on était licencié à l’époque, il n’y avait pas de recours. La condamnation des militants était un autre moyen d’élimination.
Quelles étaient les pratiques de répression les plus courantes, dans les entreprises ?
- En 1962, Raymond Hoareau était secrétaire général de l’UD-CGT. Avec Payet et Bovalo, ils ont été condamnés. C’est même pour leur procès que, pour la première fois, est arrivé dans l’île un avocat métropolitain. Ensuite il y a eu l’interdiction des quais faite au secrétaire général des dockers.
Quand les gens étaient licenciés, ils venaient nous voir au bureau de l’UD, dont j’ai été le secrétaire adjoint, avant d’être secrétaire général.
Les patrons, quand on venait les voir pour un emploi, demandaient quel était le précédent employeur. Ensuite, ils prenaient les renseignements avec l’autre et si le licenciement avait été prononcé pour appartenance syndicale ou fait de grève, ils refusaient d’embaucher.
Donc, les licenciements, les condamnations et l’Ordonnance avaient contribué à créer une situation de forte répression syndicale. A un moment donné, j’étais tout seul.
Comment avez-vous surmonté cet état passager de déroute ?
- On a organisé des syndicats clandestins, qui se réunissaient la nuit. Les adhérents payaient des cotisations, ce qui a laissé quelques recettes à l’UD. Les cheminots avaient moins peur. Il n’y avait plus de chemin de fer, mais il y avait encore des cheminots, disséminés un peu partout et ce sont eux, avec les agents du port, qui ont organisé les syndicats clandestins. Clandestinité, répression, embauches surveillées, prison : voilà la situation du syndicalisme en 1967, avec en plus le manque de cadres. Pour vous donner une idée... En 1967, j’ai fait une demande de “service détaché” - pour continuer à être payé tout en m’occupant du syndicat. La réponse du Préfet, en substance, a été : quelque syndicat que vous vouliez servir, pour le peu de syndiqués qui restent - « quelques dizaines tout au plus », disait-il - cela ne vaut pas la peine. Il a rejeté ma demande ! Cela montre l’état d’esprit de l’administration à cette époque. Ils étaient sûrs d’avoir fait le vide ! Vous pensez s’ils ont été surpris ensuite. Nous, nous savions qu’il y avait une force...
Quand éclatent les grèves en France, comment le mouvement syndical a-t-il réagi ici ?
¬- Quand on a entendu qu’il y avait des grèves en France, les syndicats se sont réunis clandestinement, au Port, un soir, de 22h à 4 heures du matin ! Il y avait le local “officiel” de l’UD - derrière l’abattoir - où on travaillait en journée, et les réunions clandestines se tenaient ailleurs, la nuit. Personne ne connaissait la baraque de la cour Massonel.
On a décidé d’organiser l’Assemblée générale de l’UD, sans bruit. Elle n’a été annoncée que le jour-même - le samedi 1er juin - et quand elle a appris cela, l’administration a été prise au dépourvu. L’Assemblée générale de l’UD s’est tenue en pleine grève. Et la grève a été comme un éclair : tout le monde, partout ! Le Préfet lui-même, les policiers ont été surpris. Comment réprimer un mouvement général ?
Et c’est à ce moment-là que naît la CGTR...
- L’Assemblée générale s’est transformée en Congrès, réuni avec les délégués, qui ont décidé la création de la CGTR. Le Préfet l’a tout de suite reconnue. Et le dimanche, quand nous étions encore en Congrès, les patrons nous ont invités à négocier ! D’habitude, c’était nous qui devions aller les chercher pour négocier. Là, c’était le contraire. Les rencontres ont eu lieu aux Brasseries de Bourbon, et à la Direction de l’Equipement pour les dockers. Pour le BTP, les négociations ont eu lieu en divers lieux. On a arraché des augmentations d’au moins 18%-20%, et les dockers ont eu 40% !
Comment expliquez-vous ce succès fulgurant ?
- Les patrons avaient peur. Par exemple, au cours des négociations à l’Equipement, un patron m’a pris à part : « Ça ne marche pas en France, on ne sait pas ce qui va arriver » commence-t-il. « Demain, s’il y a un gouvernement de gauche là-bas, quel sera votre comportement envers nous ? Allez-vous tirer vengeance ? » C’était cela leur préoccupation. Ils avaient peur. Ils craignaient l’arrivée d’un gouvernement de gauche en France, c’est pourquoi ils ont lâché. Un jour où des travailleurs du transport se sont mis en grève, à midi, ils négociaient.
Le lundi (3 juin), il y a eu une reprise du travail, partielle. L’accord avait été signé le dimanche soir, dans la nuit. Je suis resté jusqu’à 1 heure du matin, à l’Equipement. Les patrons étaient là, le directeur de l’Equipement aussi.
Nous avions la fatigue du Congrès, mais le plus gros a été arraché le dimanche soir.
Y a-t-il eu des débats notables autour de la transformation en “CGTR”. Cela vous a valu pas mal d’ostracisme de la part des autres syndicats par la suite...
- Non, pas vraiment. En Guyane, en Martinique, en Guadeloupe, les Unions départementales s’étaient déjà transformées en centrales. Nous en avions discuté avant et il n’y a pas eu de difficulté dans la transformation en CGTR. Elle a aussitôt adhéré à la Fédération syndicale mondiale (FSM), tout en restant alliés à la CGT de France. Le succès du Congrès a dépendu beaucoup du secret, de la clandestinité. Pendant la préparation, je passais rarement une nuit chez moi. J’habitais un logement de fonction, au Port. Les samedis, un camarade venait me chercher avec une voiture. On partait le samedi matin et on revenait le dimanche soir. On allait partout : Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Denis, Saint-Benoît... Comme l’administration était persuadée qu’il n’y avait plus de syndicat, la police avait relâché sa surveillance.
Diriez-vous que les événements de mai 68 ont “desserré l’étau” pour le monde du travail ?
- Par rapport au système Perreau-Pradier, après les grandes grèves les patrons ont été moins agressifs, les salaires ont fait un bond. Mais après, les patrons ont resserré encore. Il n’y avait plus la répression, plus de mouchardage, mais ils n’ont plus lâché d’argent. Cela a été la fin de la clandestinité syndicale.
Un patron comme celui de la CILAM a offert un grand repas aux travailleurs, après la grève. La salle qu’il avait mise à disposition est devenue le réfectoire, le repas était payant, prélevé sur les salaires. A la CILAM, il y avait un patron, Stevenson, qui m’a bien reçu. Il me dit : « M. Lanave, on me vole la bière ! » Je lui ai suggéré : - « Si vous voulez faire cesser les vols, donnez un carton de bière en fin de mois ». Il m’a dit après que cela avait été efficace.
Entretien Pascale David
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