Création d’un Comité de vigilance pour l’emploi

L’Alliance alerte l’opinion et veut la mobiliser

17 mars 2005

Les membres de l’Alliance ont fait savoir hier qu’ils s’engageaient pour la création d’un Comité de vigilance pour l’emploi, proposition faite lundi par la Région face à la détresse des travailleurs victimes de licenciements abusifs.

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Yvon Virapin était présent lors de la rencontre de lundi avec l’Union régionale Est de la CGTR et une soixantaine de personnes menacées de licenciement au sein des entreprises Sucrière de Bourbon, SANE, SSABTP et de l’hôtel Harmony. L’organisation syndicale faisait valoir que comme les entreprises bénéficiaient de subventions de la part des collectivités, il était normal qu’elle se tourne vers la Région pour lui expliquer la situation et anticiper sur les licenciements prévus.

Combattre les licenciements

Hier le conseiller régional affirmait sa position : "il faut se battre contre les licenciements, surtout lorsqu’on constate la situation extrêmement difficile de l’emploi à La Réunion. Les petites entreprises mais aussi les associations causent des licenciements secs qui mettent des familles dans la détresse. Nous, collectivités, nous créons les conditions pour que l’entreprise puisse créer des emplois, nous donnons des subventions dans un cadre légal et nous n’avons pas de mesures de rétorsion mais nous pouvons apporter un soutien aux travailleurs dont l’inquiétude est de plus en plus grande. Il est facile pour une entreprise de licencier. Nous sommes dans la culture de l’emploi et les entreprises sont parfois dans la culture du licenciement. La Région a proposé un front du refus qui prend la forme d’un Comité de vigilance pour l’emploi. Nous allons proposer aux acteurs institutionnels et sociaux - Région, Département, parlementaires, maires, mais aussi organisations syndicales et politiques - de s’unir pour lutter contre les licenciements. Nous voulons alerter l’opinion, créer un courant d’opinions pour la vigilance afin que les patrons ne licencient plus à partir de n’importe quelle raison. Le licenciement est la dernière solution".
Pour lui, "le Comité offre ainsi la possibilité d’avoir une vision globale et exacte de la situation et de dire haut et fort que du moment que l’entreprise gagne de l’argent, elle ne peut pas licencier, or beaucoup de patrons n’hésitent pas à le faire".

Le Comité : un pôle d’alerte

Pour Guy Ratane-Dufour, secrétaire général du MGER (Mouvement de la gauche écologiste Réunionnaise), "il n’est pas tolérable de voir les patrons licencier préventivement et jeter les gens à la rue. Le Comité ne se substitue pas aux syndicats, c’est un pôle d’alerte, une cellule ouverte".
Alain Armand du Mouvement La Réunion autrement, rappelle que pour l’Alliance, "l’emploi reste la priorité. La création et la préservation de l’emploi sont deux démarches conjointes. Les licenciements annoncés, prononcés, soulèvent un paradoxe puisque les entreprises font des bénéfices. Quelle réponse apporter ? Il y a urgence, on ne peut pas rester insensibles. Il est bon pour La Réunion de mettre en place un comité ouvert aux forces vives. Comment en plus des mesures actuelles agir pour sauver l’emploi ? Nous ne devons pas tomber dans le piège du libéralisme qui là n’est plus un concept politique ou philosophie, mais qui trouve une traduction amère. L’entreprise prend des avances qu’elle croit bonnes par rapport à la décision possible de l’OMC sur l’industrie de la canne et du sucre. Comment tous ensemble nous retrouver pour préserver l’emploi et apporter réponse au problème du chômage ?". Le Comité est un moyen.

Une autre formule

Emmanuel Hoarau de l’Union des démocrates et socialistes de La Réunion, souhaite que "les sensibilités politiques se retrouvent sur un problème commun" et questionne : "Qu’en serait-il demain si l’article 1 du Traité de la Constitution européenne acte la concurrence libre ? Qu’arriverait il ?".
Selon René Junker, représentant du PSR lors de la conférence, "il faut trouver d’autres réponses que la casse sociale des néo-libéraux. Rien n’interdit aux collectivités ou à l’État de poser des conditions plus draconiennes pour les subventions. Lorsque l’entreprise à des malheurs, il ne faut pas hésiter à la contrôler et à la sanctionner".
D’ici la fin du mois, une première réunion du Comité doit avoir lieu. Dans un monde où les emplois aidés sont continuellement en baisse, les politiques doivent se réunir et trouver des réponses là où certains patrons ont une responsabilité et ne prennent plus leur place. Les subventions et la création d’emploi doivent être liées, il faut une autre formule.

Eiffel


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