140.000 emplois à créer en 25 ans, 100.000 chômeurs aujourd’hui

L’ampleur du défi pour faire respecter le droit des Réunionnais à un travail

28 octobre 2006

Une forte croissance et un nombre de chômeurs qui augmente : tel est une analyse qui peut-être faite de l’économie réunionnaise à partir d’une étude de l’INSEE. Elle montre en tout cas que la croissance économique la plus forte des régions françaises ne suffit pas à garantir aux Réunionnais le respect d’un droit élémentaire inscrit dans la Constitution : celui à un travail.

4,3% de croissance économique annuelle entre 1993 et 2002, 4,9% estimé pour 2005 : ces données sont extraites de la contribution de l’INSEE au futur Schéma d’aménagement régional. Dans le même temps, la croissance de l’emploi ne suit pas le même rythme : elle est de 1,93% par an entre 1990 et 1999. D’où une hausse du nombre de travailleurs privés d’emploi : « globalement le nombre d’actifs a augmenté de 19%, tandis que celui des chômeurs progressait de 44% », écrit l’INSEE.
La cause vient d’une insuffisance de l’offre d’emploi, par rapport à la croissance de la population active que l’INSEE explique par 3 facteurs structurels : croissance démographique, vieillissement de la population et « entrée des femmes sur le marché du travail ».
Le résultat est le maintien dans la précarité d’une grande partie de la population réunionnaise. Pour une population active totale de plus de 300.000 personnes, le nombre de érémistes dépasse les 80.000. Plus de 100.000 Réunionnais sont condamnés à vivre avec 390 euros par mois.
Or, au cours des 25 prochaines années, l’augmentation de la population active va se poursuivre, alimentée par les trois facteurs énumérés ci-dessus. Elle devrait atteindre 440.000 personnes. Autrement dit, alors que notre île compte aujourd’hui plus de 100.000 personnes privées d’emploi, il faudra ajouter 140.000 emplois à créer au cours de cette période pour que le droit à un travail de tous les Réunionnais soit respecté.
C’est dire l’ampleur du défi, et la nécessaire recherche d’autres moyens que ceux qui ont été jusqu’ici employés car ils n’ont pas fait significativement reculer le chômage. Le maintien dans l’exclusion d’un travailleur sur trois ne peut avoir que de graves conséquences pour la cohésion sociale de l’île. D’autant plus que le niveau de formation augmente, tout comme la productivité des entreprises. Alors quelle peuvent être les marges de manœuvres ? À cette question, la contribution de l’INSEE à la révision du SAR apporte des éléments préalables à la décision.

M.M.


La prépondérance des emplois administratifs

Les services administrés regroupent deux secteurs selon l’INSEE :
« Le premier appelé "administration recouvre les actions exécutives et législatives des pouvoirs publics (État, Région, Département, communes), la Défense, la Justice, la Police, la gestion des régimes obligatoires de protection sociale, l’administration d’organismes associatifs.
Le second est constitué par les activités relatives à l’enseignement, la santé et l’action sociale ».
Dans son interprétation, l’INSEE relève une importance relative (48% des salariés) du secteur des "services administrés" par rapport au secteur marchand. L’institut souligne que l’effectif de ces services en rapport avec l’action publique rapporté à la population totale « est quasiment identique » à celui de la France : entre 110 et 115 emplois pour 1.000 habitants.
Il constate une faiblesse relative du secteur marchand. En France, ce dernier représente 70% de l’emploi contre 52% à La Réunion.


Un salarié sur trois dans la fonction publique

205.700 : tel est le nombre d’emplois que proposait l’économie réunionnaise fin 2003. Et parmi ces derniers, 67.000 dans les trois fonctions publiques. Autrement dit, un salarié réunionnais sur trois est dans la fonction publique, titulaire ou contractuel, alors qu’en France, la proportion est de un sur cinq. Mais attention, fonction publique ne signifie pas emploi stable comme le montre les 11.000 employés communaux non-titulaires.
Pour l’INSEE, cette prépondérance de la fonction publique ne signifie pas une tendance à des effectifs pléthoriques, elle s’explique par « la faiblesse des autres activités - essentiellement marchandes ».
Si le commerce est le principal contributeur à l’emploi dans le privé, il offre 27.000 postes, alors que le BTP dont le dynamisme est souvent loué emploie 11.800 salariés.


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