« Pour les oubliés de la réforme »

L’ARCP veut une retraite minimum de 880 euros

18 juin 2010, par Edith Poulbassia

L’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté (ARCP) a tenu une conférence de presse à Bras-Panon hier matin pour attirer l’attention sur « les oubliés de la réforme des retraites ». Elle appelle à « militer activement pour un revenu minimum garanti après 60 ans, au-dessus du seuil de pauvreté fixé à 880 euros mensuels ». Rendez-vous est fixé le 22 juin sur le parvis des Droits de l’Homme à Saint-Denis.

Pour l’ARCP, il est impossible de poser le problème des retraites indépendamment du problème des revenus. Or, aujourd’hui, une large frange de la population réunionnaise est contrainte de vivre avec de faibles revenus. Les membres de l’ARCP, Monique Iory, Rolan Lambert, Éric Parlier, Nadia Tancourt et Jean-Hugues Ratenon, ont ainsi passé en revue les catégories des abandonnés de la retraite.
À commencer, dans l’immédiat, par les personnes percevant le RSO. Une allocation qui se veut être un Revenu de solidarité spécifique à l’Outre-mer. Mais pour Jean-Hugues Ratenon, porte-parole de l’ARCP, le RSO s’apparente plutôt à de l’injustice. Réservé aux plus de 50 ans, au RMI depuis au moins 2 ans, le RSO, d’un montant de 475 euros, est « irréversible ». « Pour 20 euros de plus que le RMI, on nous dit d’aller vers le RSO, ce qui, pour nous, est la retraite des pauvres, commente Jean-Hugues Ratenon. Impossible pour la personne de reprendre un emploi une fois le RSO accepté. Elle est déjà dans le couloir de la pauvreté et n’aura plus qu’à attendre après 60 ans le minimum vieillesse (environ 600 euros). La personne est condamnée à une double peine ».

Double peine pour les jeunes ?

Pour cette catégorie d’abandonnés, l’objectif du gouvernement n’est rien d’autre que de « faire baisser les statistiques du chômage », soutient Jean-Hugues Ratenon. La Réunion est d’ailleurs le plus gros consommateur de RSO, « une spécificité injuste envers les populations d’Outre-mer ».

Autre catégorie : les retraités agricoles. Selon l’ARCP, ils sont 15.000 à La Réunion, dont 75% vivent avec moins de 365 euros mensuels. Une situation là encore inadmissible.

Dernière catégorie relevée par l’ARCP, et non des moindres, « les personnes à risque ». Autant dire la grande majorité des Réunionnais, population jeune. Comme l’a indiqué l’INSEE cette semaine, 35% des jeunes de moins de 34 ans sont au chômage et 51% des jeunes de moins de 25 ans. « Une situation extrêmement préoccupante », pour Jean-Hugues Ratenon. « La retraite, ce sera mission presque impossible pour ces gens. Quel avenir pour eux ? Le RSO ? La misère après 60 ans, et des petits revenus avant ? », interroge-t-il.
Pour l’ARCP, l’avenir est donc bien sombre au vu de la situation actuelle : 120.000 chômeurs, un tiers de la population au minimum vieillesse. A moins que la population se mobilise pour un revenu minimum garanti après 60 ans, au-dessus du seuil de pauvreté fixé à 880 euros mensuels.

EP


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