Femmes solidaires pour l’emploi

« L’avenir de nos enfants est en danger »

17 août 2013, par Céline Tabou

Lors d’une conférence de presse, les membres de l’association Femmes Solidaires pour l’Emploi, présidée par Simone Yee Chong Tchi Kan, ont fait part de leurs inquiétudes face à la rentrée scolaire et aux difficultés rencontrées par les étudiants.

Des membres de l’association Femmes Solidaires pour l’Emploi, notamment sa présidente Simone Yee Chong Tchi Kan, entourés d’étudiants lors de la conférence de presse.

Simone Yee Chong Tchi Kan a mis en avant les réussites au Baccalauréat — 9.057 lauréats sur 10.817 candidats — et en CAP/BEP, qui connait une réussite de 80%. Après l’euphorie et l’invitation par tous les maires des « heureux lauréats, de la remise de récompenses jusqu’au dancing, les élus ont fait la fête. Mais aujourd’hui, retour à la réalité du quotidien ».

« C’est la galère »

Simone Yee Chong Tchi Kan a expliqué : « Dans trois jours, c’est la rentrée (lundi 19 août), environ 240.000 jeunes Réunionnais vont peu à peu entamer une nouvelle rentrée scolaire et universitaire. La rentrée scolaire, c’est une véritable galère ». En effet, il s’agit d’une « nouvelle épreuve pour les parents, déjà mis en difficultés financières suite à la cherté de la vie. C’est une succession d’étapes infernales dures à affronter. Les familles aux revenus modestes accusent le coup ».

La présidente de l’association a affirmé que « l’éducation est un droit et non pas un produit qu’on achète ». Cette dernière a dénoncé le coût des études pour les parents et les problèmes de logement, hausse des loyers, l’absence de transport et les contraintes financières des étudiants. « Où sont passés les élus ? » , pose Simone Yee Chong Tchi Kan, une fois l’euphorie de la réussite passée.

Logement et transport au cœur des préoccupations

Pour cette dernière, le logement étudiant est le principal souci des parents en cette rentrée. Face à la pénurie de logements du CROUS, les parents espèrent souvent en vain obtenir un logement. Alors qu’à « La Réunion, la capacité d’accueil du CROUS s’élève à 1.036 logements sur toute l’île », cela ne parvient pas à compenser les demandes des 17.000 étudiants. « Les jeunes sont désœuvrés et les parents angoissés », la présidente de l’association a pris pour exemple “le SOS” d’un parent sur une radio.

Concernant les agences immobilières, celles-ci « offrent aux étudiants et à leur famille des garanties en termes de sécurité » , mais les frais « montent vite et la location devient chère. Trop chère pour un budget étudiant » . Dans le logement privé, « certains propriétaires se payent la tranche des étudiants », offrant des espaces de vie n’étant pas aux normes.

Simone Yee Chong Tchi Kan a évoqué la « hausse incontrôlée des loyers », qui « ne correspondent aucunement aux commodités disponibles ». « C’est un véritable supplice pour les étudiants et les familles » , auquel s’ajoute l’absence de transport universitaire.

Cette dernière a pointé du doigt les élus : « Les élus sont là pour faire la fête. Mais ils ne se préoccupent aucunement de l’avenir de la jeunesse. Que ce soit le logement, l’organisation de transport, n’est-ce pas le rôle de nos élus de s’en préoccuper ? ».

L’éducation, « un droit et non un privilège tarifé »

De son côté, Aurélie Crescence a évoqué les problèmes financiers des étudiants : « Il y a des étudiants qui peuvent être aidés par leurs parents et d’autres qui sont obligés de financer seuls leurs frais de scolarité »  : inscription, fournitures scolaires, mutuelles et sécurité étudiante, transports, frais alimentaires, internet, téléphone, hygiène, vêtements, frais médicaux et loyer.

Cette dernière a rappelé que ces frais représentent « des sommes considérables dans la vie d’un étudiant estimées à environ 1.000 euros ».

Aurélie Crescence a expliqué que « le coût de la vie étudiante est tiré vers le haut par le logement et les produits de première nécessité », ajoutant que « le loyer est le premier poste de dépense des étudiants et représente 50% de leur budget mensuel ».

Elle a indiqué que « 6 étudiants du 10 ont un logement étudiant » , les obligeant parfois à avoir un job étudiant pour pouvoir payer leurs dépenses.

« Travailler en dehors de ses heures de cours pose des problèmes de fatigue, de manque de concentration, des heures de cours séchées », a expliqué la jeune femme. Et d’évoquer le décrochage des étudiants, voire l’échec. C’est pourquoi : « L’accès aux études supérieures devrait être conçu comme un droit et non comme un privilège tarifé ».

Céline Tabou

Un système éducatif incohérent

Simone Yee Chong Tchi Kan a expliqué que des bacheliers professionnels avaient, depuis 1985, la possibilité d’entrer dans les filières généralistes, alors qu’ils n’y tenaient pas, mais ne pouvaient pas faire autrement en raison d’un marché du travail bouché. Les bacheliers techniques et professionnels sont écartés au profit des bacheliers généraux, les obligeant à aller à l’université, sans pour autant en avoir les dispositions. « Ils se retrouvent désarmés, égarés dans des formations plus complexes et conceptuelles auxquelles ils ne sont pas préparés et bientôt en échec pour la grande majorité d’entre eux », a expliqué Simone Yee Chang Tchi Kan.

Enfin, cette dernière a pointé du doigt les problèmes pour les Bac-pro à trouver une entreprise en alternance, car « les places sont rares et les candidats nombreux » .

De plus, le nombre de formations à La Réunion est restreint, ont expliqué Juan, Geoffroy et les étudiants présents lors de cette conférence de presse. De plus, le nombre de formations à La Réunion est restreint, ont expliqué Juan, Geoffroy et les étudiants présents lors de cette conférence de presse.
Neuf propositions de Femmes Solidaires pour l’Emploi

« Des mesures d’urgence sont indispensables pour mettre fin à cette injustice et permettre à chacun, quelle que que soit son origine sociale, d’accéder aux études de son choix », a expliqué Simone Yee Chong Tchi Kan.

- la mise en place d’un numéro vert pour recenser tous les étudiants en difficultés afin de les accompagner ;

- la réquisition de logements libres pour permettre aux étudiants de se loger ;

- les autorités doivent intervenir d’urgence pour arrêter l’arnaque sur les loyers. L’État doit fixer un plafond pour les taris des foyers privés ;

- la mise en place d’un investissement pour construire des logements étudiants ;

- la mise en place d’un guichet unique pour accompagner les jeunes ;

- l’organisation d’un réseau de transport ;

- la création d’une allocation de rentrée étudiante d’études supérieures et de formation ;

- la réalisation d’une émission télévisée d’une heure pour informer les familles sur l’orientation ;
la mise en place de chèques santé étudiant.

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