Alliance des jeunes pour la formation et l’emploi à la Réunion

« L’avenir de notre île ne pourra se décider sans nous »

28 octobre 2009, par Sophie Périabe

Créé en juillet dernier, le ’collectif jeune pour les Etats Généraux’ prend aujourd’hui une nouvelle forme au sein de ’l’alliance des jeunes pour la formation et l’emploi à la Réunion’. Cette nouvelle organisation se veut être un outil de rassemblement et d’expression de la jeunesse réunionnaise, des jeunes qui souhaitent prendre leur avenir en main et construire la Réunion de demain.

Dès la mise en place des Etats Généraux de l’Outre-mer en juillet dernier, "le collectif jeune pour les Etats Généraux" a vu le jour. Désireux de participer à cette consultation, les jeunes réunis dans ce collectif ont alors élaboré un projet intitulé "Nou lé kapab, 1.000 projets pour la jeunesse réunionnaise". Ce projet apporte des réponses aux problèmes que rencontrent actuellement les jeunes réunionnais. « Nous avions remis nos contributions au conseiller du ministre, aux ateliers, etc. Mais, nous constatons qu’aucune de nos propositions n’a été retenue dans le rapport remis au président de la République » déplore Gilles Leperlier du collectif. Or, le 6 novembre prochain, Nicolas Sarkozy rendra sa synthèse des Etats Généraux. Hier, "l’alliance des jeunes pour la formation et l’emploi à la Réunion" a donc envoyé sa
contribution au Président de la République. « L’avenir des jeunes ne peut se faire sans les jeunes » précise Gilles Leperlier.

Pour la tenue d’un moratoire sur la situation des jeunes réunionnais

« Des jeunes qui sont aujourd’hui dans une situation catastrophique avec ou sans diplôme » dénonce le collectif. Et la situation n’est pas prête de s’arranger si l’on se réfère aux chiffres du chômage. "L’alliance des jeunes pour la formation et l’emploi à la Réunion" a pris également connaissance du rapport de la mission parlementaire en déplacement dans notre île récemment. « Le rapporteur de la mission, un élu UMP Eric Doligé a souligné que : « le recteur de la Réunion nous a indiqué que l’Education Nationale procède à environ 1.000 embauches par an : mais 900 des 1.000 candidats retenus viennent de métropole, alors que le territoire ne manque pas de diplômés. Il est vrai que la sur-rémunération de 1,53 attire les métropolitains ; et les jeunes sur place, qui ont moins d’ancienneté, voient ces arrivants passer devant eux… Nous n’avons pas la solution miracle mais nous avons des pistes, exiger la maîtrise de la langue créole par exemple. » Il s’agit d’une déclaration forte insiste Gilles Leperlier. « C’est ce que nous dénonçons depuis le début de l’année. Il faut reconnaître les limites du système ». Selon le collectif, il faut prendre en considération les spécificités locales.
Et cela passe par la tenue d’un moratoire pour faire le point sur la situation à la Réunion et remettre en cause le système actuel. « Pourquoi se former à la Réunion si les jeunes ne peuvent pas avoir accès aux emplois ici. Depuis des années, il y a des dizaines de milliers d’emplois qui sont passés sous le nez des réunionnais, à cause notamment de la sur-rémunération qui attire les travailleurs métropolitains. Les jeunes ne peuvent plus accepter cette situation ». Attention, il ne s’agit pas d’un "combat zoreil-créole" mais vraiment de prendre en considération la situation des jeunes réunionnais. « Pourquoi ne pas mettre la sur-rémunération pour tout le monde ? » demande le collectif.
Les 200 jeunes réunis au sein de l’alliance pour la formation et l’emploi attendent donc beaucoup de la synthèse du Président de la République et surtout la réforme du modèle actuel. Ces jeunes n’entendent pas devenir une génération sacrifiée.
Ils organiseront le 6 décembre prochain un grand rassemblement pour achever l’organisation du mouvement et se préparer aux échéances, notamment électorales, à venir.

 SP 


Pour une mobilité choisie

Eddy Dijoux est un jeune du Tampon diplômé, expérimenté et paradoxalement au chômage.
« Je suis allé faire mes études en métropole comme on me l’a conseillé. Aujourd’hui, je reviens avec un diplôme dans le commerce, de l’expérience mais impossible de travailler un emploi » déplore le jeune tamponnais.
Beaucoup de jeunes de 18/25 ans se retrouvent sans revenus, sans minimas sociaux « et c’est très dur de se former dans ces conditions. Nous sommes vraiment désespérés ». On ne cesse de vanter la mobilité aux jeunes réunionnais mais après qu’est-ce qui les attend ? Auront-ils la possibilité de revenir dans leur île ? De trouver un emploi ? Dans le domaine d’Eddy, il est très difficile de travailler à la Réunion. « Quand on débute en tant que commercial en métropole c’est possible, mais ici, c’est impossible ». En effet, les transports en commun ne sont pas assez développés.
D’autre part, Gilles Leperlier insiste sur la nécessité d’une mobilité choisie. « Il faut se former aux métiers d’avenir, on peut privilégier la mobilité dans la zone Océan Indien également. On ne peut pas mettre les jeunes dans les avions sans accompagnement, sans possibilité de revenir et de travailler ».

 SP 


« Nous ne voulons pas d’une jeunesse à deux vitesses »

Aujourd’hui, "le collectif jeune pour les Etats Généraux" devient "l’alliance des jeunes pour la formation et l’emploi à la Réunion". « Nous avons voulu intégrer tous les jeunes, aussi bien les jeunes lycéens et étudiants que les jeunes au chômage. C’est un moyen de rassemblement et d’expression pour la jeunesse réunionnaise » explique Gilles Leperlier.
Environ 200 jeunes de toute l’île sont regroupés au sein de cette alliance.
« Nous sommes allés à la rencontre des jeunes au chômage dans les quartiers, etc. Nous ne voulons pas d’une jeunesse à deux vitesse avec d’une part, la jeunesse lycéenne et étudiante qui a le moyen de s’exprimer et la jeunesse sans emploi qui n’ont pas de moyens de revendications » soutient Gilles Leperlier.
L’alliance des jeunes a créé un blog et une adresse mail pour que les jeunes puissent les contacter et apporter eux aussi leur contribution.
En attendant le grand rassemblement du 6 décembre, le collectif va continuer à arpenter les quartiers de l’île pour aller à la rencontre de la jeunesse réunionnaise.

 SP 

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