
Un effort supplémentaire de 5 milliards d’euros nécessaire cette année
27 juinLa dette française atteint 114% du PIB au premier trimestre, soit près de 48.800 euros par Français. De fait, des crédits initialement prévus « ne (…)
Eugène Rousse :
17 décembre 2008
Cette fin d’année 2008 est marquée à La Réunion, ainsi que dans toute la France, par d’innombrables manifestations de colère de tous ceux qui se sentent concernés par le fonctionnement du système éducatif français. Notre ami Eugène Rousse, un grand spécialiste réunionnais de ces questions, a fait parvenir à “Témoignages” un éclairage très intéressant sur la grave menace qui pèse sur le service public de l’enseignement. Ce document est un soutien important apporté au combat de la jeunesse réunionnaise pour l’emploi et la formation.
Rappelons que dans la “Lettre à tous ceux qui aiment l’école”, publiée en 2003 et cosignée par Xavier Darcos, ministre délégué à l’Enseignement scolaire de 2002 à 2004, ce dernier estimait urgent de « donner à chaque école, à chaque établissement (...) les moyens de mener une politique d’amélioration constante de la qualité du service d’enseignants (...) ».
Afin de mener à bien une entreprise visant à « réconcilier la nation avec son école », le ministre prenait l’engagement d’ouvrir « un large débat avec l’ensemble des acteurs et des partenaires de notre système de formation et de recherche ».
Nommé ministre de l’Éducation nationale après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, Xavier Darcos s’empressait de confier au conseiller d’État Marcel Pochard le soin de présider une commission ayant pour mission de se livrer à un examen approfondi de la « question enseignante ».
Ce rapport, publié le 4 février 2008, nous apprenait que « les conditions d’enseignement dans le premier degré en France sont parmi les moins favorisées en Europe ». Ainsi se trouvait confirmé le constat fait en 2005 par le directeur adjoint de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) : « Aujourd’hui, le système éducatif français produit trop de chômeurs et pas assez de diplômés de haut niveau ».
Des faits accablants
De telles déclarations allaient-elles conduire Xavier Darcos à s’employer enfin à « mettre l’École en situation de répondre aux attentes de tous les Français », comme il s’y était engagé dans sa “Lettre” de 2003...?
À cette question, on ne peut que répondre “non” quand on connaît les faits accablants que nous rappelons ci-après :
• Le ministre de l’Éducation nationale est coresponsable de la suppression dans son ministère de 60.000 emplois entre 2002 et 2008 et des 80.000 nouvelles suppressions de postes prévues entre 2009 et 2012.
• Prétextant que les programmes de 2002 du premier degré - dont il se réjouissait en 2002 du « caractère ambitieux et exigeant » - n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, Xavier Darcos s’est permis de faire rédiger, à la hâte et discrètement, de nouveaux programmes pour la rentrée de septembre 2008. Et cela, en dépit de l’opposition, le 22 mai 2008, du Conseil supérieur de l’éducation nationale (CSEN), alors que les programmes de 2002, élaborés après 18 mois de concertation, n’étaient qu’à « mi chemin de leur application ».
• Toutes les réformes imposées par Xavier Darcos sont essentiellement
dictées par le souci de réduire au maximum le coût de l’éducation en France.
Ainsi, approuvons-nous sans réserve l’observation faite à Xavier Darcos par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jack Lang, lorsqu’il écrit : « L’École de demain, celle que vous appliquez dès cette rentrée 2008 au primaire, comme celle que vous préparez pour 2009 au secondaire est une école déboussolée et considérablement asséchée ».
Les besoins en enseignants ne sont pas satisfaits
Il n’entre pas dans mon propos d’analyser toutes les réformes initiées par l’actuel ministre de l’Éducation nationale et qui, pour la plupart d’entre elles, aggravent sensiblement les inégalités au sein de la population scolaire. Je me bornerai à faire quelques observations relatives aux besoins en enseignants, à leur recrutement et à leur formation, à compter de l’an prochain.
Ce n’est un secret pour personne, que les besoins en enseignants resteront élevés au cours des prochaines années. Ayant pris la décision de ne pas remplacer 13.500 départs en retraite en 2009, Xavier Darcos ne cache pas son intention de recourir aux mesures suivantes :
- Suppression de 3.000 des 11.000 postes des Réseaux d’aide spécialisée aux enfants en difficulté (RASED) et réaffectation de ces 3.000 maîtres spécialisés dans les écoles en qualité d’enseignants généralistes.
- Fin du détachement d’un premier contingent de 500 maîtres affectés jusqu’à présent aux « œuvres complémentaires de l’École », qui devront désormais se passer de leur précieux concours.
- Création d’une Agence nationale de remplacement chargée de pourvoir au remplacement des enseignants en congé, en mettant à la disposition de l’Éducation nationale des contractuels (non qualifiés) en lieu et place des titulaires-remplaçants, dont le corps entrera probablement l’an prochain en voie d’extinction, tout comme celui des enseignants spécialisés.
- Recours aux heures supplémentaires (2 millions 300.000 à la rentrée 2008) assorti d’une prime de 500 euros aux professeurs du secondaire acceptant d’en faire 3 heures par semaine.
- Suppression probable dans les écoles maternelles de l’accueil des enfants de 2 ans, malgré les mises en garde de la Cour des comptes et les protestations de syndicats et des spécialistes de la petite enfance.
Une telle suppression permet, il est vrai, de récupérer quelque 6.000 postes.
- Généralisation de la préparation au BAC professionnel en 3 ans au lieu de 4 actuellement. Là aussi, l’économie de postes n’est pas négligeable :
10.000 à l’horizon 2011. C’est une telle économie qui conduit le ministre à ne pas tenir compte de l’hostilité du Conseil supérieur de l’Éducation à son projet (séance du 23 octobre 2008)
- Réduction voire suppression de certains enseignements, génératrice d’économie de postes. Et cela en dépit des puissantes et fréquentes manifestations de rues au cours de la dernière période.
- Encouragement à retarder le plus possible le départ en retraite. 70 ans semble avoir la préférence du gouvernement Fillon. Des enseignants français, qui sont les plus mal payés des pays de l’OCDE (22ème sur 29), pourraient ne pas rester sourds à la promesse gouvernementale.
D’injustes conditions de recrutement...
Après avoir souligné l’importance des besoins en enseignants et les palliatifs auxquels a recours Xavier Darcos, voyons comment sont traités par le Ministère les problèmes du recrutement et de la formation des enseignants.
L’an prochain, le recrutement se fera au niveau BAC + 5 au lieu de BAC + 3 ou BAC + 4 actuellement. Il n’est évidemment pas question de pré-recrutements au niveau seconde ou niveau BAC, qui permettaient il y a peu de temps aux jeunes de milieu défavorisé de se former tout en étant payés. Quant au recrutement, il devient de plus en plus sélectif, en raison de la dramatique insuffisance du nombre de postes mis aux concours.
Tous les concours de recrutement d’enseignants comporteront à partir de 2010 deux épreuves écrites d’admissibilité, qui auront lieu en janvier, et deux épreuves orales d’admission, 6 mois plus tard. Ne pourront s’y présenter que les étudiants titulaires d’un master (ou en 2ème année de master).
...et de formation
En ce qui concerne la formation des enseignants, Xavier Darcos semble considérer que le métier d’enseignant est un métier qui ne s’apprend pas.
S’il convient de se féliciter de l’élévation du niveau de recrutement des enseignants à BAC + 5, il nous faut toutefois déplorer la place dérisoire qu’y occupe leur formation dans le projet de réforme que Xavier Darcos a rendu public le 13 octobre 2008. Projet, qui confirme l’intention du ministre de supprimer les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) créés par la loi d’orientation du 10 juillet 1989.
M. Xavier Darcos ne peut ignorer que la la démocratisation de l’école est subordonnée à une solide formation des enseignants.
Rappelons que lorsque le pré-recrutement se faisait au niveau 3ème ou au niveau BAC, les “élèves-maîtres” avaient droit à une formation professionnelle d’une durée d’au moins une année, tout en étant rémunérés. Une année au cours de laquelle des cours de pédagogie, de psychologie de l’enfant, d’arts plastiques etc... leur étaient dispensés par des professeurs d’École normale. Des stages leur étaient proposés par les associations d’éducation populaire ainsi que par les collectivités organisatrices de colonies de vacances.
La Jeunesse et Sports leur offrait un encadrement de qualité susceptible de leur apprendre à enseigner l’EPS (éducation physique et sportive). En outre, l’élève-maître devait obligatoirement faire des stages dans diverses classes du premier degré et présenter un mémoire de recherche sur un sujet laissé à son choix. Toutes ces activités étaient notées et l’année de formation s’achevait par un examen comportant notamment des épreuves de pédagogie et de psychologie.
Les lauréats se voyaient alors décerner le certificat de fin d’études normales (CFEN). Précieux diplôme sans lequel ils ne pouvaient se voir confier une classe. Ils ne devenaient toutefois titulaires d’un poste, que s’ils subissaient avec succès les épreuves pratiques du certificat d’aptitude pédagogique (CAP).
Ajoutons que les enseignants désireux de se mettre au service des élèves en situation de grande difficulté scolaire avaient la possibilité, au terme d’une année de stage, de devenir psychologues scolaires ou rééducateurs et maîtres spécialisés en psychopédagogie.
Rappelons enfin, qu’au cours de leur carrière, tous les maîtres avaient droit à 36 semaines de formation continue.
L’ouverture des IUFM en 1992 n’a pas provoqué de gros bouleversement dans la formation des enseignants, dont la durée n’a subi aucun changement. Le concours d’entrée à l’IUFM n’étant toutefois ouvert qu’aux titulaires de la licence ou de la première année de master.
Vers la fin de l’apprentissage du métier d’enseignant
La réforme de Xavier Darcos marque à l’évidence la fin de l’apprentissage du métier d’enseignant. Le pseudo apprentissage d’une durée de moins de 6 mois, proposé par le ministre, ne peut raisonnablement être pris en charge par l’université, faute de moyens. Il n’est plus question, dans la réforme Darcos, d’une véritable formation continue.
Il est vrai que Xavier Darcos propose l’accompagnement de tout enseignant débutant par des enseignants expérimentés ; il ne se rend ainsi pas compte que « la formation par compagnonnage est d’un autre temps ».
Comment, dans ces conditions, le ministre de l’Éducation nationale peut-il affirmer que l’engagement pris d’obtenir du système éducatif qu’il assure
« la réussite pour 100% des jeunes » sera tenu ?
Un plan visant à démanteler l’École
La référence du ministre au modèle finlandais ne peut tromper personne lorsque l’on sait que :
- les enseignants finlandais titulaires bénéficient tous de 5 à 6 ans d’études supérieures, dont un à deux ans de pédagogie ;
- en Finlande, les classes ont un effectif ne dépassant pas 25 élèves ;
- les élèves finlandais sont guidés dans leur choix d’options par des enseignants spécialisés ayant reçu une formation de 18 mois.
Sans risque d’erreur, on peut affirmer que dans le silence de son ministère, M. Xavier Darcos a élaboré un plan visant à démanteler l’École de la République. C’est une École inégalitaire qu’il a entrepris de construire, en dépit des protestations qui s’élèvent de toutes parts. Force est donc pour tous ceux qui se sentent comptables des intérêts de notre jeunesse et de notre pays de renforcer leur mobilisation. Ce n’est qu’à ce prix que notre École publique sera sauvée.
Eugène Rousse
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