400 millions d’euros perdus pour La Réunion, 10.000 emplois en jeu

L’économie de La Réunion fragilisée par le risque de crise dans le BTP

10 septembre 2008, par Manuel Marchal

Lundi, les représentants patronaux du BTP ont décrit la menace qui pèse sur 10.000 emplois. Cette alerte est due à l’annulation de plusieurs chantiers, ainsi qu’à un refus de nombreux permis de construire par les services de l’Etat du fait que les stations d’épuration ne sont pas aux normes. 400 millions d’euros ont été perdus dans le BTP, et pour l’avenir immédiat, la FRBTP est pessimiste. Cette menace est d’autant plus grave pour le pays qu’elle concerne le secteur le plus créateur d’emplois.

10.000 emplois directs en jeu dans les prochaines années, 400 millions d’euros de travaux perdus : ce sont les chiffres annoncés par la FRBTP lundi.
Depuis déjà plusieurs mois, les signes inquiétants s’amoncellent pour le BTP. Il y a notamment eu le refus par Didier Robert de lancer les travaux de la Rocade du Tampon, alors que tout était prêt. C’est un chantier équivalent au dixième de la route des Tamarins qui échappe donc aux travailleurs réunionnais. Par ailleurs, le changement de majorité dans la capitale a vu l’arrêt du Pôle Océan et du Zénith, alors que les travaux avaient déjà commencé. Enfin, l’Etat a saisi le prétexte de la non mise aux normes de stations d’épuration pour refuser de nombreux permis de construire. Résultat : c’est l’inquiétude dans tout le secteur du BTP. Et le projet de loi-programme n’est pas là pour rassurer les chefs d’entreprise. La réforme de la défiscalisation réussit à faire l’unanimité contre elle de tous les acteurs concernés. Sans compter que les permis de construire refusés concernent des logements qui sont éligibles à la défiscalisation aujourd’hui. Si le blocage se prolonge, les investisseurs seront-ils toujours là alors que la subvention fiscale donnée par l’Etat sera moins intéressante qu’aujourd’hui ?

Un premier ralentissement en 2007

Cette alerte touche le secteur économique réunionnais qui est le plus important créateur d’emplois. Alors qu’en 2007, le nombre de créations dans le secteur privé était inférieur à celui de 2006, le BTP a tiré l’économie vers le haut en créant 2.565 emplois, selon l’ASSEDIC. Cela représentait, en 2007, 15% du nombre total de créations d’emplois à La Réunion.
Fin 2007, le secteur de la construction pesait près de 20.000 emplois, soit 15% des effectifs totaux, c’est-à-dire davantage que la somme des secteurs agricoles et industriels. Depuis 2003, précise l’ASSEDIC, « l’emploi dans la construction progresse en moyenne annuelle de 11% ».
Mais l’"Evolution de l’emploi salarié à La Réunion" de l’ASSEDIC notait déjà qu’en 2007, « après deux années de forte croissance en 2005 et 2006, l’emploi dans la construction en 2007 ralentit, passant de +15% à +8% ».
Comme le laisse entendre la FRBTP, ce ralentissement pourrait donc s’aggraver, et faire du BTP un secteur qui perd des emplois.
Cette situation serait une catastrophe pour La Réunion, car c’est un des piliers de son développement qui serait touché.
Car nul doute que si le BTP supprimait des emplois au lieu d’en créer, cette crise toucherait toute l’économie. Or, comme le rappelle l’INSEE, plus de la moitié des Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté. Comment alors lutter contre la pauvreté en créant des emplois si le secteur le plus dynamique dans ce domaine en supprime ?

Un problème global

Cela rend d’autant plus décisif le débat parlementaire qui va se dérouler lors de l’adoption du projet de loi-programme pour l’Outre-mer. En effet, si le gouvernement et la majorité maintiennent le texte en l’état, alors le résultat ne pourra qu’être à l’inverse des objectifs affichés qui sont notamment la création d’emplois par l’activité. Cela place également sous les feux de l’actualité la question de la mise aux normes des stations d’épuration (voir texte ci-après).
Tout cela dans un contexte d’aggravation de la situation marqué par la hausse des prix, et la remontée du chômage, qui est même reconnue par les statistiques officielles.
Autant dire que l’alerte est plus que sérieuse, et qu’elle va bien au-delà du secteur du BTP.

Manuel Marchal

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