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Lutte pour l’égalité des droits
9 janvier 2006
Le concept d’“égalité des chances” est décidément un concept à la mode. Le Premier ministre tout comme le président de la République l’utilisent avec une certaine délectation. Or, il pose de gros problèmes.
Début décembre, Dominique de Villepin lançait : "L’année 2006 sera l’année de l’égalité des chances". Et Jacques Chirac a confirmé lors de son intervention de fin d’année qu’il faisait de cette fameuse égalité des chances une grande cause nationale : "C’est une exigence démocratique et civique qui ne peut plus attendre".
Mais nombreux sont quand même ceux - et “Témoignages” a été de ceux-là (1) - qui ont fait remarquer qu’entre “égalité des chances” et “égalité des droits”, il y a plus qu’une nuance. Qu’entre “égalité des chances” et égalité tout court, il y a loin de la coupe aux lèvres. Et que derrière ce slogan se cache en fait toute la construction libérale d’une société nourrie de compétition, de concurrence sans merci, et donc d’inégalité (2).
Un chemin inverse
Tout d’abord, ceux qui s’évertuent à nous “vendre” l’égalité des chances comme un talisman qui ouvrirait les portes d’une société réconciliée, que font-ils concrètement au niveau des décisions qu’ils prennent ? Dans le même temps où sont prononcés ces discours apparemment très généreux, c’est un chemin inverse qu’ils continuent à emprunter, tournant le dos aux plus pauvres et aux plus discriminés.
Toutes les mesures de casse sociale - les retraites, la couverture maladie, les allocations chômage, le pouvoir d’achat des transferts sociaux - qui veulent se faire passer pour des mesures de “modernisation” de la société, ont en effet creusé, renforcé, exacerbé les inégalités sociales. Et le mouvement de régression se poursuit, rejetant une partie grandissante de la population dans une situation de précarité, de fragilité et d’angoisse.
Parler dans ces conditions du "grand chantier de l’égalité des chances" revient à tromper l’opinion sur la marchandise. Dans la réalité, les inégalités, qu’elles soient économiques, sociales ou culturelles, s’aggravent et le discours sur l’égalité des chances est là précisément pour masquer la logique impitoyable de la production et du développement des inégalités dans notre société “libérale avancée”. Le concept agit en fait comme une drogue douce administrée pour obstruer la perception lucide que le peuple pourrait avoir du fonctionnement du système.
En effet, il véhicule l’idée qu’une fois placés sur une ligne de départ idéalement la même pour tous, les individus ne devraient plus qu’à leurs capacités personnelles, à leurs dons et à leurs talents innés, le fait de grimper ou non dans l’échelle de la société. L’égalité se trouve ainsi cantonnée dans une sphère individuelle, quasiment privée. La hiérarchie des pouvoirs économiques et sociaux est définitivement légitimée, puisqu’elle serait là pour sanctionner les meilleurs, lauréats d’une course équitable, couronnés grâce à leur “mérite”, un mérite naturel, tombé du ciel, coupé de tout déterminisme social.
Ils ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes
À partir de là, il faut bien voir que le concept de l’égalité des chances ne contredit pas un système social où les inégalités des conditions de vie soient importantes, voire phénoménales. En effet, chacun ayant eu sa “chance” au départ, les laissés pour compte, ceux qui se seront laissé engluer dans la pauvreté, ceux qui seront sans emploi, ceux qui seront malades, usés, ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes, ils auront gâché la chance qui s’était offerte à eux, tout simplement.
Le concept d’égalité des chances est donc en fait un outil pervers de justification des mécanismes de classes de notre société. Une arme pour lancer la contre-offensive idéologique contre ceux qui agissent pour un changement du système : grâce à la mystification de l’égalité des chances, les tenants conservateurs du libéralisme espèrent pouvoir faire accepter que soit reniée l’exigence fondamentale de l’égalité des droits et des conditions de vie.
Dans la bataille d’idées propre à La Réunion, il est tout sauf étonnant de retrouver aujourd’hui parmi les chantres de l’“égalité des chances” ceux-là même qui pourfendaient hier l’égalité sociale (3) et vantaient les vertus de la parité. Dans les deux cas, ils ouvrent une voie royale... à l’inégalité.
Alain Dreneau
(1) Voir dans “Témoignages” du 9 novembre 2005, l’éditorial.
(2) Lire en particulier les articles suivants : “Refonder l’égalité”, par Marc Fleurbaey, économiste, Directeur de recherches au CNRS et “L’arnaque de l’égalité des chances”, par Roland Pfefferkorm, professeur de sociologie à l’Université de Marc Bloch à Strasbourg. Articles qu’on trouvera sur le site http://rezo.net/
(3) En tête de liste, Jean-Paul Virapoullé... Ce qui ne l’empêche pas de dresser le bilan des années Mitterrand à La Réunion dans les termes suivants : "Globalement, l’époque Mitterrand a été une époque de vérité sur le plan statutaire et une époque d’avancée vers l’égalité sociale". On n’a pas la berlue, cela figure dans “le Quotidien” du dimanche 8 janvier ! Si La Réunion avançait vers l’égalité sociale, c’est bien lui qui reculait avec sa parité... Mais comme dit le proverbe, "la lang na poin lo zo" !
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