La France associative en mouvement - 2 -

L’emploi dans l’économie sociale

7 décembre 2007, par Sophie Périabe

Un rapport du centre d’étude et de recherche sur la philanthropie (CerPhi) a été publié en octobre dernier. Ce document fait état de la place qu’occupent les emplois dans le domaine de l’économie sociale. Cette dernière regroupe les associations, fondations, mutuelles et coopératives ; elle se distingue de l’entreprenariat capitaliste et de la sphère publique. Elle place la personne humaine au centre du développement économique et social. « Ce sont des sociétés de personnes et non de capitaux dont le but n’est pas le profit ».
Ce rapport met en perspective la place des associations employeurs comme composante de l’économie sociale.
Les associations, en développement rapide, et avec une assise sociale forte, occupent dans ce champ une place de plus en plus centrale. Ainsi, 64 % des emplois de l’économie sociale, en 2006, sont associatifs.
L’employeur est d’abord une entreprise qui dispose d’un numéro SIREN. Elle peut comporter un seul ou plusieurs établissements qui disposent chacun d’un numéro SIRET. Les plus grandes structures présentent plusieurs établissements : ainsi, pour les associations, il y a généralement un seul établissement pour celles qui emploient moins de 10 salariés, 1,14 établissement entre 10 et 20 salariés, 1,3 entre 20 et 50 salariés, 1,8 entre 50 et 100 salariés, et plus de 7 établissements, en moyenne, pour les associations de plus de 100 salariés.

Plus de 210.000 employeurs et plus de 2,6 millions d’emplois en 2006

Parmi les 170.251 associations employeurs, en France, en 2006, plus de 3.500 étaient déclarées d’utilité publique. Globalement, le nombre d’établissements employeurs de l’économie sociale a augmenté de 5% entre 2000 et 2006.
Concernant les emplois, ils sont comptés indifféremment quelle que soit la durée du travail (CDD, CDI, temps complets, temps partiels). Néanmoins, ne sont pas comptés les salariés sans contrats (apprentis, etc.).
L’emploi dans les associations a progressé de 14% au cours de cette période, plus encore dans les fondations (27%). Il a stagné dans les coopératives et a progressé de 8% dans les mutuelles.
Au plan général, les associations représentent près de 65% du nombre des emplois salariés de l’économie sociale.
Le secteur de l’économie sociale représente 14% de l’emploi du secteur concurrentiel en 2006 (+0,4 point par rapport à 2005).
Ainsi, avec plus d’un salarié sur sept, l’économie sociale présente de véritables enjeux économiques et sociaux et des spécificités à faire valoir.
En 2006, les salaires du secteur associatif ont été proches de 30 milliards d’euros. Si l’on élargit à l’ensemble de l’économie sociale, on parvient à près de 57 milliards d’euros. L’évolution de la masse salariale de l’ensemble de l’économie sociale a correspondu à peu près à celle du secteur concurrentiel. De ce fait, la part qu’elle représente est restée sensiblement la même au cours de ces sept années un peu au-dessus de 12%, précisément à hauteur de 12,4% en 2006.
Ainsi, avec plus de 210.000 employeurs en 2006, correspondant à plus de 2,6 millions d’emplois et à près de 57 milliards d’euros de masse salariale, l’économie sociale constitue un enjeu économique et social majeur en France.

Le secteur social est le plus gros employeur

Le nombre d’entreprises du secteur associatif (n° SIREN) était de l’ordre de 148.500 en 2006. Il y avait en moyenne 1,15 établissement (n° SIRET) par entreprises ce qui donne un bilan d’un peu plus de 171.000 d’établissements associatifs employeurs en 2006.
L’évolution générale du nombre d’employeurs s’explique essentiellement par celle des petites associations employant 1 ou 2 salariés. Alors que les autres sont généralement pérennes, celles-ci apparaissent et peuvent disparaître assez rapidement. Cette influence s’explique aussi par le nombre important de ces petits employeurs qui représentent entre 53% et 55% du total, selon les années.
Si l’on fait un bilan complet au cours de la période 2000-2006, on comptait à son début un peu plus de 135.000 associations disposant d’un n° SIREN en qualité d’entreprises. Parmi ces entreprises, on n’en retrouve qu’un peu plus de 90.000 toujours répertoriées en 2006.
D’autre part, les études montrent que le secteur social comporte de nombreux salariés. De ce fait, avec un peu plus de 17% des employeurs, il représente près de la moitié des salariés et une masse salariale comparable. Le secteur de la santé également se caractérise par un fort décalage entre la proportion d’établissements (moins de 2%) et celle des salariés (près de 8%), prolongé par une masse salariale proportionnellement plus importante. Les secteurs de l’éducation et les associations regroupées dans une rubrique « autres » (service aux entreprises, recherche, cantines...), présentent des proportions d’établissements, de salariés et de masse salariale assez comparables.
Par ailleurs, les secteurs de la culture et des loisirs et le domaine sportif regroupent ensemble près du tiers des employeurs, mais pour une proportion de salariés de 8,5% et une proportion de masse salariale dépassant à peine 6%. Ces associations emploient peu de salariés, dont beaucoup sont à temps partiel.
Le salaire moyen par personne varie très fortement, en fonction du temps travaillé d’une part, et du degré de qualification, d’autre part. Il est en moyenne de 11.000 euros annuels dans l’aide à domicile, de l’ordre de 13.000 euros dans le sport, les activités artistiques, les activités de spectacle, et de plus de 17.000 euros dans les activités audiovisuelles.
Il se situe entre 26.000 et 28.000 euros, en moyenne, dans les secteurs de la santé, de la recherche, ou encore des organisations politiques. Il culmine aux environs de 33.000 euros dans les organisations patronales.

Une évolution très différenciée selon les secteurs

En étudiant successivement l’évolution du nombre des employeurs, des salariés et des masses salariales selon les secteurs, on remarque de fortes différences.
C’est ainsi qu’entre 2000 et 2006, le nombre d’associations employeurs a augmenté globalement de 5% environ. Autour de cette moyenne, ce sont les secteurs des activités artistiques (+51%) de l’accueil des personnes handicapées (+35%), de la santé (+15%) qui se sont le plus enrichis en nouveaux employeurs. À l’inverse, les cantines et restaurants d’entreprises (-35%), les organisations religieuses (-25%) et les activités de spectacle (-24%) sont moins nombreuses.
Le nombre de salariés a globalement augmenté de 15% entre les années 2000 et 2006.
Mais cette évolution a été beaucoup plus forte dans l’aide à domicile (+67%), dans les activités artistiques (42%), ou encore dans l’aide aux personnes handicapées (38%). En revanche, il n’a progressé que de 5% dans l’éducation, la santé ou encore les activités sportives. Il a même régressé dans la recherche, perdant plus de 1.750 salariés, soit 21% de son effectif de 2000.
Le salaire moyen a progressé de 4,4% entre 2000 et 2006, hors inflation. La progression la plus spectaculaire se situe dans l’aide à domicile dont le salaire moyen progresse de 24% au cours de la même période. Il y a un effet salaire, mais aussi un effet temps travaillé. Cette augmentation s’est surtout située en 2003 et 2004 (+5,5% et +6,5% hors inflation) et à un degré moindre en 2005 et 2006 (+4,5% chaque année hors inflation). Il semble que cet effet temps travaillé soit également sensible dans le secteur des crèches et des garderies.
À l’inverse, le salaire moyen a évolué moins vite que la progression moyenne dans certains secteurs, notamment dans les organisations professionnelles agricoles et dans les activités artistiques.

Sophie Périabe
(Avec La France associative en mouvement, 5ème édition, octobre 2007)


Premier bilan du Chèque Emploi Associatif (CEA)

En réalisant un pointage systématique des associations employeurs, on constate que plus de 11.200 d’entre elles sont devenues employeurs entre 2004 et 2006, exclusivement au moyen du CEA. En effet, elles n’étaient pas connues des services de l’ACOSS (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale) au préalable. Par ailleurs, on trouve un nombre sensiblement égal d’associations qui étaient déjà employeurs au cours de la période et qui ont eu recours au CEA entre 2004 et 2006. Ainsi, parmi les associations ayant recours au CEA, 50% d’entre elles sont devenues employeurs par ce moyen.
Parmi celles qui sont ainsi devenues employeurs, 25% sont dans le domaine sportif, près de 19% dans le secteur de la culture et des loisirs, seulement 7% dans l’éducation et moins de 5% dans le secteur social, ce qui s’explique par la nature de l’activité.
L’année 2006 a permis à près de 25.000 associations d’utiliser le CEA, pour près de 60.000 salariés. Au 30 juin dernier, le nombre des associations utilisatrices en 2007 était alors de près de 30.000.
Si ce dispositif est monté en puissance, il n’a pas encore été mis à profit par toutes les associations qui peuvent en bénéficier. En effet, si l’on ne prend que les employeurs disposant d’un ou deux salariés, on n’en compte que 22% l’utilisant en 2006. On remarque même que près de 2.500 de ces employeurs ne vont pas au bout des facilités ainsi proposées aux associations, puisqu’ils utilisent à la fois les formalités classiques de déclaration pour un salarié, et le système CEA pour un autre salarié. Parmi les associations qui emploient entre 3 et 5 salariés, on en compte aussi près de 500 utilisant simultanément les deux systèmes. Il est donc clair qu’une promotion de cette mesure de la part des pouvoirs publics et de la part des coordinations associatives est encore largement nécessaire.

SP


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Messages

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    Ressources Solidaires est une association mettant en relation les offres et demandes d’emploi dans l’économie sociale.

    Venez vous renseigner sur ce secteur.

    Guillaume CHOCTEAU

    Voir en ligne : Ressources Solidaires


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