Les inégalités s’aggravent

L’emploi non qualifié, première victime de la crise

23 février 2012

Une étude de l’Insee et du ministère du Travail publiée ce mercredi scrute l’évolution des emplois et rémunérations en France métropolitaine.

Selon l’Insee, après avoir connu des pertes en 2008 et 2009, l’emploi salarié a renoué avec les créations de postes en 2010 tirant profit du retour de la croissance. La progression de l’emploi est restée forte au premier semestre 2011, mais un nouveau retournement à la baisse s’opère depuis lors. L’intérim a contribué à cette reprise des créations d’emploi en 2010, avant de ralentir au cours du premier semestre 2011 et d’enregistrer une baisse au troisième trimestre.
Entre 2010 et début 2011, l’amélioration s’est traduite par une croissance modérée de l’emploi dans le tertiaire marchand hors intérim et par de moindres destructions de postes dans l’industrie.
Alors que l’emploi est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant-crise, la dynamique positive de l’emploi entre début 2010 et mi-2011 a permis une décrue modérée du taux de chômage en France métropolitaine de 9,5% fin 2009 à 9,1% mi-2011. Au troisième trimestre 2011, le taux de chômage est à nouveau en hausse et atteint 9,3 %.
La dégradation de la situation du marché du travail survenue à la fin 2008 n’a affecté que tardivement l’évolution moyenne des salaires du secteur privé, qui se décline différemment selon les catégories sociales : repli du salaire moyen des cadres, pour lesquels la part du salaire variable est plus importante ; meilleure tenue du salaire moyen des ouvriers. Ces derniers ont davantage été concernés par la réduction des effectifs, ce qui se traduit par une hausse du salaire moyen de ceux qui ont gardé leur emploi.
L’emploi salarié total, après de fortes baisses en 2008 et en 2009, a crû à nouveau en 2010 et au 1er semestre 2011 avec respectivement 129.000 et 137.000 créations d’emplois salariés dans le secteur marchand non agricole (SMNA). Cependant, au 3e trimestre 2011 un nouveau retournement s’opère : l’emploi marchand est en particulier tiré à la baisse par l’intérim. La reprise a ainsi été modérée aussi bien pour l’activité, qui mi-2011 n’avait pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise, que pour l’emploi, qui reste nettement inférieur à son pic de début 2008.

Changement de la répartition des emplois

Sur les dernières années, la répartition de l’emploi par profession et catégorie socioprofessionnelle s’est modifiée, à la fois sous l’effet de la crise et d’évolutions plus structurelles. Ainsi, la part des professions intermédiaires dans l’emploi a progressé de 1,3 point entre 2007 et 2010 et celle des cadres de 0,9 point, dans le prolongement des tendances observées depuis plusieurs années. À l’inverse, la proportion des ouvriers qualifiés comme celle des ouvriers non qualifiés est en recul, de 1,3 point pour les premiers et 0,6 point pour les seconds.
Cette décroissance de l’emploi ouvrier s’est accentuée avec la crise, notamment en raison de la diminution de la part de l’emploi industriel dans l’emploi total l’industrie étant un des secteurs qui emploie en proportion le plus d’ouvriers. En revanche, les parts des agriculteurs exploitants et des artisans, commerçants et chefs d’entreprise sont restées relativement stables entre 2007 et 2010.
La mobilité professionnelle est devenue plus naturelle. Les personnes nées dans les années 1960 ont connu en moyenne, 4,1 emplois à l’âge de 40 ans contre 2,7 au même âge pour celles nées avant 1940.

Salaire moyen de 1.605 euros net

Le salaire moyen des Français est 1.605 euros nets par mois, soit 19.270 euros par an ou 63 euros pour une journée de travail, selon les chiffres de 2009. Pour les 50% les moins bien payés, le salaire atteint 1.441 euros par mois. Les cadres sont la catégorie dont le salaire a été le plus touché par la crise. En cause, la baisse de la part variable, c’est-à-dire de l’intéressement et des primes à la performance, beaucoup plus difficile à obtenir en période de crise.
Du côté des ouvriers, les résultats sont plus contrastés. Globalement, les salaires ont légèrement augmenté, mais les ouvriers les moins qualifiés ayant été licenciés, ceux qui sont restés, les plus qualifiés, ont vu leurs salaires augmenter.

Inégalités de salaires hommes/femmes

En 2009, le salaire net moyen en équivalent temps-plein des femmes atteint 80% de celui des hommes dans le secteur privé et 87% dans le secteur public. L’écart diminue cependant chez les moins de 25 ans. En 2009, le salaire net moyen en équivalent temps-plein des femmes atteint 80% de celui des hommes dans le secteur privé et 87% dans le secteur public, une situation due pour partie à une structure des qualifications différentes, note l’Insee.
Les écarts demeurent au sein de chaque catégorie socioprofessionnelle. Chez les cadres du privé, le salaire des femmes est inférieur de 23% et de 21% dans le public. Pour l’Insee, cet écart peut s’expliquer en partie par un effet de plafond de verre, mais aussi par d’autres éléments, comme les choix de spécialité de formation, les secteurs d’activité ou les déroulements de carrière.
Enfin les jeunes, entre 20 et 30 ans, se sentent beaucoup sous pression au travail que leurs ainés, notamment les cadres. En cause : le manque de reconnaissance, les tensions avec les collègues ou encore la difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle.

Luttes pour l’emploi

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