Le préfet met en application à partir d’aujourd’hui une mesure annoncée hier matin par la ministre des Outre-mer : la baisse des prix des carburants et du gaz. Aussi importante qu’elle soit, elle est purement conjoncturelle et ne fait qu’anticiper de quelques jours les tarifs qui devaient s’appliquer à partir du 1er décembre. En effet, la baisse des cours du pétrole et une parité euro/dollar plus favorable à la monnaie européenne ont diminué le coût du produit livré à La Réunion. Ceci permet donc à la Région Réunion de ne pas contribuer à cette baisse des prix en réduisant les taxes, puisque le levier utilisé est celui du coût d’achat de ces marchandises aux compagnies pétrolières.

Qui profitera de la baisse ?

Cette décision est également relativisée par la disponibilité de ces produits. Nombreuses sont les stations en rupture de gaz, tandis que le carburant se fait rare. En effet durant ce week-end, les pouvoirs publics ont organisé le ravitaillement de 23 stations ouvertes à toute la population. En cette période de pénurie, nombreux sont les Réunionnais à s’être rués vers ces stations, et qui ont donc payé au prix fort le carburant : 7 centimes de plus par litre de gasoil que le prix appliqué à partir d’aujourd’hui, et 13 centimes de plus pour le litre de sans plomb. L’autre effet de cette période intense de vente de carburant, c’est que les cuves des stations ouvertes à tous sont à sec ou en passe de l’être. Ce qui signifie qu’à part les conducteurs de véhicules prioritaires qui ont accès à des stations réquisitionnées à l’approvisionnement garanti, rares seront les Réunionnais à pouvoir acheter de l’essence aux nouveaux tarifs, moins chers que les anciens.
Autrement dit, l’absence d’effets apparents d’une telle mesure risque d’aller dans le sens de l’exaspération de la population d’autant plus que par ailleurs, rien n’est réglé.

Cette exaspération s’est vue à de nombreuses reprises dans les embouteillages consécutifs aux 38 barrages dressés dans toute La Réunion au plus fort de la journée.

Le durcissement était inévitable

Après un dimanche relativement calme, une reprise accompagnée d’un durcissement du conflit ce lundi était logique. Car en 10 jours, les gilets jaunes et les manifestants n’ont encore rien obtenu. La veille, un ancien collectif de gilets jaunes connu désormais sous le nom de « Tous unis pour La Réunion » avait voulu s’approprier à lui seul ce regain inévitable de mobilisation en appelant à un durcissement des barrages. Il avait aussi appelé à bloquer les grandes surfaces. L’echec de ce second mot d’ordre donne une idée de l’influence réelle de ce groupe.

D’autres collectifs de gilets jaunes ont choisi une autre tactique que les barrages, afin d’éviter de « se mettre à dos la population ». C’est le cas de Arèt plim à nou qui a choisi de camper devant la préfecture jusqu’à ce qu’une demande d’audience auprès de la ministre soit satisfaite. Des syndicats ont décidé d’appeler leurs adhérents à aller sur les barrages pour faire aboutir leurs revendications. C’est le cas de l’intersyndicale du BTP et de la CGTR Auto-Moto. La CGTR Ports et Docks se tient quant à elle prête à intervenir si jamais la police est utilisée pour déloger par la force les gilets jaunes qui occupent l’entrée du Port-Est, seul terminal à containers de La Réunion.

M.M.