Observatoire des Prix et des Revenus

L’Etat s’engage enfin à y mettre les moyens

17 mai 2008, par Edith Poulbassia

La seconde séance plénière de l’Observatoire des Prix et des Revenus (OPR) a eu lieu hier à la Préfecture. Trois rapports ont été présentés (prix du BTP, prix agricoles, chariot-type), mais celui qui a retenu l’attention est sans conteste le rapport sur le chariot-type, déjà décrié dans la presse. Cette réunion s’est tenue alors que les syndicats critiquent le fonctionnement de l’Observatoire des Prix et des Revenus depuis son installation en juillet 2007. Une critique que le préfet a prise en compte hier, selon Jean-Claude Bénard.

Le manque de moyens humains, matériels et financiers ne permettant pas, selon les syndicats, de mener à bien les investigations, c’est précisément sur ce point que les syndicats ont insisté lors de cette séance plénière. Jean-Claude Bénard, Secrétaire départemental de Solidaires et animateur de la Commission transport aérien, est intervenu au nom de l’intersyndicale. « Les organisations syndicales ont jusqu’à maintenant joué le jeu, participé aux groupes de travail, mais tous les clignotants sont au rouge. Les prix augmentent et nous sommes impuissants devant cette envolée des prix. Par ailleurs, nous ne voulons pas être complices de décisions arbitraires qui pourraient être prises à d’autres niveaux. Pendant qu’on attend beaucoup de cet Observatoire, on s’aperçoit qu’à Paris, on remet en cause un certain nombre d’acquis, notamment dans la fonction publique (congés bonifiés, allocation temporaire de retraite). De ce fait, nous réclamons à nouveau une définition du champ de compétences et des moyens réels de cet Observatoire des prix ».
Jean-Claude Bénard pense pour la première fois avoir été entendu. « Le préfet s’est engagé à mettre à disposition les moyens avec le concours des services de l’Etat, et à faire de l’Observatoire une aide à la décision », déclare-t-il. Un groupe de travail constitué des rapporteurs des 6 commissions est chargé de formuler les propositions demandées par le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer avant-hier. « Si nous allons dans ce sens, c’est positif », estime Jean-Claude Bénard. Pour le syndicaliste, la critique semble avoir servi.
Il note cependant les insuffisances du rapport sur le chariot-type. Un rapport qui préconise, selon Jean-Claude Bénard, de jouer sur le fret et la fiscalité pour faire baisser les prix.
Le rapport évalue en effet les coûts d’importation à 77% du prix du produit à l’arrivée. Le syndicaliste s’attendait à y trouver un tableau comparatif des produits type consommés à La Réunion, en vain. Il se demande aussi pourquoi ne pas mettre en place un groupe de travail sur la TVA et l’Octroi de mer souvent mis en avant pour justifier les prix élevés. Car « même avec la TVA et l’Octroi de mer, beaucoup de produits sont d’abord moins chers qu’en Métropole », souligne Jean-Claude Bénard.
Cette séance plénière a cependant permis d’apporter des nouveaux éléments sur la formation des prix. Jean-Claude Bénard évoque ainsi les prix pratiqués par les grossistes en Métropole. Il prend l’exemple de la volaille. Le rapport sur les prix agricoles a laissé apparaître que les grossistes de Métropole sont prêts à revoir leurs prix à la baisse si le même produit existe à La Réunion. Une information qui en a surpris plus d’un, notamment le préfet.

Huguette Bello : des préconisations pour les prix... mais les revenus ?

Pascal Thiaw-Kine, Président de la CGPME et animateur de la Commission chariot-type, précise qu’il ne s’agit que d’un rapport d’étape sur la composition des prix à La Réunion. « En 4 mois, on ne peut pas rattraper le temps perdu », insiste-t-il. La commission existe depuis le mois de décembre dernier. L’étude sur le chariot-type alimentaire reste donc à approfondir, et il manque une étude sur le logement, les loisirs, explique Pascal Thiaw-Kine. Sa commission, poursuit-il, formulera des « propositions avec des effets à court terme et à moyen terme » en juillet prochain. Mais s’il souhaite contenir et modérer les prix, il estime que « La Réunion a hérité d’une situation due à son histoire et il ne sera pas possible de pratiquer une rupture sans provoquer un déséquilibre ». Il cite ainsi l’exemple de l’Octroi de mer. « On peut toucher à un dispositif, mais faire attention à ne pas jouer à l’apprenti sorcier ».
La Députée-maire Huguette Bello constate que ce rapport sur le chariot-type commence à expliquer la formation des prix, pourquoi les produits sont plus chers à La Réunion. L’Observatoire n’est pas non plus dépourvu de préconisations, affirme-t-elle. Elle espère d’ailleurs qu’elles se concrétiseront. Pour elle, il est important de continuer à assister aux réunions de l’OPR. Mais elle se demande dans quelle mesure l’Etat est prêt à tenir compte de ces préconisations. « Le gouvernement adopte une position de casse sociale, il fait le contraire de ce que nous proposons ».
La député-maire a ainsi insisté sur la loi de modernisation visant à faciliter l’installation des grandes surfaces, inadaptée au contexte local. Enfin, pour Huguette Bello, on n’améliorera pas le pouvoir d’achat sans une action sur les revenus. « Les revenus des agriculteurs, ceux des Réunionnais en général, la masse des minima sociaux, les attaque sur les allocations familiales... Les revenus des Réunionnais s’amenuisent. On aura beau faire toutes les préconisations, si les salaires n’augmentent pas, ça ne servira à rien. On ne pourra pas faire plus avec moins ».
Olivier Bassand, Président de l’Orgeco Réunion et membre de l’Observatoire, a salué le travail mené par la Commission sur le chariot-type. « J’étais le premier à être circonspect, mais je crois que la montagne n’accouchera pas d’une souris ». Pour lui, « un travail considérable a été mené. Les préconisations seront à porter par le gouvernement et les parlementaires ».

Edith Poulbassia


Les prix et les revenus

Le Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo, lors de son passage éclair à La Réunion jeudi dernier, a souhaité que l’on lui fasse des propositions « en faveur du pouvoir d’achat des Réunionnais ».
Nous lançons donc un appel à tous nos lecteurs, pour qu’ils nous fassent part de leurs propositions. Car nous n’en doutons pas, une seconde, le ministre en tiendra compte.
C’est pourquoi, nous formulons la première proposition pour améliorer le pouvoir d’achat des Réunionnais : augmenter les salaires de 30% pour tenir compte du coût de la vie en notre île.
Chiche ?

A.W.

Lutter contre la vie chère

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