Contestation syndicale au Groupe Hospitalier Sud Réunion (G.H.S.R.)

L’hôpital manque de moyens et de personnel

5 mars 2005

Le secteur hospitalier de La Réunion est en mutation avec la possible transformation des hôpitaux en Centre hospitalier régional multipolaire et à l’aube du plan ’Hôpital 2007’. Mais pour faire face, la section FO du G.H.S.R. réclame des moyens et du personnel. Alix Hoarau, entouré du Conseil syndical, a dénoncé hier la situation des personnels contractuel et précaire et le manque de dialogue au sein de l’entreprise.

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Le syndicat FO du Groupe Hospitalier Sud Réunion (G.H.S.R.) se félicite de la dynamique engagée pour la création d’un Centre hospitalier régional multipolaire — et d’un Centre hospitalier universitaire - dans l’île. C’est pour Alix Hoarau, secrétaire général, "une évolution normale pour le secteur de la santé, dans un département important, tant sur le plan de la démographie que sur celui des pathologies".
Mais cette évolution, y compris dans la perspective du plan “Hôpital 2007”, doit se bâtir sur une structure saine. Alix Hoarau estime qu’avant la création de ce C.H.R., il importe de régler les problèmes du G.H.S.R. et en particulier "le manque de moyens et de personnel". Or, dit-il, "des interrogations se posent sur l’évolution de l’hôpital et nous souhaitons des éclaircissements et des explications". Alors que les postes de chef de service étaient auparavant prisés, le syndicat constate "trois ou quatre démissions - dont celle du président de la commission de lutte contre les infections nosocomiales - et plusieurs chefs de service n’ont pas demandé à renouveler le contrat". Des doutes sont également apparus au sujet du maintien des maisons de retraite de Saint-Louis et de Saint-Joseph pour laquelle "le projet de vente réapparaît dans les écrits du G.H.S.R.".

Des problèmes d’organisation

Mais là où cela coince vraiment, c’est au niveau des effectifs. Alix Hoarau est très clair. "La situation de sous-effectif s’est fortement aggravée et la responsabilité du chef d’établissement est engagée". Les besoins en personnel, induits par l’application des 35 heures pour le service de jour au 1er janvier 2002, et des 32h 30 pour le service de nuit au 1er janvier 2004, n’ont pas été couverts au point que certains agents totalisent 200 heures supplémentaires.
Le responsable FO cite des chiffres précis : le syndicat a chiffré les besoins à 250 postes et le directeur les a estimé à 135, alors que son collègue de CHD de Saint-Denis, pour une activité moindre, en réclamait 180. C’est tellement vrai que les besoins en personnel ont été confirmés officiellement au cours d’une réunion du comité d’hygiène et de sécurité, par la directrice des services de soins.
Ce sous-effectif génère des problèmes dans l’organisation des services.

Contractuels et précaires

Au rayon de la détérioration des soins et des conditions de travail, FO met la formation de self-défense donnée au personnel de psychiatrie. "Déplorable !", affirme Alix Hoarau. "Ce n’est pas un comportement hospitalier adapté à la situation". Il est "dangereux pour le patient et pour l’employé qui pourrait être licencié pour un geste de violence".
Le syndicaliste dénonce également la situation du personnel contractuel. "Pour faire des économies sur le dos du personnel, la direction ne titularise pas". Le chiffre de postes vacants augmente régulièrement : 165 en 2001, 197 en 2002 et 297 en 2003. Or les moyens humains existent puisque parallèlement, 275 agents en 1997, 325 en 2002 et 375 en 2003 ont été maintenus sous contrat. Ainsi, 23 postes de sages-femmes sont vacants pendant que 15 sont sous contrat ; 72 postes d’infirmier(e)s également alors que 116 sont sous contrat.
Autre exemple de précarité. "Il est de plus en plus fait appel au personnel sans statut (emploi-jeune, CES...)". De plus, le contrat des femmes enceintes n’est pas renouvelé ; quatre cas ont été dénoncés auprès de la délégation réunionnaise aux droits de la femme qui a avoué son impuissance et le dossier a été porté au niveau fédéral. Autre exemple : 39 secrétaires médicales sont payées en catégorie C au lieu de la catégorie B, pour économiser mensuellement 170 euros par poste.
En dénonçant cette situation, le syndicat FO du C.H.S.R. affirme vouloir "un CHR-CHU capable d’offrir aux personnels des conditions saines de travail pour assurer en toute sécurité la prise en charge des personnes qui leur sont confiées".

L. M.


Le dialogue social est malade

Le chef d’établissement, nommé en 2002, est dans le collimateur de FO. Avant son arrivée, en effet, il régnait un consensus sur les critères permettant l’élaboration du tableau d’avancement. Il a aboli ces règles et pour la première fois, celui-ci a été déféré devant le tribunal administratif qui vient de le déclarer illégal. C’est dire l’ambiance au sein de l’entreprise.
Pour FO, "il n’y a plus de dialogue interne, plus d’interlocuteur et le seul recours, c’est le tribunal administratif". Au point que l’hôpital a recruté un juriste sur les effectifs obtenus dans le cadre de la réduction du temps de travail, "pour contrer les organisations syndicales, au lieu de mettre en place les voies de la concertation et du dialogue".
Alix Hoarau hausse le ton pour dire que le chef d’établissement "ignore les règles du débat contractuel et impose sa seule décision comme pour le règlement intérieur". Et de conclure sur le recrutement "auquel FO n’est pas associé".


Journée de défense des services publics à Guéret dans la Creuse

Résistances pour une autre politique

Aujourd’hui, à l’appel du Collectif creusois pour la défense et le développement des services publics, un grand rassemblement est prévu dans la préfecture de ce département. Rappelons que récemment, des dizaines d’élus locaux de la Creuse avaient démissionné pour protester contre la politique de casse des services publics menée par le gouvernement. Voici des extraits de l’appel lancé pour cette manifestation :

"Depuis plus d’un siècle, à la faveur d’innombrables luttes, les services publics sont devenus, notamment sous leur forme moderne au lendemain de la 2ème guerre mondiale, une part essentielle de l’identité française républicaine.
Grâce au principe du traitement égalitaire du citoyen dans la continuité et l’accessibilité aux services, ils ont permis que la satisfaction des besoins fondamentaux des populations prenne le pas sur les seules logiques de profit et de rentabilité.

(...) Dès la fin des années 60 et partout dans le monde, les grands groupes industriels et financiers transnationaux ont pensé que le rapport de force pour mettre fin à cette situation leur était devenu favorable et ont provoqué la mise en place de gouvernements acquis aux thèses économiques libérales.
Libre circulation des capitaux et des marchandises, mise en concurrence généralisée, privatisation totale ou partielle, recherche du profit maximal, l’Europe libérale s’est construite sur ce credo et en France, depuis des années, les gouvernements successifs se sont peu ou prou inscrits dans cette logique.
Aujourd’hui, sous l’impulsion du MEDEF, c’est à une véritable asphyxie budgétaire des services publics, voire à leur liquidation, qu’entend procéder la droite au pouvoir.

(...) Aujourd’hui, dans une démarche citoyenne, nous, élus, forces syndicales, associatives et politiques, usagers, qui avons décidé de ne plus subir de tels choix de la part de l’État et d’entrer collectivement en résistance face aux menaces qui pèsent sur le département, nous appelons de toute la force de notre conviction à une multiplication sur tout le territoire national, des luttes pour la défense et le développement des services publics et à l’organisation de leur convergence !

(...) Rassemblons-nous sur cette exigence ! Il ne suffit pas de rêver les convergences ; tous ensemble, construisons-les !".


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