La lutte continue après la réforme des retraites

L’intersyndicale « continuera de se réunir, dès la rentrée »

17 juin 2023

Les principaux syndicats français et étudiants ont annoncé dans la soirée du 15 juin qu’ils allaient « travailler, dès maintenant, à dégager des revendications communes ».

Neuf jours après la 14ème et dernière journée d’action contre la réforme des retraites, l’intersyndicale a reconnu avoir échoué à faire reculer le gouvernement, à réaffirmer son unité et à appeler les salariés à se mobiliser pour les salaires.

A la suite d’une réunion au siège de la CFE-CGC, Jean-Philippe Tanghe, son président, a indiqué lors d’un point presse que "continuons à agir".

Les huit principaux syndicats français et cinq organisations de jeunesse ont attesté que d’une certaine manière la défaite (au moins provisoire) face au gouvernement intervient après la fin d’un mouvement de mobilisation démarré le 19 janvier, et acté par 14 journées d’action, dont plusieurs ont réuni plus d’un million de participants selon les autorités.

Si « l’intersyndicale et les manifestants n’ont pas réussi à faire reculer le gouvernement sur le passage de la retraite de 62 à 64 ans », « nous ne tournons pas la page », a assuré l’intersyndicale, continuant de dénoncer une réforme « injuste et brutale » ainsi qu’un « déni de démocratie ».

« Nous continuerons à contester cette réforme des retraites et à nous battre pour la justice sociale », promettent-ils à tous les opposants à la réforme. Estimant que son unité lui a permis de « construire le rapport de force », l’intersyndicale annonce qu’elle « va travailler, dès maintenant, à dégager des revendications communes » sur six sujets : salaires et pensions, conditions de travail, santé au travail, démocratie sociale, égalité femmes-hommes, environnement et conditionnalité des aides publiques aux entreprises.

De plus, l’intersyndicale « continuera de se réunir, dès la rentrée », précise-t-elle, alors que des tensions ont pu apparaître en son sein à l’approche de la fin du mouvement, et dans un contexte de changement de ses deux principales figures : Philippe Martinez (CGT), qui a passé la main à Sophie Binet fin mars, et Laurent Berger (CFDT), qui transmettra la semaine prochaine le flambeau à Marylise Léon.

Les syndicats appellent « les salariés avec leur organisation syndicale, à revendiquer, à négocier et se mobiliser pour gagner des augmentations de salaires », et se projette vers une manifestation européenne pour le progrès social à la rentrée.

« Il est clair que désormais la réforme va s’appliquer au 1er septembre », a convenu auprès de la presse Yvan Ricordeau (CFDT). Mais « on va continuer à se retrouver en intersyndicale pour construire la suite ».

De son côté, Thomas Vacheron (CGT) a indiqué que « c’est la fin de la première mi-temps, ce n’est pas la fin du match ». « Il y a eu une séquence extrêmement longue, puissante et forte, elle marquera l’histoire sociale de ce pays, mais le match n’est pas fini », a-t-il insisté.

La CFDT, comme les autres syndicats, « va surveiller les décrets » d’application de la réforme, a affirmé Yvan Ricordeau. Les syndicats seront également attentifs à la future négociation sur les retraites complémentaires prévue à l’automne.

Thomas Vacheron a dit espérer que les opposants à la réforme puissent « passer par la fenêtre » à l’occasion d’une nouvelle proposition de loi. « Un jour cette contre-réforme sera soumise au vote », a-t-il assuré, une semaine après l’échec d’une proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme.

Le 6 juin, les syndicats avaient défilé à Paris et en province, réunissant 281.000 manifestants selon les autorités, plus de 900.000 selon la CGT, moins en tout cas que lors des 13 journées d’action précédentes. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, avait alors reconnu que l’on s’acheminait vers « la fin du match », et affirmé clairement deux jours plus tard qu’il ne jugeait pas opportun une 15e journée d’action.


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