précarité dans l’éducation nationale

L’Intersyndicale reste mobilisée

25 août 2005

Après une mobilisation de l’Intersyndicale pour lutter contre le transfert des TOS et pour la situation des personnels précaires, plusieurs syndicats nous ont fait parvenir leurs sentiments pour les prochains jours, faisant suite à la manifestation de mardi dernier devant le rectorat.

o Patrick Corré, SGPEN-CGTR

"L’heure est plus que jamais au combat"

"En dépit du fait que le jour de la rentrée soit un jour où il est très difficile de construire une mobilisation, tant les pressions de tous ordres sont fortes et les contraintes importantes (arrivée de nombreux personnels par le biais des mutations dans des établissements différents), le SGPEN-CGTR se félicite de l’état de la mobilisation des personnels précaires et TOS à l’occasion de la grève de la rentrée.
Selon nos sources, près d’un TOS sur 5 et de très nombreux précaires étaient sur le pont de la lutte, ce qui est important compte tenu du contexte particulier de toute rentrée.
Dans certains établissements comme par exemple le lycée professionnel Roches-Maigres de Saint-Louis, la grève a été très massivement suivie, plus de 90% TOS et précaires ensemble. D’autres établissements ont également été touchés de façon significative par le mot d’ordre de grève.
Notre syndicat a pris une nouvelle fois toutes ses responsabilités. Nous n’avions pas le droit de banaliser cette rentrée alors que nos collègues CEC..., si aucune mesure n’est prise, vont perdre leur emploi au 31 décembre de cette année. Ne rien faire, ne dire mot, c’est, qu’on le veuille ou non, participer à la décapitation sociale de nos collègues.
Sur le dossier des TOS, il aurait été irresponsable pour une organisation de lutte comme la nôtre de ne pas réagir alors que nous avons une dernière carte à jouer : celle de tout mettre en œuvre pour que la proposition de loi de la sénatrice Gélita Hoarau, qui vise à exclure La Réunion du champ des transferts, soit enfin étudiée par la représentation nationale lors de la prochaine session parlementaire d’octobre.
Note syndicat a été reçu par le secrétaire général du Rectorat à l’issue du rassemblement que nous avons organisé conjointement avec l’UNATOS-FSU et qui a rassemblé plus de 120 personnes.
Le secrétaire général a confirmé nos craintes : sur la reconduction des contrats des CEC : au mieux, certains contrats seront reconduits, mais en contrats encore plus précaires que ceux existants (Contrat d’avenir, CAE) et selon certaines conditions d’éligibilité bien précises.
Concrètement, cela veut dire que la très grosse majorité des collègues restera sur le carreau et sur le bord du chemin. Cela, nous ne pouvons l’accepter !!!
Le recteur pourtant s’évertue à travestir la vérité en expliquant à qui veut l’entendre que tous les personnels garderont leurs emplois. C’est un mensonge éhonté qui n’honore pas son auteur. Dans tous les cas, c’est réellement faire injure à l’intelligence des personnels et à leur faculté à discerner le vrai du faux. Le recteur se perd en multipliant les contrevérités, car il a peur d’une réaction plus massive encore et de la mobilisation des personnels.
Que le recteur s’engage donc par écrit auprès des personnels que leurs contrats seront reconduits !!!
Nos revendications demeurent : mise en place d’un moratoire interdisant les fins de contrats dans l’attente de la mise en place d’un plan d’intégration !!!
Nous aurons l’occasion de rappeler cette revendication au ministre Baroin à l’occasion de sa prochaine venue et nous ne le lâcherons pas d’une semelle, qu’il en soit assuré. Idem sur le dossier des TOS.
Notre syndicat, dès à présent, appelle les personnels précaires et TOS à accueillir Baroin comme il se doit, lors de sa visite et invite les organisations syndicales qui n’étaient pas aux cotés des plus exposés socialement à prendre enfin leurs responsabilités et à s’associer a cet appel à l’action, lors de la visite du ministre de l’Outre-mer.
L’heure est plus que jamais au combat, pas à la résignation et au silence.
Ensemble, unis, montrons notre détermination à refuser l’inacceptable."

o Jean-Hugues Ratenon, Agir Pour Nout Tout

"Nous réaffirmons notre soutien aux précaires"

"Le collectif Agir Pou Nout Tout tient à réaffirmer son soutien aux précaires de l’Éducation nationale. Suite à la déclaration du recteur, nous constatons encore une fois que l’emploi pérenne n’est pas une priorité pour ce gouvernement.
Les propos du recteur qui bisse entendre que les CES et CEC seront maintenus, est une manipulation de l’opinion publique.
Le fait de dire que seul ceux qui ont donnée satisfactions seront gardés, frôle l’insulte, car ces gens ont été reconduits chaque année dans leurs fonctions, pendant la durée du dispositif.
Pour le collectif Agir Pou Nout Tout, l’ensemble des CEC doit être intégrés dans la fonction publique territoriale, car leur compétence n’est plus à prouver dans la mesure où ils sont dans l’éducation depuis plus de 10 ans pour certains.
Nous demandons que soit mis en place un dispositif adapté d’intégration.
Le retour au chômage de ces personnes sera considéré comme une injustice et une humiliation intolérable.
Car des êtres humains ne sont pas des “kleenex”.
Nous demandons aux syndicats de continuer la lutte, car le combat est juste et justifié."

o Christian Picard, FSU

"Les salariés ne se bradent pas sur le marché de l’emploi !"

"La FSU Réunion constate que cette rentrée se caractérise par une accélération de la précarité des salariés et des chômeurs. C’est le choix qu’a pris très clairement le gouvernement Villepin en mettant en place les contrats “d’Avenir” qui remplaceront les CES et CEC dans le secteur public et le contrat “Nouvelle Embauche” dans le privé. Pendant ce temps, les TOS sont oubliés dans le flou d’un transfert qu’ils n’ont pas voulu.

À propos des contrats d’avenir, nous avons plusieurs fois dénoncé et combattu la précarité dans les services publics. Les contrats courts ont depuis plusieurs années suppléé la carence en termes de recrutement et chacun sait que dans les établissements publics (scolaires et autres), les CES et CEC remplissaient des tâches essentielles au bon fonctionnement et qu’on est bien loin d’un contrat de solidarité pour des personnes en difficulté mais bien de contrats pour aider les établissements publics qui sont - eux - en difficulté à cause du manque de personnel.
Comme le principe même de la précarité de l’emploi, c’est le retour répété à la case départ : ANPE - ASSEDIC - RMI, quel avenir !

À propos du contrat Nouvelle Embauche, la FSU Réunion entend dénoncer la poudre aux yeux de cette mesure. On voudrait nous présenter comme novateur un contrat à durée indéterminée dont la nouvelle période d’essai serait de 2 ans !
Si ce faisant, le gouvernement a accédé aux demandes du patronat, il ne résout en rien le chômage. Ce n’est donc pas une mesure dans l’intérêt de tous mais tout au plus, dans l’intérêt de certains. C’est pourquoi la FSU Réunion s’exprime contre cette forme de contrat qui constitue une véritable régression.

Dans un contexte réunionnais très sensible, avec un taux de chômage critique (+ de 30% de la population active depuis des années) et un choix coutumier d’utilisation massive des contrats aidés (CES, CEC, CIA, etc) au lieu de créations d’emplois publics pérennes, ces nouvelles mesures gouvernementales ne sont pas les bienvenues. La FSU Réunion condamne cette politique d’asservissement qui s’affranchit de toute action durable en faveur des citoyens privés d’emploi.

On ne s’étonnera pas alors qu’un indice comme le chômage des femmes à la Réunion (35.8% contre 31.8% pour les hommes en 2004) soit en augmentation constante. Les effets de cette politique voulue plus offensive contre des salariés et des chômeurs sont déjà là. En ce sens, ce gouvernement ne fait que continuer l’œuvre de démolition du précédent. De surcroît, cet indice est plus que révélateur car les femmes restent encore dans le salariat français, les moins payées et les plus exposées aux temps partiel imposé.

Le contrat Nouvelle Embauche s’adresse aux entreprises jusqu’à 20 salariés maximum. Il va concerner à La Réunion, la quasi l’intégralité des entreprises. Car à La Réunion, lors qu’on a retranché les 20.300 entreprises à zéro salarié (soit 63% des entreprises réunionnaises), il reste environ 11.900 entreprises dont plus de 10.000 ont moins de 10 salariés. La propension des entreprises réunionnaises à embaucher en CDD (ou en contrat de fin de chantier dans le bâtiment par exemple) va encore s’accentuer au risque de rendre obsolète le CDI dans notre île.
Sur le problème des TOS, le gouvernement se dédouane encore, renvoyant ceux-ci se débrouiller avec les collectivités locales. Le démantèlement du service public d’état est en marche.
Cette fuite en avant vers un marché de l’emploi dérégulé pour plaire aux patrons met en évidence un choix de société nettement libéral où tout se vend et tout s’achète, même les salariés donc même nos concitoyens. Les salariés seraient-ils trop protégés par le droit du travail français ? Nous refusons ce choix politique qui entend se construire sur le dos des chômeurs et des travailleurs.
C’est pourquoi la FSU soutient le mouvement des personnels précaires et des TOS de l’Éducation Nationale et appelle chacun à se mobiliser contre la précarisation de l’emploi."


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