L’Intersyndicale du BTP appelle à un battage général le 5 mars

L’occasion d’imposer des négociations dans toutes les branches

25 février 2009, par Edith Poulbassia

Début des négociations annuelles obligatoires (NAO) dans le BTP hier, seule branche professionnelle véritablement structurée à La Réunion. Et où le patronat rechigne à entamer au moins la discussion sur la base de l’inflation des prix de 2008. Motif, le fléchissement de l’activité, alors que le BTP a réalisé un chiffre d’affaires record de 2 milliards 110 millions d’euros.

Les négociations annuelles obligatoires du BTP ont commencé hier matin à la Direction départementale du Travail et de l’Emploi. L’Intersyndicale des Bâtiments et des Travaux Publics (CGTR, CFDT, CFTC, CFE CGC, FO) et les organisations patronales, la FRBTP mais aussi la CAPEB, contrairement à l’année dernière, se sont mises autour de la table.
Trois heure de discussion où chaque représentant a exposé les bases de toute négociation. Sur la base de rapport, FRBTP et CAPEB ont mis en avant le contexte de crise, l’absence de chantiers et l’inflation des prix des matériaux de construction pour limiter la revalorisation des salaires cette année. L’intersyndicale, de son côté, a fait preuve de fermeté. Les négociations ne pourront se poursuivre qui si le patronat signe un accord : faire de l’inflation des prix la base des négociations chaque année pour garantir au moins cette augmentation aux salariés des TPE. C’est donc à partir de 2,8% que les syndicats commenceront à discuter. « Nous attendons quelque chose de conséquent, au-delà de 4% », a souligné Pierre Savigny (CFDT).

3.000 licenciements en janvier

Cette première rencontre n’a rien donné dans l’immédiat. L’intersyndicale appelle les 24.000 salariés du BTP à descendre dans la rue le 5 mars, avec le COSPAR. Non pas pour revendiquer les 200 euros d’augmentation des bas salaires. L’intersyndicale du BTP entend mener ses propres négociations, comme chaque année, dans la seule branche véritablement structurée à La Réunion. « Nous appelons à un battage général. C’est l’occasion aussi d’imposer des négociations dans toutes les branches », affirme Jacky Balmine (CGTR). Le cortège du BTP sera quant à lui bien distinct dans la manifestation du COSPAR.
Et la crise ? Le risque de suppression de 9.000 emplois ? L’intersyndicale avance un autre chiffre : 2 milliards 110 millions d’euros. C’est le chiffre d’affaires du BTP en 2008. Un bénéfice record après 2 milliards en 2007 et 1 milliard 630 millions en 2006. « Les grands travaux allaient de toute façon se finir. Le langage que l’on nous tient depuis des années, c’est qu’il n’y a plus de travail », soutient Jacky Balmine. « Les entreprises ont gagné énormément d’argent en 2008, et aujourd’hui, ils mettent les salariés dehors », ajoute le leader syndical.
Près de 3.000 travailleurs auraient ainsi été licenciés depuis le mois de janvier, dont 65% de licenciements abusifs pour « motif économique », sans justificatif, selon l’intersyndicale. Les entreprises profiteraient de la crise pour « licencier à tout va et même demander aux salariés de sacrifier le 13ème mois ou la prime d’ancienneté pour que l’entreprise reste debout ». Des salariés illettrés se retrouvent ainsi à signer des ruptures conventionnelles de contrat, sans réellement comprendre. La CGTR dit en avoir reçu plusieurs ces derniers jours.
Dans ce contexte, l’intersyndicale « n’est pas prête à attendre le mois de mai pour obtenir un accord de salaire ».
L’année dernière, les syndicats n’avaient pu arracher à la FRBTP que 3,20% d’augmentation appliquée de façon progressive en avril et en octobre, au lieu de 3,35%. Seules la CFDT et la CFTC avaient signé l’accord.

EP

Lutter contre la vie chèreCOSPAR

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