Du P.R.D.F. au plan de développement

L’un ne se fera pas sans l’autre !

28 novembre 2005

Le Plan régional de développement des formations - le PRDF -, en cours de réalisation depuis pratiquement une année, arrive maintenant pratiquement à son terme. En débat ces dernières semaines, il sera validé par le Conseil régional au début de l’année prochaine (fin janvier probablement, au plus tard en février).

La Région a en effet compétence pour tout ce qui concerne la formation, notamment pour ce qui concerne la formation professionnelle. Les textes lui font obligation de construire un plan de développement des formations. Lequel, bien évidemment, doit tenir compte à la fois de la réalité du terrain d’une part et des orientations que se donne la Région d’autre part.
C’est là la raison pour laquelle des dizaines de réunions se sont tenues depuis une année, réunissant tous ceux qui touchent de près ou de loin à la formation : les services administratifs, divers et variés, chargés de la formations et de l’insertion, les organismes de formation et d’insertion, les socioprofessionnels (employeurs et organisations syndicales représentatives des salariés), les associations, etc.
La quantité, en la matière, n’étant pas forcément et toujours une garantie de qualité, il ne reste pas moins que cet exercice - à la différence de ce qui s’est passé pour le premier PRDF (en 1996) - a permis une meilleure connaissance du terrain et permis aux divers contributeurs de dire ce qu’ils attendaient, et par voie de conséquence de contribuer à la définition des grandes orientations en la matière pour les années à venir.

Un outil au service d’un objectif

Sur ce plan, on peut espérer que ce qui a présidé à la construction de ce PRDF se poursuivra et se renforcera, pour veiller à sa bonne application, mais également à son enrichissement et à son adaptation autant que peut se faire aux évolutions.
Mais cela, il faut bien l’admettre, ne dépend pas uniquement de la Région ou de tel ou tel en particulier : tout dépendra de la capacité de l’ensemble des acteurs de la formation, y compris, soit dit en passant, ceux qui en seront les bénéficiaires et premiers acteurs - jeunes, moins jeunes, salariés, travailleurs en recherche d’emploi notamment - de s’en emparer et de le faire vivre.

Cet exercice sera d’autant plus nécessaire qu’un plan de développement des formations n’est qu’un outil. Or chacun sait que l’outil ne fait pas le maçon d’une part, et que tout dépend de l’usage qu’on fera d’autre part de cet outil.

N’étant donc qu’un outil, ce PRDF est d’abord au service d’un objectif et donc de projets.

Formé, mais privé d’emploi

L’un des premiers objectifs que se donne le PRDF, c’est - bien évidemment - la formation des personnes. En soi, l’élévation du niveau de formation des Réunionnaises et des Réunionnais - connaissances et compétences - est chose louable.
La promotion de l’être humain - et en particulier de la Réunionnaise et du Réunionnais, puisque nous sommes à La Réunion - est sur ce plan une constante de l’action des collectivités dans leur ensemble. En tout cas, cela n’a cessé d’être affirmé depuis maintenant plusieurs dizaines d’années et l’on ne peut pas dire que les choses n’ont pas évolué positivement.
Mais au-delà, quelle différence y a-t-il entre quelqu’un de formé et compétent, mais qui se trouve au chômage et en situation d’exclusion par rapport à quelqu’un qui n’est pas formé, ne dispose d’aucune compétence particulière, et qui se trouve lui aussi en situation de chômage et d’exclusion ?
Certes, il y a moins de personnes formées et disposant de qualifications au chômage que de personnes non formées et non qualifiées. Cela est vrai. Il ne reste pas moins que les choses sont en train de changer, et dans le mauvais sens.

L’outil d’un plan de développement

Par exemple, il y a aujourd’hui quelque six mille salariés en emploi dans le secteur automobile et autant au chômage. Plus des trois quarts de ceux se trouvant au chômage disposent de formations et de qualifications qui n’ont rien à envier à ceux qui se trouvent en emploi.
On retrouve le même phénomène dans le secteur du BTP ou d’autres encore. On le voit bien encore lorsqu’on regarde le niveau de formation et de qualification des demandeurs d’emploi, notamment des jeunes : une proportion importante ont le bac et bac plus, et, dans une proportion importante, des qualifications qui normalement devraient leur ouvrir la porte à l’emploi et à l’insertion.
L’autre objectif d’un PRDF est donc, tout naturellement, d’être l’outil d’un plan de développement. Humain, certes, mais également économique, social et culturel.
Car autrement, former, former pour former seulement, sans véritable perspective d’emploi et d’insertion, c’est, par la force des choses, renouer avec ce qu’on a appelé pudiquement durant la dernière période le "traitement social du chômage". Autrement dit, on ne sort pas du cercle vicieux.

L’ardente obligation d’un plan de développement

Le PRDF pose donc l’ardente obligation d’un plan de développement. Cohérent. Humain. Économique, social et culturel.
C’est l’actuel point faible du PRDF. Et le schéma régional de développement - prévu par les textes de loi et auquel doit s’atteler la Région - aurait dû précéder le PRDF est à venir. Mais il ne saurait se suffire à lui seul.
C’est un véritable projet pour La Réunion auquel il conviendrait de s’atteler de toute urgence. D’abord pour faire que ce PRDF ne reste pas un catalogue de bonnes intentions, qu’on ne se limite pas seulement à la seule formation des personnes, mais que cela débouche sur du concret permettant à ceux qui ont été formés et qui ont acquis des compétences de les mettre en œuvre. Dans leur intérêt - durablement dans leur intérêt - mais aussi dans l’intérêt général.

L’affaire de toutes les forces vives

Et sur ce plan, eu égard à la situation que connaît La Réunion aujourd’hui, cela ne peut être l’affaire de la seule collectivité régionale ou de telle autre en particulier. C’est bien l’affaire de tout ce que La Réunion compte de forces vives ; des collectivités aux organisations et associations, sans oublier les individus eux-mêmes.
Il ne faut pas sur ce plan attendre de tel ou tel autre - collectivité ou autre - mais au contraire s’engager dans cette voie. Et, au fond, plutôt qu’un seul projet - que l’on attendrait de l’autre -, il est préférable qu’il y en ait dix, vingt ou plus encore qui pourront être mis en confrontation et desquels sortira, après discussions, débats, mises en commun et enrichissements, celui qui pourra le mieux correspondre aux besoins de la situation. Et qui forcément, comme toute chose, devra, au fur et à mesure, être réajusté.
Le succès de tout plan de développement des formations en dépend.
Tel est aujourd’hui l’enjeu.

Isménie


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