Augmentation de 50 euros

L’union des TPE et PME contre l’accord salarial du COSPAR-MEDEF

28 juillet 2009, par Edith Poulbassia

Une vingtaine de syndicats patronaux ont rejoint la CGPME pour s’opposer à l’extension de l’accord interprofessionnel du COSPAR-MEDEF.
Les syndicats demandent l’intervention du Premier ministre afin d’ouvrir dès cette semaine les négociations pour établir un nouvel accord plus « équilibré » et décider de mesures d’accompagnement des entreprises.

La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) a réussi à regrouper en une plateforme 22 syndicats ou organisations patronales opposés à l’extension immédiate de l’accord régional interprofessionnel du 25 mai 2009. Celui-ci, signé par le MEDEF et cinq syndicats de salariés, prévoit l’attribution d’un bonus exceptionnel mensuel de 50 à 60 euros pendant 3 ans pour les salaires inférieurs à 2,16 SMIC.
L’accord devrait être étendu par décret cette semaine et concerner ainsi près de 40.000 entreprises, 100.000 salariés. Malgré le recours déposé par la CGPME nationale, le soutien de l’UPA (Union professionnelle artisanale) et de l’UNAPL (Union nationale des professions libérales), la sous-commission nationale, a donné jeudi dernier un avis favorable à l’extension de l’accord signé à La Réunion entre le MEDEF et les syndicats de salariés.
Les 23 syndicats patronaux réunis hier ont donc demandé au Premier ministre, dans un courrier commun, d’empêcher l’extension immédiate de l’accord interprofessionnel. Ultime solution pour les TPE/PME, à moins de porter le conflit sur le terrain juridique.
Les syndicats demandent par conséquent à l’État d’ouvrir dès cette semaine les négociations pour établir un nouvel accord plus « équilibré » et décider de mesures d’accompagnement des entreprises. Le bonus exceptionnel de 50 euros pourrait être remplacé par un contrat d’intéressement ou encore déduit des charges sociales.

« Un accord imposé »

Ils ont ainsi exprimé au chef du gouvernement « l’incompréhension de la grande majorité des entreprises face au manque d’écoute et à la volonté d’imposer un accord ». La CGPME et les 22 syndicats affirment représenter 90% des TPE/PME réunionnaises. À part la CGPME, qui a quitté la table des négociations, aucun des syndicats n’a été consulté pour établir l’accord interprofessionnel.
Certains, comme Ibrahim Patel de la Fédaction, n’ont d’ailleurs pas hésité à pointer du doigt l’« irresponsabilité » du MEDEF : « Son président a signé cet accord alors que les entreprises licencient. Le 28 mai, le MEDEF a même transmis la demande d’extension à la place du COSPAR. Est-il du côté du patronat, des salariés ? ». D’autres, comme Camille Mourgama de la GNCR, n’ont pas hésité à évoquer les 18 millions d’euros de prêt au Groupe Caillé, alors que nombre de petites entreprises n’obtiennent pas d’aide.

L’inquiétude des entreprises

Dans le contexte de crise économique, les syndicats représentant les TPE/PME estiment que cet accord est « inéquitable ». À l’heure où les petites entreprises n’arrivent plus à payer leurs charges, où certaines mettent la clé sous la porte et licencient en raison du manque d’activité, les TPE/PME affirment leur incapacité à augmenter les salaires, alors qu’une hausse du SMIC a déjà eu lieu. « Nous sommes conscients de l’urgence sociale à La Réunion et nous sommes pour l’amélioration du pouvoir d’achat, mais elle ne doit pas se faire sur le dos des TPE/PME avec la concurrence déloyale des grandes entreprises », souligne Dominique Vienne, vice-président de la CGPME.

Edith Poulbassia


Momon Papa Lé Là soutient les TPE/PME

« Larg pa le bout kar nou la bezwin d’zot »

« Nous avons besoin des chefs d’entreprises pour créer de l’emploi, sortir de l’assistanat », a déclaré Patrick Savatier pour justifier sa présence auprès des TPE/PME. « Aujourd’hui, les pauvres, ce n’est plus que les minima sociaux, ce sont aussi des salariés, des chefs d’entreprises et petits artisans qui viennent demander discrètement un colis alimentaire », a-t-il ajouté. Pour Patrick Savatier, l’État cède aujourd’hui 50 euros pour acheter la paix sociale, sans tenir compte des conséquences pour la survie des entreprises, et donc pour l’emploi.

E.P.


22 syndicats autour de la CGPME

AVECA, CDAMS, CSAAR, CSADR, FDSEA, FEDACTION, FFP, FNTI, FNTR, FNTV, FTR, GNCR, IPR/LOFER, ORPME, SATR, SRESS, SRTP, UFA, UNOSTRA, UPA, UTI, VTR.

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