Pour le maintien du RSTA

L’urgence de la table ronde

29 juillet 2013, par Céline Tabou

Hier, une forte délégation du PCR est venue apporter son soutien à la mobilisation lancée par Samuel. A cette occasion, les secrétaires généraux Yvan Dejean et Maurice Gironcel ont rappelé les actions menées et « la nécessité de mettre en place une table ronde ».

Hier matin, peu après 9 heures, la délégation du PCR arrive sur la place du Barachois.
(photos Toniox)

Depuis 2012, le PCR, par la voix de son sénateur Paul Vergès, avait interpellé les autorités à la suite de la Conférence économique et sociale de novembre 2012 pour la prolongation du bonus COSPAR et du Revenu de Solidarité Temporaire d’Activité (RSTA). Par la suite, une campagne de pétition a été lancée pour demander le maintien de cette aide aux travailleurs les plus pauvres. Une pétition qui a recueilli près de 4.000 signatures et a amené le gouvernement a repoussé de six mois le RSTA. Dans le prolongement de ces actions, une forte délégation du PCR était présente hier matin au Barachois.

Maurice Gironcel salue Samuel Mouen.

Dans la matinée, près d’un millier de personnes étaient présentes ce dimanche, venant tous les bords politiques de droite comme de gauche, hormis le Parti socialiste (PS), le Progrès et le parti Pour La Réunion (PLR), une absence remarquée et contestée par les manifestants présents. Parmi la foule était également réunis des associatifs tels que Gilles Leperlier (AJFER-Nou Lé Kapab), Jean-Hugues Ratenon (Rezistans), Ary Gustave (La Réunion debout), Jean-Alain Cadet (Coop’Solidaire) et les membres du Kolectif pour la défense des intérêts réunionnais (KDI), ainsi que ceux du Mouvement Citoyen Populaire Réunionnais (MCPR).

Un parterre de politique sauf le PS

Quelques heures après la venue du Parti communiste réunionnais, Nassimah Dindar du Modem, ainsi que Michel Lagourgue (UDI), Ibrahim Dindar (Droite sociale), Michel Fontaine et Daniel Gonthier (UMP), Bachil Valy (DVD), Béatrice Leperlier (Alliance), Gino Ponin Ballom (RRR), entre autres. Au cours de la journée, un espace a été aménagé pour permettre à tout à chacun de s’exprimer et notamment d’exposer ses propositions, comme l’ont fait Thierry Robert, Paulet Payet (UMP), Magareth Murcy (Velocaré), Jean-Bernard Caroupaye (FNTR) à la tribune tout au long de la journée.

Parmi les absents, un tract a été distribué dénonçant le départ du maire de Saint-Denis, Gilbert Annette, de l’île. De son côté, Thierry Robert a pointé du doigt dans les médias le silence de la députée-maire Huguette Bello, ainsi que ses députés socialistes, dont l’absence a également été dénoncée par Jean-Hugues Ratenon lors de son intervention en fin de journée.

La veille, l’intersyndicale, qui avait organisé une assemblée générale à la salle polyvalente de la Mairie de Saint-Denis, avait annoncé son absence de cette mobilisation. Les syndicalistes ont débattu sur le RSTA et indiqué que des actions seraient menées.

Une journée de mobilisation

Ces absences ont été remarquées, notamment par Gladis, présente depuis une semaine aux côtés des grévistes de la faim : « Aujourd’hui, il faut que les Réunionnais ouvrent leurs yeux, on est mangé par des requins, il faut sortir du fé noir. Rien n’avance, et ce qui avance, c’est pour ces gros requins. Lurel et les autres ne pensent pas à nous, ils se moquent de nous, sinon ils seraient présents. Ils sont là pour se mettre dans la poche, ils ne peuvent rien. Voter pour moi, voter pour moi, mais après, ils ne te connaissent plus ».

Grande mobilisation hier place du Barachois.

Dans la journée, un meeting a été organisé, aux alentours de 15h, devant plusieurs centaines de personnes venues écouter le discours de Samuel Mouen et des différents représentants d’organisation (voir encadrés). Parmi eux, Thierry Robert et Jean-Hugues Ratenon ont annoncé leur intention de camper devant la Préfecture, « lieu de décision à La Réunion », tandis que d’autres, dont Gilles Leperlier, ont appelé à « la mise en place d’une table ronde avec l’ensemble des acteurs pour trouver une alternative au RSTA ». Le meeting a pris fin, vers 17h, avec le discours de Samuel Mouen, qui a déploré l’absence des Réunionnais : « La Réunion n’est pas là », indiquant qu’il déciderait de la suite à donner à sa grève de la faim.

Céline Tabou

Paul Vergès rencontre Samuel Mouen

Samedi matin, Paul Vergès était de retour d’une mission en France. Dès qu’il est sorti de l’aéroport, sa première action a été de rencontrer Samuel Mouen.

Rappelons qu’avant que le gouvernement ne décide de remettre en cause cet acquis, Paul Vergès a été le seul parlementaire réunionnais à se mobiliser pour que le RSTA et la prime COSPAR puissent être maintenus, en attendant des solutions pérennes. Le sénateur a déposé deux propositions de loi allant dans ce sens sous le gouvernement précédent et l’actuel.
Maurice Gironcel : « Le combat n’est pas facile, mais il concerne tous les Réunionnais »



Maurice Gironcel a expliqué que « le PCR est présent pour rappeler le combat qui a été mené pour le RSTA, qui a été posé par notre sénateur Paul Vergès depuis de nombreux mois. On a obtenu suite à son intervention la poursuite du COSPAR, et même du RSTA ».

Ce dernier a rappelé la proposition faite par le PCR de mettre en place une table ronde « pour parler du RSTA, de la politique des revenus et des salaires. On ne peut pas se contenter du RSTA, les inégalités criantes s’aggravent de jour en jour. On pense que tout le monde doit se réunir autour de la table pour débattre de la situation sociale, du développement du pays ou encore de l’emploi ». Pour Maurice Gironcel, « le combat n’est pas facile, mais il concerne tous les Réunionnais ».

Yvan Dejean : « Il est tard, mais il y a toujours le temps »



Après avoir salué Samuel Mouen, Yvan Dejean, secrétaire général du PCR, a expliqué que malgré la faiblesse de l’homme, « on salue la personne et le combat qu’il mène, avec Philippe Regnier. J’ai pu voir dans son regard de l’émotion et de la détermination. Nous sommes venus aujourd’hui pour dire aux représentants de l’État que s’ils avaient mis en place cette table ronde qu’on relance depuis plus d’un mois, on ne serait pas arrivé à cette situation ».

Pour ce dernier, « il est tard, mais il y a toujours le temps. Plus que jamais, on vient réclamer qu’une concertation large se fasse avec le patronat, les syndicats, les partis politiques et les associations, pour que les travailleurs les plus pauvres ne perdent pas leur pouvoir d’achat ».

Gilles Leperlier : « C’est ensemble, en se rassemblant sur l’essentiel, qu’on va faire avancer notre pays »



« Je vous remercie d’être là aujourd’hui, c’est la preuve que malgré nos différences, nos divergences, quand il faut se rassembler sur l’essentiel, c’est l’essentiel qui compte. Ce qui compte aujourd’hui, ce sont les 40.000 personnes de La Réunion qui ont perdu 100 euros par mois. Ce n’est pas rien, c’est un budget alimentation. Je salue le combat de Samuel Mouen, mais il a fallu que cette personne mette sa vie en danger pour que le gouvernement commence à ouvrir les yeux. Le message que vous nous avez fait passer est que nou lé kapab si on prend notre destin en main. Il y a d’autres batailles, comme l’emploi, le pouvoir d’achat, il y a un tas de combats que l’on peut mener. C’est ensemble, en se rassemblant sur l’essentiel, qu’on va faire avancer notre pays ».

Eric Parlier : « Nous pensons que pour sortir de cette crise, il faut la table ronde »



« Nous sommes présents aujourd’hui, car c’est la continuité de notre combat contre la vie chère. Samuel Mouen est sur la base de notre plate forme d’exigences réunionnaises. C’était un des points précis qui a été également porté auprès du Ministère de l’Outre-mer, où nos 12.000 signatures ont été déposées auprès du Directeur de cabinet de Victorin Lurel. On contacte le rassemblement de la population autour des problèmes, on a d’ailleurs appelé tous les Réunionnais, et c’est dommage qu’il y ait certains absents alors que la population les a élus pour être défendue. Nous pensons que pour sortir de cette crise, il faut la table ronde ».

Samuel Mouen : « Je ne mangerai pas ce soir »



« Je pensais que la population serait ici, que tous les élus aussi, mais je suis obligé de constater que je me suis trompé. Je pensais que les hommes et les femmes de ce pays voulaient être respectés. Je me suis trompé. Je reconnais mes lacunes et mes défauts, encore une fois, je vous demande pardon. La marche pour la révolution citoyenne commence maintenant parce que ce n’est plus à moi de faire, mais à vous. Je prendrais ma décision personnelle demain matin (lundi, NDLR). J’ai entendu monsieur le député, monsieur le maire, monsieur le préfet, mais je ne dirais pas que j’ai entendu monsieur le ministre, le Premier ministre, ni le président. J’attends de voir, mais je n’ai plus aucune confiance au gouvernement en place. Si je sors de cette grève de la faim, je le dirais demain, mais je ne mangerai pas ce soir ».

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