Manifestation du 24 juin contre la réforme des retraites

La balle est dans le camp de la population

22 juin 2010, par Edith Poulbassia

Deux manifestations sont programmées ce jeudi 24 juin. L’une à Saint-Denis au départ du Petit Marché à 9 heures, l’autre à Saint-Pierre devant la mairie vers 9h30. L’intersyndicale a déposé un prévis de grève pour tous les secteurs d’activités.

L’heure n’est plus à l’argumentation, mais à la mobilisation. Les syndicats de salariés estiment avoir fait leur travail d’explication, même si le sujet des retraites s’avère être complexe. Le gouvernement n’a pas tenu compte des points de vue syndicaux, et le calendrier de la réforme est déjà bien entamé.

Eric Woerth, ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique, a annoncé le 16 juin dernier la teneur de cette réforme : âge légal de départ à la retraite porté à 62 ans en 2018, 41,5 ans de cotisation en 2020, alignement du secteur public sur le privé... Le projet de loi devrait être adopté en Conseil des ministres le 13 juillet, puis examiné à partir de septembre par l’Assemblée nationale et le Sénat.
Pourtant, selon un récent sondage TNS Sofres, deux Français sur trois jugent ce projet de réforme injuste. L’intersyndicale CFTC-CGTR-UIR-CFDT-UNSA-FSU-Solidaires et Saiper appellent donc les salariés, les jeunes, la population à faire reculer le gouvernement en manifestant ce jeudi 24 juin. (Voir aussi les appels en page 11).

Un préavis de grève a été déposé à la Préfecture pour l’ensemble des secteurs d’activités. Les syndicats reconnaissent que le problème du chômage massif à La Réunion, allié à un tissu économique composé de petites entreprises, n’aide pas à la mobilisation.
Mais ils s’attendent à deux « bonnes manifestations » ce jeudi. A Saint-Denis, le rendez-vous est fixé au Petit Marché à 9 heures, direction la Préfecture. A Saint-Pierre, la manifestation partira de la place de la mairie à 9h30 vers le front de mer. Les syndicats n’excluent pas de « monter en puissance » jusqu’en septembre pour faire barrage à la réforme.

« Un recul de société »

La manifestation du 24 juin consiste à dénoncer le report de l’âge légal à la retraite à 62 ans, à poser la question de la pénibilité et celle du niveau des pensions. « La réforme, à notre avis, sera à refaire d’ici 5 à 7 ans », estime Armand Hoareau, secrétaire général de l’UNSA Réunion.

Pour Jean-Pierre Rivière, de l’UIR-CFDT, « la réforme est profondément injuste car elle fait payer aux salariés l’impact de la crise sur les retraites », sans pour autant résoudre le problème du déficit.

Pour Marie-Hélène Dor, de la FSU, cette réforme est, de plus, « brutale et dangereuse ». Elle dégrade l’accès des femmes à un niveau de retraite correct (notamment les mères de 3 enfants qui pouvaient prétendre à une retraite anticipée dans la fonction publique) et ne prend pas en compte la durée des études pour les jeunes.

Pour Paul Junot, CFTC, l’approche comptable du gouvernement est faussée. Citant le Conseil d’Orientation des Retraites, il avance qu’en 2050, le déficit sera encore de 23 milliards d’euros pour financer les retraites malgré la réforme. De plus, le gouvernement ne tient pas compte des « spécificités » comme l’espérance de vie moindre à La Réunion, ou encore le fort taux de chômage des jeunes. « Quel budget pour le RMI ou le chômage des jeunes ?, interroge-t-il. Le gouvernement a tout faux dans son projet de réforme ».

Pour Ivan Hoareau, de la CGTR, le gouvernement mène une « politique de recul social, de recul de société, et la bataille des retraites est au cœur de tout ça ». La question est de savoir quelle part du PIB la société veut réserver aux retraités et comment redonner confiance aux jeunes concernant le système par répartition. Ivan Hoareau rappelle que la création d’emplois est indissociable des retraites. Or, la crise a fait perdre 800.000 emplois en France.

Pascal Valiamin, du syndicat Solidaires, affirme que l’espérance de vie en bonne santé n’est que de 63 ans et dénonce « l’imposture » quant à la participation des hauts revenus au financement des retraites. « Avec l’effet du bouclier fiscal, on prendra d’un côté pour rendre de l’autre ».

Enfin, pour Cécile Chèze, du Saiper, la réforme ne tient pas compte de la « pyramide démographique inversée » à La Réunion et va avoir pour effet de reculer l’insertion des jeunes dans l’économie de l’île.

EP


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus