L’intersyndicale critique les 15 propositions pour le pouvoir d’achat

La ’baudruche’ de Jégo se dégonfle déjà

23 juillet 2008, par Edith Poulbassia

L’intersyndicale ne croit pas une seule seconde aux solutions d’Yves Jégo pour l’amélioration du pouvoir d’achat. Elles ne contiennent rien de neuf, rien d’efficace à court terme et renvoient le problème à la saint glinglin. Pire encore, ces propositions seraient le coup de grâce porté à l’Observatoire des prix et... des revenus, mettant fin à la possibilité d’aborder les questions qui fâchent.

(photo EP)

Que celui qui croit que les propositions de l’Observatoire des prix redonneront du pouvoir d’achat aux Réunionnais lève la main... A ce jeu, aucun des membres de l’intersyndicale ne se risquerait. Pas convaincu pour un sou de l’efficacité à court terme (et à long terme ?) des "15 propositions de Jégo", l’intersyndicale a justifié hier sa position. Il fustige aussi bien le fond que la forme choisie pour traiter l’épineux problème du pouvoir d’achat.

Evacuée, la question des revenus

Ces propositions ne sont pas celles de l’Observatoire des prix, des acteurs locaux comme veut le faire croire Yves Jégo. « Elles ont fait l’objet d’un tri entre les 24 propositions par la préfecture et le ministère », rappelle Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR. « Une méthode anti-républicaine », puisqu’elle fait l’économie d’une validation par les parlementaires ajoute Armand Hoarau, secrétaire général de l’UNSA. La dernière visite d’Yves Jégo annonce pour Jean-Claude Bénard (Solidaires) la mort certaine de l’Observatoire des prix et des revenus. « On a mis en place un gadget, le gouvernement tire les ficelles, et prend un certain nombre de mesurettes ». L’intersyndicale ne voit pas en quoi l’OPR a pu servir à définir ces propositions pour le pouvoir d’achat. « Le ministre a mis la charrue avant les boeufs », soutient Ivan Hoareau. Aucune photographie préalable de la formation des prix, aucune étude sur la "question taboue des salaires", aucune étude sur les marges bénéficiaires de la grande distribution... Maintenant que les décisions pour le pouvoir d’achat sont prises, il n’y aura semble t-il pas de "second round" de l’OPR sur ces sujets sensibles.

Un peu de loi-programme, un peu de Gerri

Il est évident pour l’intersyndicale que « la baudruche se dégonfle déjà ». Les propositions d’Yves Jégo, « les gens n’y croient pas. Ca fait très communicatif, mais il n’y a rien de très concret », affirme Ivan Hoareau. Rien de neuf en effet dans ces propositions. L’augmentation de l’allocation logement est comprise dans la loi-programme, la construction d’un nouveau terminal céréalier aussi, la suppression de l’Octroi de mer est définie par Gerri. Concernant la facturation à la seconde des communications, « pourquoi a t-on attendu l’OPR pour prendre ces mesures », interroge Ivan Hoareau.
La majorité des mesures sont loin d’être applicables à court terme, comme celle qui consiste à faire évoluer l’agriculture réunionnaise. Sur ce point, Jean-Pierre Rivière de la CFDT est dubitatif. « Les exploitations sont plutôt de petites tailles, elles font vivrent quelques familles. Va t-on intensifier les cultures, faire du hors sol ? ». « On reste au stade de déclaration d’intention ou d’étude de faisabilité », estime Ivan Hoareau.

Aucun impact sur le pouvoir d’achat

Sur la charte pour faire baisser les prix des produits de première nécessité, à signer le 29 août avec la grande distribution, l’intersyndicale est là aussi incrédule. « Une charte pour faire baisser les prix des articles. Il a fallu attendre que Jégo prenne l’avion pour le faire », constate Jean-Pierre Rivière. « Pourquoi la grande distribution n’a t-elle pas pris l’initiative ? J’en déduis deux choses. Les marges bénéficiaires sont conséquentes et on s’en est mis plein les poches grâce aux produits de première nécessité. La baisse sera compensée par l’augmentation des prix sur d’autres produits ». Comme pour la baisse de la TVA, la baisse du prix du foncier, la répercussion des gains de productivité des investissements publics sur les prix, la suppression de l’octroi de mer sur la vente de véhicules hybrides ou encore la vente par correspondance, c’est le plus "grand flou" qui règne. "Les intentions sont bonnes", mais quand vont-elles être appliquées ? Et qui va payer ? L’octroi de mer, par exemple, assure le budget des communes. Au final, il semble bien qu’il reviendra « aux Réunionnais de payer l’augmentation de leur pouvoir d’achat » alors que le "flou financier" demeure sur la part d’investissement de l’Etat dans ces mesures. Tout ceci savamment orchestré d’après les syndicats. « On assiste à une instrumentalisation de l’OPR », insiste Ivan Hoareau, « on fait croire aux gens que ce sont les acteurs locaux qui décident, et que la contradiction est chez nous ».

Edith Poulbassia

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